SNCF plébiscite son passage dans le Cloud d’Amazon de 7000 serveurs

Arnaud Monnier, SNCF

Il y a des sociétés où la culture d’ingénieur est très marquée et c’est le cas de la SNCF. Et ce sont des raisons d’ingénieurs qui ont mené au choix du Cloud d’Amazon, AWS (Amazon Web Services), pour héberger la quasi-totalité des 7000 serveurs physiques et virtuels et 250 applications de son usine digitale.

Une entité de 950 personnes affectées à la bonne marche de l’informatique

Cette usine assure notamment les ventes des billets de train sur internet ainsi que la gestion des applications à destination des contrôleurs, des agents en gare et de certains conducteurs. Elle emploie 950 personnes.  L’heure est désormais à utiliser la nouvelle plateforme Cloud AWS pour de l’innovation. C’est ce que présente Arnaud Monier, directeur technologie chez eVoyageurs SNCF. Il a pris la parole le 7 décembre à l’occasion d’une conférence de presse.

« Quand nous avons regardé le profil de risque et les garanties de services, en toute sincérité, nous avons été convaincus »

A l’écoute d’Arnaud Monnier, le choix du Cloud répond d’abord au besoin de la gestion des pics de trafic, de réactivité et de facilitation de l’innovation. S’y ajoute le fait d’assurer un bon niveau de continuité d’activité à un coût accessible. « Financièrement, le business case [NDLR : l’analyse de rentabilité] était positif et le résultat devait être positif, et c’est le cas » débute-t-il. Quant au choix d’Amazon, il est également rationnel. « Nous avons fait le choix d’AWS, c’est un choix d’ingénierie. Quand nous avons regardé le profil de risque et les garanties de services, en toute sincérité, nous avons été convaincus. Le ratio entre coût et bénéfice était en faveur d’AWS » tranche-t-il.

Le Cloud a été retenu pour des raisons de résilience et de robustesse. « Nos études nous ont amené à la conclusion que l’on avait par le truchement d’Amazon un niveau de robustesse et de résilience au-delà de ce que nous aurions pu obtenir sur des Data Centers en propre. La vraie difficulté est que lorsque vous devez atteindre le niveau qu’Amazon propose, vous devez arriver à des catégories d’investissement qui sont extrêmement importants » explique-t-il.

Le Cloud sert à répondre aux pics de trafic lors des ventes

La capacité à monter en charge est clé lors des pics de demandes de la part des clients. « D’un point de vue infrastructure, là où nous avons 2 à 3 serveurs en temps normal, il en faut entre 17 et 25 en période de pointe » illustre-t-il. Lorsqu’une entreprise utilise ses propres mètres carrés, avec ses propres serveurs achetés, elle doit dimensionner ses installations pour tenir le tout. « Vous devez avoir ces 17 à 25 machines, et la plupart du temps elles ne servent pas à grand-chose. C’est cette capacité à absorber les pics qui nous a amenés à envisager d’aller dans le Cloud » poursuit-il.
 

« Cela nous permet de remobiliser nos experts bases de données, non plus sur la tuyauterie, mais sur des aspects à plus forte valeur ajoutée »

Autre argument, le Cloud évite de refaire ce qui existe déjà. « L’exemple type, ce sont les bases de données » illustre le responsable. « Traditionnellement, quand on fait quelque chose d’aussi intense que de la vente ferroviaire, on gère soi même les bases de données. Aujourd’hui beaucoup de nos applications reposent sur des plateformes Paas [NDLR : Platform as a Service] » présente-t-il. L’usage du Cloud libère les experts en bases de données des tâches peu évoluées. «  Cela nous permet de remobiliser nos experts bases de données, non plus sur la tuyauterie, mais sur des aspects à plus forte valeur ajoutée qui sont comment tenir la performance, comment utiliser de nouvelles manières de travailler, comment on va travailler sur le travail en mémoire [In memory], etc » liste-t-il.

La facilitation de l’innovation est par ailleurs évidente à l’écoute d’Arnaud Monnier. Il rappelle ce qui est le lot commun de toute DSI (Direction des systèmes d’information) lorsque l’on souhaite innover en informatique en particulier pour faire une preuve de concept d’intelligence artificielle et qu’il s’agit d’utiliser ses propres serveurs. Il faut alors récupérer une partie de serveur, monter des machines virtuelles, installer des bases de données, installer des outils et ensuite les paramétrer. Puis, les gens de la sécurité viennent sécuriser l’ensemble et enfin, l’environnement peut être délivré à l’équipe de développement. « Cette opération de provisionning, factuellement dans tout Data Center, prend entre 4 et 8 semaines. Aujourd’hui, elle est immédiate. C’est fondamental parce que cela nous permet d’être très rapides dans notre innovation » se réjouit-il.

