Fréquences TNT : Cyril Hanouna perd sa chaîne C8, Cnews garde sa fréquence

Roch-Olivier Maistre, Président de l'Arcom a rendu son verdict, C8 et NRJ12 passent à la trappe

L’Arcom annonce les 15 chaînes présélectionnées qui devraient se voir attribuer une fréquence TNT en 2025. La chaîne C8, où intervient l’animateur Cyril Hanouna et la chaîne NRJ12 dont les audiences sont à la traine perdent leur fréquence d’émission.

Cnews et Cstar conservent leurs fréquences


En revanche, les chaînes Cnews et Cstar devraient conserver leur fréquence TNT. Elles font partie du groupe Canal +, filiale à 100% de Vivendi, groupe du milliardaire Vincent Bolloré. Les multiples sanctions de C8 par l’Arcom ont pesé lourd dans son éviction de la TNT. Cyril Hanouna aura beau s’être confronté chaque jour au défi du direct, cela n’aura pas convaincu l’Arcom.

Il faut dire que son manque de maîtrise et sa maladresse lors d’une émission face au député Louis Boyard qui s’en prenait à son actionnaire, Vincent Bolloré étaient particulièrement décevants. Cet épisode a entrainé une lourde amende de 3,5 millions d’euros de l’Arcom validée par le Conseil d’Etat. On peut toutefois se demander comment réagiraient les animateurs d’autres chaînes face à une attaque politique inattendue et véhémente du propriétaire de leur chaine par un invité à une heure de grande écoute.

Dans le nouveau dispositif conçu par l’Arcom, le groupe TF1 de Martin Bouygues voit ses intérêts mieux préservés. Si Vincent Bolloré conserve son levier d’influence généraliste Cnews, il perd son levier d’influence sur la jeunesse C8 dont les divertissements étaient menés par Cyril Hanouna, là où TF1 conserve TMC et son émission de divertissement phare très politique animée par Yann Barthès tout en disposant toujours de LCI, sa chaîne d’information continue.



Les politiques réagissent, à gauche on se réjouit, au RN on s’insurge

La décision de l’Arcom a d’ailleurs un impact très politique, surtout sur les extrêmes du spectre. Rachida Dati, ministre de la Culture (démissionnaire) n’a pas réagi. A l’inverse, au NFP (Nouveau Front Populaire), proche de la LFI, on a sorti le champagne, Louis Boyard, Alexis Corbière, Clémentine Autain, Sophie Taillé-Polian ou Sandrine Rousseau se félicitent ou se moquent de la disparition de C8, accusé des pires péchés de la terre et certains déplorent dans la foulée le renouvellement de la fréquence de Cnews.

« Une bonne nouvelle pour le paysage médiatique français. Une bonne nouvelle pour la démocratie »

« Une partie de l’empire télévisuel de Vincent Bolloré vient de s’effondrer, avec son lot d’humiliations, de diffamations et de haines » se réjouit Clémentine Autain. La députée considère que c’est « une bonne nouvelle pour le paysage médiatique français. Une bonne nouvelle pour la démocratie. Le combat contre la concentration des médias et pour l’indépendance des journalistes continue. »  La députée Sophie Taillé-Polian pour sa part a émis un communiqué. « Je salue la décision de l’Arcom de ne pas renouveler l’autorisation d’émettre de C8. Cependant le renouvellement de Cnews reste incompréhensible » dit-elle.


De l’autre côté de l’hémicycle, on attaque la décision de l’Arcom. Le RN par la voix de Sébastien Chenu considère que la décision de l’Arcom est pilotée par Emmanuel Macron. « L’Arcom, bras armé du pouvoir dont les membres sont nommés par lui et pour lui, saborde des chaînes indépendantes qui lui déplaisent. La France ce pays de la liberté d’expression qui s’enfonce, s’enfonce » s’irrite-t-il.

Le RN en profite pour remettre sur la table la privatisation de l’audiovisuel public, critiqué pour son positionnement à gauche. « Pendant ce temps, France TV et Radio France continuent leur propagande woke et gauchiste avec nos impôts. Vivement la privatisation ! » demande le député RN Aurélien Lopez-Liguori. Quant à Marine Lepen, c’est aussi Emmanuel Macron qu’elle vise suite aux décisions de l’Arcom qu’elle n’apprécie pas. « Pour le pouvoir, le pluralisme est insupportable. Alors, petit à petit, ils vont chercher à le faire disparaître pour que toutes les chaînes et radios délivrent le même message que l’audiovisuel public : un panel de toutes les nuances de gauche » ironise-t-elle.

