Depuis le 10 aout, Radio France bloque l’accès d’OpenAI à ses contenus car ils étaient utilisés sans son consentement. Ce blocage est conservatoire et concerne les accès du robot GPTbot d’OpenAI qui parcourt tous les contenus du groupe public. OpenAI est une jeune société américaine qui commercialise l’intelligence artificielle générative ChatGPT. Cette intelligence artificielle a besoin de contenus afin de créer ses propres textes de manière automatisée.
Le robot de « scrapping » des contenus sur internet avait été annoncé le 8 août par OpenAI. Dans la foulée, RSF (Reporters sans frontières) invitait les médias à configurer leurs sites d’information pour empêcher OpenAI de récolter leurs contenus gratuitement. « Les médias doivent être rétribués pour leur travail d’intérêt général dont les mastodontes de la tech voudraient tirer profit à bon compte » fustigeait RSF.
Blocage par mesure conservatoire
Sibyle Veil, présidente de Radio France, a officialisé le blocage d’OpenAI lundi 28 août auprès de l’AFP alors que le groupe de radios publiques (France Inter, France Info, France Culture, …) présentait sa grille de rentrée. Dès le 10 août, Laurent Frisch, directeur du numérique et de la stratégie d’innovation de Radio France, reconnaissait le blocage d’OpenAI et remerciait aussi l’entreprise américaine de sa transparence. « Nous avons décidé de bloquer GPTBot par mesure conservatoire. Il est sain qu’OpenAI ait donné cette possibilité et la respecte » se félicitait-il.
Cette inquiétude face à la voracité d’OpenAI en matière de contenus pour entraîner ses propres algorithmes d’écriture se retrouve aux Etats-Unis. De nombreuses grandes rédactions américaines sont décrites comme ayant récemment fait en sorte que leurs sites Web empêchent le robot d’exploration Web d’OpenAI, GPTBot, d’analyser le contenu de leurs plates-formes. Ainsi, CNN, le New York Times et Reuters auraient aussi bloqué GPTBot.
Mouvement de blocage d’OpenAI des médias américains
D’autres géants de l’information et des médias sont cités comme ayant pris cette mesure. On parle de Disney, Bloomberg, The Washington Post, The Atlantic, Axios, Insider, ABC News, ESPN et The Gothamist, entre autres. Des éditeurs tels que Condé Nast, Hearst et Vox Media, qui hébergent des publications de premier plan, sont également mentionnés comme ayant pris des mesures défensives. En France, TF1, France Médias Monde (France 24, RFI) et Actu.fr sont présentés comme ayant fait le même choix.
Pour autant, l’intelligence artificielle générative déclenche un fort intérêt dans les médias radio. Radio France recevra en septembre le premier « hackathon » sur l’intelligence artificielle générative des médias publics européens. Cet atelier rassemblera les 25 et 26 septembre des personnes techniques et non techniques de tous les membres de l’UER (Union Européenne de radiodiffusion ou EBU European Broadcasting Union) pour découvrir ensemble comment l’intelligence artificielle générative peut être utilisée au profit des médias de service public. L’événement est organisé par Radio France à Paris.
Un hackathon sur l’intelligence artificielle générative dans la radio
L’atelier suit le principe du hackathon. Les équipes participantes s’affronteront en proposant des concepts innovants autour d’une thématique choisie. Les projets seront présentés et un jury décernera des prix à la fin. Les objectifs sont stimuler la pensée créative et l’échange d’idées. Il s’agit également de nouer des contacts avec des équipes similaires et échanger des idées et des conseils. L’événement est ouvert gratuitement aux employés des organisations membres de l’UER.
D’autre part, Sybille Veil annonce que Radio France innove afin de retranscrire les contenus du groupe et d’améliorer leur référencement et leur découvrabilité sur internet. C’est un enjeu clé à l’ère de la montée en puissance des Podcasts pour l’écoute des émissions de radio. La dirigeante indique également que Radio France travaille depuis deux ans avec l’Inria et l’Ecole Polytechnique sur le tri de la Data à grande échelle et l’utilisation d’un outil de vérification en temps réel des statistiques, y compris en direct.