Trois Data Centers d’Amazon en région parisienne

Les serveurs de SNCF étaient présents à l’origine dans deux Data Centers opérés par SNCF. Ils sont désormais présents dans trois Data Centers d’Amazon, tous en région parisienne, en secours les uns des autres. La migration effective vers le Cloud a été réalisée en 10 mois et été achevée à mi septembre 2021, sans aucune interruption du service. Et le 6 octobre, les serveurs d’Amazon ont ainsi pu assurer les ventes de Noël sans difficulté.

« Nous avons essayé de qualifier chacun des opérateurs Cloud par rapport à nos besoins. C’est comme cela que nous avons été amenés à retenir AWS »

« Le 6 octobre 2021, c’était l’ouverture des ventes de Noël, qui est le plus grand pic. La France se lève tôt, parce qu’à partir de 5 h 40 du matin, on voit arriver des hordes de gens qui veulent acheter des billets. 100% de nos ventes de Noël a été fait dans le Cloud et il n’y a eu aucun problème. Cela s’est passé extrêmement bien » souligne-t-il. Le choix d’AWS vient de loin. « Nous avons commencé à travailler sur ces sujets de manière exploratoire, il y a 5 ans. Nous avons essayé de qualifier chacun des opérateurs Cloud par rapport à nos besoins. C’est comme cela que nous avons été amenés à retenir AWS » commente le responsable.

La SNCF ne risque-t-elle pas d’être bloquée dans le Cloud Amazon qui propose des services spécifiques. Le responsable répond que ce risque est pris en compte et qu’il développe pour cela une couche logicielle d’abstraction si nécessaire avec ces fonctions. « Nous avons identifié le risque de l’adhérence aux technologies d’AWS. Nous ne sommes pas tout à fait AWS « locké » mais c’est un risque que nous avions identifié dès le départ » assume-t-il. « On regarde à chaque fois si un service existe chez un autre opérateur Cloud, peut être sous un autre nom, ou s’il s’agit d’un service totalement propriétaire. Si c’est totalement propriétaire, on va expérimenter, et on va se poser la question de mettre une couche de généricité » explique-t-il.

Innovation en intelligence artificielle et refonte applicative à venir

SNCF a désormais un grand programme d’innovation devant elle, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle. Les équipes techniques devraient en outre procéder à du « refactoring », c’est-à-dire à une refonte applicative. « Un certain nombre de nos applications que nous avons légèrement transformées, tireraient vraiment parti d’être modifiées plus en profondeur pour fonctionner nativement avec les mécanismes du Cloud, je pense à l’auto scale-up [NDLR : augmentation automatique des ressources informatique] et à d’autres services » pense-t-il.  

« Cela va nous permettre d’offrir la capacité de traitement qui va accompagner la croissance de notre activité et masquer la complexité »

« Ce qui peut sembler juste une affaire de tuyauterie, était indispensable » affirme-t-il, faisant référence au basculement dans le Cloud. « Cela va nous permettre d’offrir la capacité de traitement qui va accompagner la croissance de notre activité et masquer la complexité. C’est indispensable pour le service de nos clients » annonce-t-il. Anne Pruvot, directrice générale d’e.Voyageurs SNCF, lors de la même conférence de presse, insiste pour sa part sur les atouts du Cloud, indépendamment du choix d’AWS. « Le sujet n’est pas tant une question de rentabilité que la flexibilité qui est celle du Cloud » affirme-t-elle.

« Oublions AWS ou un autre, la question qui s’est posée c’est d’abord la question d’aller vers le Cloud, ou de continuer à vivre sur des Data Centers où l’on se préoccupait d’ajouter, d’empiler des serveurs. Ce jeu d’empiler les serveurs était quelque chose qui n’était plus rationnel » décrit-elle. « C’est d’abord cela le débat. Ensuite, c’est ce sur quoi on continue de travailler, c’est de faire le meilleur usage possible d’une solution Cloud et de s’assurer d’être au maximum de résilience, dans l’indépendance des solutions et d’être autonome » conclut-elle.


Une réaction sur “SNCF plébiscite son passage dans le Cloud d’Amazon de 7000 serveurs” :

  1. Cubiste

    C’est une honte,
    Que diront ils quand les trains seront sous pavillons allemands italiens ou espagnol ces messieurs les défenseurs d’une sncf nationale
    de mon point de vue ce mecs fier est un bon traitre sans courage.
    J’espère qu’ils ont bu du coca pour feter cela

    Répondre

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