Deux nouveaux entrants, Ouest France et Daniel Kretinsky

On relève que les deux nouveaux entrants de la TNT figurent dans le registre information. Il s’agit d’OF TV (société Ouest-France TV) portée par le grand quotidien régional Ouest France et RéelsTV (société CMI France ou Czech Media Invest France) du milliardaire Daniel Kretinsky. Le nombre de chaînes traitant de l’information et de l’actualité s’élargit et devrait désormais englober LCI (groupe TF1), BFM TV (groupe CMA CGM), Cnews (groupe Vivendi), TMC (groupe TF1), OF TV (Ouest France) et RéelsTV (Daniel Kretinsky).

« CMI France est déterminé à favoriser un débat et un esprit publics pluralistes et raisonnables, qui soutiennent la démocratie« 

Selon l’AFP, Ouest-France se veut « la chaîne de la vraie vie » et la première antenne nationale généraliste « installée ailleurs qu’à Paris », c’est à dire à Rennes. RéelsTV pour sa part veut « restaurer le concept original du débat public », en s’appuyant sur les autres médias de CMI France plutôt très divers : Elle, Télé 7 Jours, Franc-Tireur, Ici Paris, France Dimanche et Usbek & Rica. Daniel Kretínsky joue les bons élèves après l’annonce de l’attribution d’une fréquence TNT. « CMI France est déterminé à favoriser un débat et un esprit publics pluralistes et raisonnables, qui soutiennent la démocratie. C’est ce qu’exprimera la chaîne que nous allons construire » promet-il.

Denis Olivennes, vieux routier des médias passé notamment par Libération et Le Nouvel Obs est président du conseil de surveillance de CMI France. Il reprend ce qualificatif de « raisonnable » pour décrire RéelsTV. « Nous avons le projet de faire une chaîne populaire de qualité, récréativement raisonnable, autour du documentaire, du débat et du divertissement » décrit-il. Cette chaine sera notamment positionnée sur l’information et la rigueur journalistique. « Elle promouvra l’information, la connaissance et la culture. Notre ligne directrice sera fondée sur la rigueur journalistique, le professionnalisme télévisuel et le respect du public » annonce Denis Olivennes.

Le Media va déposer un recours face à la décision de l’Arcom

Le Media qui avait concouru dans la catégorie information, n’a pas été retenu. Il annonce qu’il va effectuer un recours face à un paysage audiovisuel monopolisé par des milliardaires. Il défend son statut de coopérative portée par une dynamique citoyenne. Le Media est présent sur le Web et Youtube en particulier avec des contenus très à gauche.

La numérotation des chaînes TV sera examinée à l’automne avant la délivrance des autorisations. L’Arcom déclare qu’un numéro logique sera attribué à chaque candidat autorisé, dans le respect des principes de la loi du 30 septembre 1986, parmi lesquels figure l’intérêt du public.

La liste des 15 chaînes présélectionnées pour signer une convention avec l’Arcom est :

  • BFM TV (société BFM TV)
  • CANAL+ (Société d’édition de CANAL PLUS)
  • CANAL+ CINEMA(S) (Société d’édition de CANAL PLUS)
  • CANAL+ SPORT (Société d’édition de CANAL PLUS)
  • CNEWS (Société d’exploitation d’un service d’information)
  • CSTAR (société CSTAR)
  • GULLI (société JEUNESSE TV)
  • LCI (société LA CHAÎNE INFO)
  • OF TV (société OUEST-FRANCE TV)
  • PARIS PREMIERE (société PARIS PREMIERE)
  • PLANETE+ (société Canal+ Thématiques)
  • RÉELSTV (société CMI France)
  • TFX (société TFX)
  • TMC (société TELE MONTE CARLO)
  • W9 (société EDI-TV)

Pluralisme des courants d’expression socio-culturels

L’Arcom déclare avoir examiné quel était l’intérêt de chaque projet pour le public en tenant compte de son impératif prioritaire de « pluralisme des courants d’expression socio-culturels« . L’autorité indique s’être fondée sur les critères mentionnés aux articles 29, 30 et 30-1 de la loi du 30 septembre 1986.

La TNT est puissante en France. Dans leur ensemble, les chaînes de la TNT représentent plus de 90 % de l’audience totale de la télévision. Et pour près de 20 % des foyers français, c’est même le seul mode de réception de la TV.

Des conventions à établir pour chacune des 15 chaînes

L’Autorité va désormais établir des conventions d’une durée maximale de dix ans avec chacun des candidats retenus. Ces conventions seront établies sur le fondement des exigences de la loi du 30 septembre 1986 revues selon la jurisprudence du Conseil d’Etat à la suite de la plainte de RSF (Reporters sans frontières).

L’enjeu clé concerne le pluralisme, en référence aux conventions les plus récentes des services de télévision nationaux et locaux de la TNT, et au regard des engagements formulés par chaque candidat dans son dossier de candidature et au cours de son audition publique.

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