Deux poids, deux mesures. C’est le sentiment d’Olivier Abecassis, directeur général d’eTF1, la filiale digitale de TF1 quand il se compare aux Gafa (Google Apple Facebook Amazon). « TF1 reste suspect aux yeux des Français quand on leur dit, ‘on veut en savoir un tout petit peu plus sur vous’, » décrit-il. Il s’est exprimé à l’occasion de l’événement « Applying Big Data » le 14 décembre à Paris.
Rejets lors de l’inscription
« Par exemple, si on met de l’inscription sur nos sites, on génère beaucoup plus de rejets que l’inscription sur un Facebook ou sur un Google qui utilisent la donnée pour faire du lien entre différents services. Nous quand on va demander de la data à un téléspectateur on est suspect, » regrette-t-il.
Il confirme avoir le sentiment qu’il y a une plus grande tolérance du consommateur quand cela vient d’un Gafa que de TF1. « Si nous, sur l’accès au ‘live’, pour une compétition sportive, on demande une inscription avec email, on voit que la notation de notre application baisse massivement et on se fait reprocher des processus qui sont simplement faits pour avoir une expérience multi-écrans. Je pense qu’il y a une certaine naïveté collective aujourd’hui, une posture de modernité, » s’indigne-t-il.
Dès lors, il pense que ce n’est pas TF1 qui va demander le nom de la personne ou qui elle est. « Il faut que l’on soit un peu plus subtils. Il faut qu’on s’insère dans un écosystème, » dit-il. Il poursuit : « donc il va falloir le faire avec des partenaires. Est ce que ces partenaires seront des opérateurs télécoms, on y réfléchit, notamment avec Orange, » résume-t-il.
Il rappelle : « on a cette chance en France que les opérateurs télécoms ont construit un réseau de diffusion qui devient plus important que le réseau hertzien. Il s’agit du réseau des box que chacun d’entre vous a chez lui pour regarder la TV. » Ces box présentent l’avantage d’en savoir plus. « Elles permettent d’adapter nos chaînes et nos programmes en fonction de ce que le téléspectateur est, » pointe-t-il.
Les box disent tout
Les box des opérateurs sont un point de passage qui dans le foyer rassemblent beaucoup de données. Mais n’-y-a-t-il pas une concurrence entre les chaînes de télévision et les opérateurs télécoms sur les programmes? « Il y a de moins en moins de programmes chez les opérateurs. La volonté des opérateurs télécoms vers les contenus est moins présente qu’avant et donc on est plutôt dans un cadre de coopération, » estime-t-il.
Il en profite pour souligner que TF1 respecte la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) et lancer une pique à Google et Facebok. « Nous avons des concurrents multinationaux dont on peut se demander s’ils respectent les mêmes règles que nous et s’ils jouent une compétition vraiment équitable, » fait-il mine d’interroger.
Et de citer deux exemples. « Quand vous envoyez un message sur WhatsApp et que vous vous trouvez avec une recommandation d’ami sur Facebook avec celui à qui vous venez d’envoyer un message, c’est probablement qu’il se passe quelque chose qui n’est pas tout à fait prévu, » illustre-t-il.
Lier agenda et email
Autre cas. « Quand je retrouve dans mon agenda des informations qui sont tirées de la lecture de mes emails gmail telles que l’anniversaire de ma fille – je ne vais pas mettre l’anniversaire de ma fille dans mon agenda, je vais m’en souvenir – c’est que quelque part il est probable que nos amis américains fassent quelque chose qui si on lit les textes de la CNIL est complètement interdit, » continue-t-il.
eTF1 que dirige Olivier Abecassis est la filiale digitale de TF1. Elle gère l’application MyTF1. Cette application touche 17 millions de Français par mois. eTF1 possède une base de 4 à 5 millions de contacts utilisable commercialement. La base contient en tout une dizaine de millions de contacts. Elle est régénérée régulièrement.
Média de masse
Dans un monde idéal, TF1 préférerait vendre des audiences de 5 à 10 millions de téléspectateurs. « C’est un modèle qui a fait ses preuves, » indique Olivier Abecassis. Mais ça ne suffit plus.
« On a en face de nous des acteurs, les Gafa par exemple, qui vont dire on est capable – c’est un peu du marketing parfois – de toucher le consommateur dont vous avez besoin, » relève-t-il. Dans ce contexte, TF doit s’adapter en étant présent partout. « Il faut avoir l’offre qui fait que l’on va multiplier les points de contact, et ensuite il faut qu’on sache qualifier ces points de contact, » conclut-il.