XXII, spécialiste français de la vision par ordinateur, préfère partir aux Etats-Unis

William Eldin, fondateur de XXII spécialiste de la vision par ordinateur, 1 avril
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William Eldin, fondateur de XXII spécialiste de la vision par ordinateur, annonce qu’il part aux Etats-Unis afin de faire réellement décoller son entreprise, car les périmètres français et européens présentent trop de contraintes et ne permettent pas de financer son essor. Il a pris la  parole à l’occasion de l’événement Tech For Future de notre confrère La Tribune, le 1er avril, Porte de Versailles à Paris.  

Analyse d’images et de vidéos en temps réel

XXII travaille dans la vision par ordinateur, son expertise concerne les algorithmes capables d’analyser des pixels, donc des images ou des vidéos en temps réel. L’entreprise travaille avec la police, pour des logiciels d’enquête vidéo, avec les villes, etc. Ce sont des outils temps réel qui sont utiles pour résoudre des enquêtes et retrouver des objets ou des personnes. XXII œuvre également sur tout ce qui est logistique et transport.

On est un peu comme le Google Analytics du monde physique. C’est-à-dire combien de personnes sont entrées, quelle est la typologie des personnes”

L’entreprise travaille ainsi pour le transporteur maritime CMA CGM, afin de présenter en temps réel ce qui se passe sur les ports. De même, la société intervient pour la SNCF ou pour Aéroport de Paris où il mesure que le carburant arrive bien à l’heure devant l’avion. « Ce sont des cas d’usage très opérationnels. Et dernièrement, nous avons ouvert le retail. C’est notre plus grosse explosion. On est un peu comme le Google Analytics du monde physique. C’est-à-dire combien de personnes sont entrées, quelle est la typologie des personnes, ils vont où, ils touchent quel produit, tiens, lui, il est devant tel produit, il veut acheter et il n’y a personne pour le renseigner. Donc, appelle le vendeur pour aller le renseigner » décrit le dirigeant.

Reste que XXII se heurte rapidement aux murs quand la société souhaite grandir dans l’hexagone ou en Europe. Les marchés de type gouvernemental ne permettent pas de se développer à grande échelle. Ils ne sont pas « scalables ».  « J’ai essayé de le vendre à l’étranger quand on a fait une solution pour le ministère de l’Intérieur, toute conçue pour la France, du coup c’est très difficile à exporter. C’est le premier frein » déplore William Eldin.

Les gros acteurs de l’industrie mettent du temps à bouger

Deuxième domaine, il s’agit de tout ce qui concerne le transport et la logistique. Le secteur met du temps cependant à bouger, même si le dirigeant estime que ses solutions seront un actif important des services informatiques à long terme pour tous ces gros acteurs de l’industrie, mais ces entreprises mettent du temps à bouger. « Moi, je n’ai pas le temps. Donc, il ne faut pas tuer la verticale, mais il faut essayer de la laisser se développer à son propre rythme » estime-t-il.

Il n’y a plus assez de vélocité, de culture du risque à l’investissement sur une nouvelle solution pour que cela nourrisse son développement

Enfin, il y a la verticale du retail en fort développement en ce moment, où par exemple on trouve un leader mondial comme Decathlon, mais il n’y a pas des milliers d’acteurs de ce type. Résultat, après voir fait des POC (Proof of Concept), des pilotes, avoir trouvé 10% du CAC 40 et des petites entreprises qui sont en dessous, il n’y a plus assez de vélocité, de culture du risque à l’investissement sur une nouvelle solution pour que cela nourrisse son développement.

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« Du coup, au lieu de se plaindre et d’attendre et de transformer ma boite dans une super PME, Je me remets hors du cadre pour aller aux Etats-Unis, piloté par des clients car je ne suis pas fou, on travaille pour McDonald’s et pour Burger King, donc ils vont m’amener là-bas » annonce le dirigeant. « Le plafond de verre en France, pour ma technologie, j’ai l’impression que c’est 5 ou 10 millions d’euros d’ARR (Annual Recurring Revenue ou revenus annuels récurrents). En gros, on en est là et on n’arrive pas à booster plus avec le CAC 40 » établit-il.

TotalEnergies entend conserver les technologies critiques en interne

Pire, il constate qu’il est sous contrainte sur la criticité de ses solutions techniques. De grandes entreprises veulent rester maîtresses de leur destin dans ce domaine. « Je sors d’une réunion la semaine dernière où j’étais chez Total, une réunion organisée par Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, où la conclusion, est tout ce qui est le cœur de l’expertise de la vision par ordinateur reste chez TotalEnergies” rapporte-t-il.

Je me rends compte que même avec nos entreprises du CAC 40, il y a un manque de vouloir partager le cœur du gâteau”

Et tout ce qui est généraliste, soit je retombe dans la sécurité, c’est-à-dire la périmétrie, détecter des gens autour des usines, mais ce n’est pas quelque chose de très pérenne. Donc, je me rends compte que même avec nos entreprises du CAC 40, soit il y a un manque de vouloir partager le cœur du gâteau, soit à côté de ça, c’est tellement siloté qu’on ne peut pas à adresser finalement un gros groupe en général. Il faut à chaque fois, adresser chaque service, chaque métier, etc » déplore-t-il.

Dès lors, au lieu de se plaindre, il déclare qu’il préfère déborder et partir vite là où un marché accélère.
Au passage, il souligne que sa technologie qui est en train d’émerger, n’a toujours pas de loi. Elle était assujettie à la loi des Jeux Olympiques 2024 qui s’est achevée désormais.

Une proposition de loi par cas d’usage de la vision par ordinateur

Cette loi s’est transformée en loi des transports où on a le droit de continuer à faire du comptage de la détection dans les lieux publics, présente-t-il. « Et après, je vois passer à côté de ça des propositions de loi sur des cas d’usage, vision, détection du vol, je ne sais pas si vous connaissez dans les magasins, il y a une loi qui est en train de se poser. Donc, si OpenAI devait déposer une loi par cas d’usage, ils abandonneraient la France et ils iraient ailleurs. Donc, je ne comprends pas pourquoi notre technologie est si sulfureuse et tant freinée » conclut-il.

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