Taxis : affrontement vain entre taxis traditionnels et transporteurs innovants


Les jeunes entreprises qui inventent de nouveaux moyens de transport grâce au Web s’énervent face au vieux monde des taxis. Les deux univers se sont confrontés lors d’une table ronde. Afin de sortir de l’impasse, ils en arrivent à demander le remboursement des licences des taxis par l’état. Là c’est le public qui a hurlé. 

L’affrontement se poursuit entre les taxis et les nouveaux modes de locomotion, issus des technologies Web et mobile. Le représentant des Taxis bleus a défendu, de manière responsable mais avec une solide dose de mauvaise foi, les positions des chauffeurs de taxi face aux nouveaux acteurs tels que Blablacar, SnapCar ou Moovit, qui se sont montrés sans pitié. La discussion a eu lieu le 4 décembre lors d’une table ronde organisée au siège de la Poste, sur le thème des modes de transport innovants.


La salle refuse de payer les milliards d’euros


D’un côté le DG des Taxis bleus demande à ce que l’on comprenne les chauffeurs de taxis qui ont investi une fortune dans leur licence. De l’autre, les partisans des moyens de transport innovants s’insurgent et finissent par demander à ce qu’on rembourse les licences des taxis pour que l’on puisse passer à un marché réellement concurrentiel. En revanche, là c’est la salle – environ deux cent personnes – qui a hué, refusant de payer les milliards d’euros que cela représente.

Frédéric Mazzela, fondateur de Blablacar, le site de covoiturage,  a mis les pieds dans le plat. « Est-ce que l’on parle des 15 minutes ? » a-t-il demandé alors que la table ronde ronronnait dans le politiquement correct.  Il s’agit du délai de 15 minutes imposé aux nouveaux fournisseurs de services de transport par voiture particulière avec chauffeur privé, les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). On leur impose un délai de 15 minutes avant de charger un client, ce qui les défavorise face aux chauffeurs de taxis qui n’ont pas cette contrainte.


Ce sont les syndicats qui ont négocié

Yann Ricordel, directeur général des Taxis bleus s’est employé à défendre la vision des taxis, bien qu’il n’ait pas lui-même été partie prenante de la négociation qui a débouché sur ce délai de 15 minutes. « Ce sont les syndicats qui ont négocié » rappelle-t-il.

Le DG avance deux arguments, il estime qu’il faut comprendre les chauffeurs de taxis qui se sont endettés pour leur licence et il souligne qu’il y a des emplois à défendre dans les centres d’appels des sociétés de taxis. « Mettez vous à la place des chauffeurs de taxis qui ont investi jusqu’à 140 000 € pour leur licence en France, et on ne peut pas les céder avant 10 ans. A New York, une licence vient même de se négocier 1 million de dollars. De notre côté, il faut que nous adaptions nos modèles économiques. »

30% des réservations par App mobile dans le futur selon les Taxis bleus

L’application mobile devrait représenter 30% des commandes de taxis chez les Taxis bleus dans les années qui viennent, annonce Yann Ricordel, DG des Taxis bleus. Il entend modérer les chiffres nettement plus élevés annoncés par Dave Ashton, fondateur de Snapcar, service de VTC réservable par application mobile destiné essentiellement aux entreprises. Snapcar est un concurrent de Uber ou de LeCab. Dave Ashton estime que l’application mobile représente actuellement 5% des réservations. Il table sur le fait que ce sera 95% des réservations en 2018.

Dans ce total, les courses par chauffeur privé devraient représenter 15%, et 85% étant assurés par les taxis traditionnels, selon Dave Ashton.

La prudence de Yann Ricordel s’explique car il constate un démarrage plutôt lent de la réservation par App mobile. « Dave Ashton a projeté des chiffres extraordinaires sur ce marché de l’application mobile. Chez les Taxis bleus, en 2011 et en 2012 cela représentait moins de 1% des commandes de taxis. Il est vrai que cette année, cela augmente. En Janvier, c’était 1,5%. Et en Décembre, c’est passé à 6%. Cela devrait représenter de 25% à 30% dans les prochaines années. Mais nous pensons qu’il faut être multi-canal avec un serveur vocal, le Web et le centre d’appels » Pour assurer cette évolution les Taxis bleus ont développé une nouvelle application mobile. Elle intègre la fonction de visualisation de l’approche du taxi, et une nouveauté qui est la possibilité pour le client de donner son avis. « ça c’est nouveau. Cela démultiplie le contrôle de qualité » se félicite Yann Ricordel.

Le DG indique qu’il a investi des millions d’euros afin de faire évoluer les services des Taxis bleurs. Cela comprend notamment le passage de l’équipement radio au GPRS. « Nous géo-localisons les taxis depuis 1993. Depuis trois ans, on assiste à l’essor de l’internet mobile, avec de nouvelles fonctions » constate Yann Ricordel.  » Nos taxis arrivent pour 50% d’entre eux en moins de 5 minutes, et pour 90% en moins de 10 minutes » conclut-il.

 Photo, de gauche à droite : Pierre Valentin de Moovit, Yan Ricordel des Taxis Bleus, Dave Ashton de Snapcar et Frédéric Mazzela de Blablacar. 

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