Les réseaux sociaux sont à la fois le rêve et le cauchemar des chaînes de TV. « Nous avons une relation assez ambivalente avec les réseaux sociaux » établit David Larramendy, président du directoire du groupe M6.
Enorme décalage entre les vues et la monétisation
Les médias sociaux sont un formidable canal de publicité pour les chaînes de TV. « D’une part, ils nous sont indispensables en termes de marketing. On publie plus de 150 contenus par jour sur les réseaux sociaux. On a dû faire 12 milliards de contenus vus en 2024, donc c’est de très gros chiffres. Ça, c’est un point de vue marketing » dit-il. « Puis après, il y a un énorme décalage, il y a la monétisation. Et là, on n’y est pas du tout » pointe-t-il.
Il a discuté avec la patronne de Youtube, plateforme qu’il définit comme étant une plateforme d’échange vidéo américaine. « Je lui ai dit que je ne comprenais pas pourquoi nous faisions si peu [en monétisation]» Il lui a demandé ce qui se passerait si tous les contenus de M6 en direct étaient placés sur la plateforme Youtube,quel pourrait être le chiffre d’affaires ? « C’était il y a un an, cela a peut-être progressé depuis. Elle m’avait dit que nous pouvions atteindre 20 millions » déclare-t-il.
La diffusion de M6 sur Youtube pourrait rapporter 1 million d’euros
Le vrai revenu pour M6 serait moitié moindre. « 20 millions divisé par deux, puisque la plateforme va quand même prendre 50%. Cela fait 10 millions pour nous. 10 millions, c’est 1% de notre chiffre d’affaires publicitaire » établit-il. C’est un élément important, reconnaît-il et en même temps, le compte n’y est pas. « Nous n’avons pas encore créé la capacité d’en faire des plateformes qui soient des vraies plateformes qui nous permettent d’apporter de la monétisation, des cash flow » déplore-t-il.
Trouver une solution de monétisation devient clé. « Si on trouve cela, on ira et on ira fort, parce que c’est évidemment un moyen très important de parler à l’ensemble du public. En revanche, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, sur certaines plateformes, on le peut, sur d’autres, on ne peut même pas monétiser nous-mêmes nos propres contenus. On voit parfois des croissances de contenus énormes et des décroissances de revenus. Nous n’avons pas la main » résume-t-il. Cela ramène sur la table le sujet des asymétries réglementaires. « Il va bien falloir traiter un jour ce sujet » conclut le dirigeant.