La modification des droits de douane américains serait-elle une chance pour les acteurs du Cloud et du numérique français ? Benjamin Revcolevschi, DG d’OVHCloud veut le croire alors qu’il s’exprimait le 8 avril sur le plateau de BFM Business. Le cours de bourse d’OVHCloud avait bondi les jours précédents.
OVHCloud n’a pas tous les services
Mais le diable est dans les détails et les faiblesses d’OVHCloud persistent. Le dirigeant les reconnait implicitement et s’emploie à les atténuer en particulier lorsqu’il s’agit de la profondeur des services proposés par OVH face à des géants tels que Google, AWS ou Microsoft. « Je ne vais pas vous dire que nous avons tous les services. On va rester humbles. Ils [les GAFAM] ont démarré avant, donc on rattrape » déclare-t-il.
Le DG souhaite toutefois souligner qu’OVHCloud propose déjà l’essentiel, c’est à dire ce que tout le monde utilise aujourd’hui dans le Cloud et les infrastructures Cloud. « C’est de la puissance de calcul, c’est du stockage de données, c’est les moteurs d’intelligence artificielle, c’est ces offres hyper résilientes, c’est les couches de sécurité. Et tout ça, nous l’avons développé » liste-t-il.
On a les offres dont 80% des gens ont besoin
OVHCloud pèse 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. « Nous avons 43 Data centers dans le monde. La moitié de ces data centers sont à l’international. Et on a aujourd’hui les solutions, les offres dont 80% des gens ont besoin sur le Cloud, c’est-à-dire le stockage de données, la puissance de calcul, les moteurs d’intelligence artificielle Open source que nous mettons à disposition, la résilience de trois data centers séparés de 20 km qui assurent la protection des données » souligne-t-il.
Le DG insiste sur la dynamique d’OVHCloud même s’il reconnait qu’il ne détient que quelques pourcents de parts de marché du Cloud en Europe. Il souhaite que cet impact soudain de la géopolitique avec la modification annoncée des droits de douane américains fasse prendre conscience aux dirigeants d’entreprise en Europe de la dépendance aux Clouds américains et de la possibilité que le robinet du numérique puisse être coupé.
Le marché est à la recherche d’alternatives aux géants américains
La hausse du cours de bourse d’OVHCloud « est probablement le signe que le marché cherche des alternatives crédibles sur le Cloud et avec un champion du Cloud européen, c’est OVHcloud » affirme-t-il. Le chemin paraît encore long pour OVHCloud ne serait-ce qu’au vu de la différence de ressources financières avec les géants américains.
Le DG souligne que la commande publique peut faire beaucoup plus dans le choix d’acteurs européens et il pointe que le choix du fournisseur de Cloud se prend au niveau de la direction générale. « C’est aujourd’hui des choix individuels d’entreprises. Pour moi, cela part de la tête. Ce sont les dirigeants d’entreprises, les dirigeants d’administration qui doivent montrer l’exemple » préconise-t-il. « Ce qui est sûr, c’est qu’il y a cette prise de conscience sur la dépendance aux services et aux solutions américains. Et aujourd’hui, on a une occasion d’avoir un peu ce réveil à différents niveaux » veut-il croire.
Appel à une prise de conscience des clients
Le DG reconnaît qu’OVHCloud n’a pas la taille ni la capacité d’investissement d’un acteur américain. « Ce qui est important, c’est de rester dans son couloir de nage. On a aujourd’hui un plan à exécuter. Et après, j’appelle à une prise de conscience des clients, publics et privés, de refaire le tour et de re-regarder quelles sont les solutions existantes, parce que l’image qu’ils avaient [d’OVHCloud] a changé. OVH Cloud a changé et il y a un champion européen du cloud qui s’appelle OVH Cloud » conclut-il. On est encore loin du but cependant. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies n’évoquait encore récemment qu’AWS, Google et Microsoft comme fournisseurs de Cloud.
Pourquoi les différents exploitants français de Cloud ne développent-ils pas de façon partagée, en synergie, les fonctions qui manquent à leur offre en comparaison avec les “grands” US ?
Dans cet article, je proposais un nouveau statut des logiciels permettant la rétribution des développeurs, un peu comme le fonctionnement de la SACEM