Le salon Vivatech associe définitivement écosystème du numérique et innovation, le tout dans un grand brassage des gens et des idées durant 3 jours du 16 au 18 mai. Qu’il s’agisse de startups, de grands groupes ou de politiques, c’est l’endroit où il faut être vu et il où y a beaucoup à voir. Cette année, une partie du hall 2 du parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, a même été annexée afin d’accueillir davantage de sociétés et un public toujours plus nombreux.
Un nombre de startups qui dépasse l’entendement
Les organisateurs communiquent sur un nombre de startups qui dépasse l’entendement : 13 000 ! A vue de nez, il semble qu’il fallait enlever le « 1 » devant pour aboutir à 3 000 avec des startups disposant de petits stands de moins de 1 m2 souvent hébergés par des grands groupes, des pays ou des régions. En fait, les organisateurs communiquent plutôt sur le nombre de startups présentes globalement, dont celles aussi qui n’ont pas de stand mais qui étaient présentes pour visiter, pitcher et trouver des partenaires.
Une vingtaine de pays étaient présents au travers de pavillons spécifiques comme la Chine, la Corée du Sud ou de nombreux pays d’Afrique. Le Rwanda était le plus impressionnant d’entre eux. Ce pays est en passe de réussir sa transformation digitale et de devenir un hub pour l’Afrique en matière de formation, connectivité, croissance, avec des vols vers et depuis Kigali, via la future Kigali Innovation City.
L’Afrique avec des solutions comme CinetPay en Côte d’Ivoire pour le paiement et le transfert d’argent, Drone Africa Service au Niger, Sahitna pour améliorer la qualité des soins au Tchad était présente dans le cadre de la francophonie numérique. Mais on trouvait aussi le Royaume-Uni, cette nation a compris au début du millénaire l’avantage concurrentiel du numérique. Egalement présente, l’Italie du Sud veut montrer qu’elle est en phase de rattrapage.
Israël, la vraie startup nation
On trouve également l’Allemagne et la Suisse certes moins disruptive que l’année précédente mais toujours innovante, et enfin Israël, la vraie « startup nation » avec non loin de là les frères Dan qui y organisent des « Learning expeditions ». Le stand du Québec quant à lui était là pour tenter d’attirer des talents français sachant que Montréal est un fief du jeu vidéo avec comme fer de lance Ubisoft qui emploie 3 500 personnes là-bas.
La French Fab est représentée, pour sa part avec de nombreuses startups en région via le label French Tech avec par exemple Grand Est et la solution de paiement EasyTransac, Hauts de France avec le dynamique EuraTechnologies, l’Ile de France et son large écosystème, Auvergne-Rhône-Alpes, Région Sud, etc. Les laboratoires de recherche du CNRS et de l’INRIA, de nombreux accélérateurs, des grandes écoles dont Polytechnique et des pôles comme Paris Saclay ou encore Bpifrance sont également de la partie.
Dans le haut de gamme des intervenants, c’est surtout le charismatique Jack Ma, le CEO et fondateur d’Alibaba – qui va bientôt quitter ses fonctions -, qui s’est fait remarquer tant par ses mimiques que par des phrases choc comme « j’ai toujours travaillé à trouver des gens meilleurs que moi et à les aider à exprimer leur talent », le propre d’un manager 2.0, « la différence entre les hommes et l’intelligence artificielle, c’est que nous pouvons rêver. C’est le seul moyen d’exister » ou « personne n’est expert du futur. Les humains sont des experts du passé » ou bien encore, « nous ne devons pas causer des problèmes à tout le monde à cause de problèmes particuliers » et enfin, « je conseille aux gouvernements d’embrasser le futur. »Au gré des allées, le visiteur croise des robots comme ANYmal ou des « Pepper like » avec lesquels il peut interagir.
Au passage on reconnaît le robot Winswheel développé par Twinswheel afin de suivre une personne tout en portant ses paquets. Il est testé actuellement par l’enseigne Franprix à Paris.
Par ailleurs, on retrouve comme l’année dernière les stands des grandes entreprises, la RATP, Accor, Air Liquide, Sanofi, Sodexo, Valeo, BNP Paribas et ses fintech, Atos, SNCF et aussi des acteurs technologiques comme AWS (Amazon Web Services), Alibaba, Huawei, Cisco, SAP, IBM et Intel.
Côté automobile, Renault et Citroën présentent leurs véhicules électriques et même autonome avec un partenariat Renault-La Poste autour de l’utilitaire électrique EZ-Flex.
La Poste était présente cette année avec un stand plus aéré et les lancements de Platform58 – afin d’incuber les startups de la banque – et Ma French Bank qui arrive dans 2 000 bureaux de Poste en juillet pour concurrencer Orange Bank. LVMH ou L’Oréal montraient comment le digital sert à améliorer leur offre et l’expérience utilisateur.
Les géants du numérique ont répondu présents avec Microsoft, Facebook, Google, Amazon, HPE, Saleforce, Samsung, Huawei sur fond de 5G promis à un bel avenir. Google misait sur la gamification avec des ateliers de formation.
Les femmes étaient à l’honneur avec la Girl Power Conference. La féminisation du numérique progresse mais davantage dans le domaine des applications. On relève la présence de Ginni Rometty PDG d’IBM, Susan Wojcicki PDG de YouTube ou encore de Gwynne Shotwell, Présidente de SpaceX. Sans compter Fidji Simo, une française qui chapeaute l’application Facebook au sein du groupe du même nom.
