De nouveaux produits et services, orientés vers le consommateur, émergent dans l’industrie du sexe afin de proposer de nouvelles expériences. C’est ce que relève Kantar Média dans le cadre de l’étude de ce marché spécifique.
Bien utiliser les données
Comme dans les autres secteurs de la technologie, les modèles économiques se concentrent autour de l’exploitation de la donnée. Les données récoltées servent à mieux comprendre les pratiques sexuelles des consommateurs, afin qu’ils disposent au final d’expériences améliorées et personnalisées. Ces données sont générées par les utilisateurs eux-mêmes et sont recueillies pour la plupart grâce à des objets connectés, applications, montres, sextoys connectés, des wearables (que l’on porte sur soi).
Le sexe devient « algorithmique », tout se mesure, tout se compare. Accessoirement, le spectre du culte de la performance au détriment du plaisir plane ainsi comme une menace. Dans ce cadre, la société British Condoms a lancé en 2017 le premier anneau pénien connecté, i.Con. Ce dernier, fonctionne par bluetooth. Il mesure et analyse les ébats sexuels, leur vitesse, la durée, les calories, etc. La fiche produit incite même l’utilisateur à se comparer aux autres utilisateurs: « Vous êtes-vous déjà demandé comment vous vous placiez par rapport à d’autres personnes dans le monde ? » pointe Kantar Média.
Côté français, Kantar met en avant B-sensory et Speach, les avant-gardistes de la SexTech française. B-Sensory a été créé en 2014 à Brest par Christèle Le Coq. La start-up s’intéressait au plaisir solitaire féminin, en développant un sextoy connecté, qui vibrait au gré des lectures érotiques. Mais en mars 2018, B-Sensory a été placé en liquidation judiciaire, notamment par manque d’investisseurs et après que l’application eût été retiré par les stores Apple et Google France, démontrant un certain retour au puritanisme, évoqué par de nombreux acteurs de la sextech, mentionne Kantar Media. Autre acteur, Speach a gagné le hackathon organisé par DorcelLab à l’Ecole 42 en 2017. Il s’agit d’un chatbot destiné à parfaire l’éducation sexuelle des adolescents et à répondre aux questions liées aux rapports sexuels de manière pédagogique.
Réalité augmentée et réalité virtuelle
Demain, le sextech peut s’approprier les avancées technologiques plus rapidement que les autres secteurs. La production pornographique a préempté les technologies AR (Augmented Reality) et VR (Virtual Reality), et travaille actuellement sur des expériences sexuelles immersives, qui permettent de se retrouver en lieu et place d’un acteur ou du réalisateur. Ce sont alors des images réelles auquel l’utilisateur est confronté. Néanmoins, si ces technologies offrent de belles perspectives pour le « VR Porn », pour l’instant elles n’en sont qu’à leurs balbutiements, tranche Kantar Media.
Par ailleurs, les robots sexuels commencent à faire leur apparition. En 2010, Harmony voyait le jour, puis c’est au tour des DreamDolls, poupées à l’effigie de stars du X. Il est désormais possible d’avoir des rapports sexuels dans des maisons closes avec des robots sexuels en Espagne. Il s’agit d’une nouvelle forme de sexualité robotisée mais qui tend à être humanisée grâce au fantasme de l’I.A. forte. Elle répond à une demande réelle mais qui pose des questions éthiques et juridiques.
Un salon du cybersexe a vu le jour en 2016 à Tokyo, puis en 2017 à Osaka. Les utilisateurs peuvent tester des robots sexuels, des jeux vidéo comme RedLight Center (un « Second Life » en 3D où chacun peut flirter et avoir des relations sexuelles grâce à son avatar), des sextoys connectés permettent de reproduire les baisers de son ou sa bien-aimée bien que séparés de plusieurs centaines de kilomètres etc… le cybersexe est en plein essor. Néanmoins, ces évolutions technologiques répondent certes à des besoins de lutte contre l’isolation, la distance, mais apparaissent comme pour l’instant très individualistes, et non intégratives.