Les 7 péchés capitaux des fournisseurs de Cloud dénoncés par les DSI


Quatre associations de DSI appellent à un rééquilibrage des relations entre les fournisseurs et les clients sur le marché du Cloud. « Le déséquilibre actuel conduit trop souvent à des pratiques déloyales » dénoncent ces associations. Elles publient un réquisitoire détaillé.

La réalité du Cloud est loin des promesses

Globalement, sans donner de noms en particulier, les fournisseurs de Cloud sont pointés du doigt pour ne pas avoir tenu leurs promesses. « Le Cloud promet la transparence et la simplicité. La budgétisation est censée être facile. La réalité est toute autre » attaque Bernard Duverneuil, Vice-Président du Cigref en charge des Affaires européennes, DSI et patron du digital du groupe de restauration Elior.

Les quatre associations proposent 11 principes à mettre en œuvre au niveau européen en matière de Cloud.  Dans le même temps, elles listent les particularités défavorables aux entreprises, en quelque sorte ce que l’on peut appeler les 7 péchés capitaux des fournisseurs de Cloud. 1. Tout d’abord, une fois qu’un logiciel est déployé, il devient impossible à retirer. Il est imbriqué dans les processus métier, ce qui conduit à verrouiller le client. Dès lors, il est si complexe et si coûteux de changer de fournisseur que les entreprises sont contraintes de conserver le même fournisseur.

2. Autre point, les DSI n’ont pas de pouvoir de négociation vis-à-vis des grands fournisseurs. 3. De plus, les fournisseurs peuvent modifier unilatéralement les prix des abonnements et les paramètres sur lesquels ces prix sont basés. Les entreprises ne peuvent pas bâtir leur analyse de rentabilité si elles ne peuvent pas prévoir les coûts futurs.

Un fournisseur modifie sa tarification et complique la vie de son client

Un exemple de modification de tarification abrupte est donné par l’association allemande Voice, exemple qui rappelle la volonté de SAP de facturer les accès indirects. « Une entreprise utilisait des distributeurs de billets dont la tarification du logiciel est à coût fixe, par mois et par machine. Le fournisseur du logiciel a modifié le modèle tarifaire pour passer à des abonnements basés sur le nombre de personnes utilisant les machines » décrit Hans-Joachim Popp, Deputy, Président de l’association Voice. « Non seulement la décision du fournisseur a complètement changé l’analyse de rentabilité, mais il a également été très complexe pour l’entreprise de s’organiser, car les machines étaient utilisées dans différents environnements applicatifs » poursuit-il.

Les associations pointent que ces pratiques concernent les grands fournisseurs et aussi les acteurs de niche. 4. Par ailleurs, le marché est très concentré. Les associations constatent que le marché des logiciels d’entreprise et des services Cloud est essentiellement concentré entre les mains de quelques grands acteurs. « Les grands éditeurs copient les fonctionnalités de leurs concurrents plus petits et les intègrent dans leurs logiciels, ce qui réduit la concurrence et le choix des clients, et augmente ainsi leur dépendance » s’insurgent-elle. De plus, les nouvelles fonctionnalités sont souvent d’abord proposées gratuitement ou à très bas prix pour convaincre les clients de les adopter, poursuivent-elles.

Les fournisseurs appâtent les clients avec des tarifs attractifs

5. Les fournisseurs ne tiennent pas leurs promesses faites lors de la négociation du premier contrat. « Durant la première négociation, le fournisseur propose des prix très attractifs et promet un tas de fonctionnalités. Après la signature, des coûts cachés apparaissent et les fonctionnalités ne sont pas celles promises » critique Martijn Koning, Président de CIO Platform Nederland. 6. Autre point, les offres limitent les choix des entreprises. Les éditeurs de logiciels et les fournisseurs de Cloud ont tendance à combiner les offres verticales. « Ils peuvent ainsi limiter le choix de l’infrastructure ou des applications que l’entreprise cliente est en droit d’utiliser pour exécuter ses applications dans le Cloud » précisent les associations. 7. Enfin, les coûts et la complexité pour récupérer les données de l’entreprise depuis le fournisseur au terme du contrat peuvent être dissuasifs.

Les associations demandent que l’Europe agisse maintenant en s’appuyant sur les futures lois sur les marchés numériques, sur l’intelligence artificielle et sur les données, ainsi que le rulebook sur le Cloud et les clauses contractuelles types. Elles en appellent à la Commission européenne, au Parlement européen, aux gouvernements nationaux et aux autorités de régulation et de concurrence européennes et nationales. « L’Union Européenne a démantelé les monopoles des opérateurs de télécommunications, car elle avait compris que la concurrence sur le marché des télécommunications créerait de nombreuses opportunités. Aujourd’hui, les entreprises sont confrontées à un verrouillage à un niveau bien plus élevé sur le marché des services Cloud » conclut  Bernard Duverneuil, Vice-Président du Cigref.

Quatre associations qui représentent des milliers d’entreprises en Belgique, France, Allemagne et Pays Bas

Les quatre associations sont Beltug, Cigref, CIO Platform Nederland et VOICE. Elles représentent ensemble plusieurs milliers d’entreprises et d’organisations en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Ces associations fédèrent des communautés de directeurs des systèmes d’information (DSI) et des responsables des technologies et de la transformation numérique. Ces associations ne représentent aucun fournisseur et consultant du secteur du numérique.


Les 11 principes équitables proposés par les décideurs IT en Europe


  1. Les fournisseurs doivent respecter les obligations réglementaires existantes.
  2. Les fournisseurs ne doivent pas créer de blocage technique ou commercial.
  3. Les clients doivent rester maîtres de leurs propres données et de toutes les données
    téléchargées ou traitées par le service ou la solution.
  4. Les termes et conditions contractuels doivent être clairs et non ambigus. Ils ne doivent pas
    être modifiables unilatéralement.
  5. Les conditions contractuelles ne doivent pas restreindre ou discriminer le choix du client
    quant au fournisseur de services cloud, au partenaire d’externalisation ou à la plateforme matérielle.
  6. Les conditions contractuelles relatives aux licences et aux abonnements doivent être
    exemptes de restrictions géographiques et d’entités.
  7. Les conditions contractuelles doivent permettre aux clients d’utiliser des technologies et des
    modèles de déploiement progressifs ou innovants.
  8. Les niveaux de service et les spécifications des produits doivent être explicitement énumérés
    et tenir compte du contexte du client.
  9. Les modèles commerciaux ne doivent pas être modifiés unilatéralement et doivent adhérer à
    un principe de consentement explicite.
  10. Les modèles commerciaux et les offres doivent être cohérents et raisonnables, et ne doivent
    pas combiner différents modèles au profit des revenus du vendeur.
  11. Le périmètre, l’exécution et le résultat escompté d’un audit doivent être clairement définis
    dans le contrat.

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