Les tendances vont un peu tous azimuts avec par exemple le marketing comportemental avec analyse du visage et reconnaissance visuelle.
On retrouve l’illustration de cette reconnaissance du visage sur le stand de Facebook où l’on peut essayer des lunettes. Une expérience du même type est proposée chez LVMH.
Les usages de la blockchain se développent avec des startups à la clé, et des poids lourds avec la nouvelle offre baptisée Archipels présentée sur le stand de la Poste, qui associe également EDF, Engie et la Caisse de dépôts afin de lutter contre la fraude et valider l’identité et les informations personnelles d’un client, le processus baptisé KYC (Know Your Customer). La même problématique, lourde et coûteuse pour une banque, est évoquée sur le stand de KPMG, avec la Société Générale qui fait appel pour sa part à R3, le consortium qui utilise la technologie de blockchain Corba.
Sur le salon, on trouve une pincée de drones, la progression de l’Open Source, la réalité virtuelle avec des applications opérationnelles et non plus exploratoires, et une présence soutenue des Fintechs.
Lors de cette édition, on retient quelques annonces. Qwant noue un partenariat avec Microsoft. La firme de Redmond est de plus en plus présente dans l’Open Source avec une logique opportuniste comme en témoigne le rachat de GitHub. Qwant pour sa part cherche à glaner des parts de marché face à Google. Le partenariat concerne également le Cloud Azure de Microsoft.Sur le stand de HPE (Hewlett Packard Enterprise), on relève la démonstration de l’exploitation des données de simulation en Formule 1 et un casque de réalité augmentée déjà vendu à plusieurs entreprises. La solution est proposée en mode SaaS avec un client léger facile à installer. Cela permet l’expertise à distance par casque avec des échanges entre plusieurs experts et 1 opérateur. L’avantage réside dans son faible coût. HPE prépare par ailleurs un système de refroidissement par liquide d’un serveur.
Résoudre absolument la question de la pollution par les plastiques
A l’occasion de Vivatech 2019, on retient plusieurs startups et associations clés. Plastic Odyssey, hébergé sur le stand de l’assureur Matmut, et dirigé par Simon Bernard, ingénieur de la marine marchande, a pour but de trouver des solutions pour que le plastique ne se retrouve pas dans l’océan. En effet, 19 tonnes de plastique sont déversées chaque minute dans les océans avec les microparticules qui contaminent les poissons que l’homme consomme. Simon Bernard insiste sur l’importance du facteur humain dans l’adoption d’une technologie et sur le besoin de faire connaître les technologies là où on en a besoin.
Une des solutions consiste à transformer les déchets en ressources sur un bateau équipé en conséquence et effectuant des escales. Le cycle du recyclage du plastique consiste à trier, laver, broyer, transformer. L’objectif avec l’expérience menée par exemple au Burkina Faso (où des déchets plastiques sont transformés en sacs, vêtements) est de résoudre la pollution et la pauvreté. Des « Low tech », des technologies frugales, en Open Source pour les machines développées permettent d’accélérer l’innovation. L’outil pour le tri des plastiques (spectromètre à infrarouge) est coûteux. Avec de l’innovation frugale, l’objectif est de le faire passer de 15 000 € à 100 € ! Ceci rejoint la vision de Navi Radjou, expert de l’innovation frugale. En dernier ressort, quand on ne peut plus rien faire avec le plastique, la pyrolyse permet de produire de l’énergie.Autre cas, SkyVisor est une petite start-up mais avec déjà une vision. Elle se positionne sur l’inspection et la maintenance par drone des éoliennes. Les résultats sont meilleurs que par jumelle ou téléobjectif s’agissant du contrôle. Ce marché représente 7 millions d’euros et il est en forte croissance. En France, le parc devrait passer de 7 000 éoliennes à 22 000 en 2023. Chaque éolienne a une durée de vie de 20 ans, ce qui ouvre des perspectives. Quand à SafeCharge, elle permet la gestion de son identité numérique avec le KYC (Know you customer) pour faciliter l’expérience utilisateur en tentant de concilier sécurité et ergonomie.
Pollen Robotics, pour sa part basé à Bordeaux, développe des solutions mixant l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et la robotique. Ils avaient sur leur stand un « Tic Tac Toe » car une démonstration visuelle assure toujours le buzz. Enfin, Capsix, start-up de Lyon, a développé un robot de massage du dos avec un capteur en 3D de façon à modéliser la personne et de livrer un massage plus efficace sur mesure. Il s’inscrit dans le cadre des programmes de relaxation des cadres des entreprises.
Terminons par Startup for Kids pour les 6 à 15 ans qui prépare des ateliers d’initiation au code et avec le programme Demain commence aujourd’hui, des hackathons, des conférences pour les 12-15 ans et les 16-20 ans sont proposés.
David Fayon
David Fayon, PhD, est responsable du programme d'innovation Time To Test à La Poste qui consiste à réaliser des PoC pour la branche Service-Courrier-Colis de La Poste. Auparavant, il a été consultant en transformation digitale dans la Silicon Valley durant 3 ans. Il publie chez Pearson Transformation digitale 2.0 (https://tinyurl.com/digit20).