Les chauffeurs de taxi tiennent leur cadeau de Noël du gouvernement. Un décret contraint leurs concurrents, les VTC, à appliquer 15 minutes d’attente entre la réservation et le chargement d’un client.
Le décret du 28 décembre
Les VTC sont les nouveaux services de véhicule de tourisme avec chauffeur que l’on peut réserver via la géo-localisation de son téléphone mobile. Le décret est paru au journal officiel ce samedi 28 décembre pour une application à compter du 1er janvier 2014. Le décret est signé par Sylvia Pinel, ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme et par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur.
L’Autorité de la concurrence avait émis un avis largement négatif sur ce délai de 15 minutes le 16 décembre dernier, avec une argumentation dense sur 24 pages. L’Autorité considère que le monopole légal des taxis se limite au « marché de la maraude », c’est-à-dire la prise en charge de clients sur la voie publique. Elle considère en revanche que le marché de la réservation préalable n’a jamais fait partie du monopole des taxis.
Pas d’ouverture côté Arnaud Montebourg
Lors du récent événement LeWeb du 12 décembre, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, avait été interrogé sur le sujet. Il affirmait qu’il fallait trouver un équilibre dans la réglementation en tenant compte des enjeux pour les chauffeurs de taxi, et en particulier du coût de leur licence. Pressé de trouver une réponse, il avait été incapable de trancher sur la question du délai de 15 minutes.
Deux représentants des fonds d’investissement qui l’interviewaient avaient souligné que ce délai de 15 minutes allaient contre l’intérêt des clients – ce que Arnaud Montebourg avait reconnu – et que brider l’innovation issue des sociétés de VTC empêchait de créer de l’activité, de nouveaux services et de l’emploi. Ce que l’Autorité de la concurrence indique également à sa façon.
Assouplir les contraintes sur les taxis
L’Autorité de la concurrence estime que la vraie réponse à apporter est d’assouplir les modalités de tarification des taxis, en cas de réservation préalable, pour leur permettre de rivaliser avec les offres des VTC, mais pas de pénaliser ces dernières par une réglementation qui inhiberait leur développement voire leur maintien sur le marché. C’est une possibilité de résoudre le manque de taxis à certaines heures qui a été ratée par le gouvernement.
Uber, le leader des sociétés de VTC en France
En décembre 2013, il y avait 6515 entreprises de VTC immatriculées en France, avec une forte concentration en île de France (près de 50 %) et en région PACA (près de 18%), détaille l’Autorité de la concurrence dans son avis du 16 décembre.
Ces sociétés exploitaient 12 404 véhicules et employaient 13 962 chauffeurs. Très nombreuses, ces sociétés sont très différentes les unes des autres, à la fois par leur taille et leur modèle économique. Le leader sur ce marché des VTC est la société Uber souligne l’Autorité.
Uber n’exploite pas directement des VTC mais propose une plate-forme de mise en relation, via une application mobile, entre les clients et ses 1000 chauffeurs indépendants qui lui reversent un pourcentage du prix de la course. La société LeCab, qui dispose d’une flotte de 300 VTC, fonctionne elle aussi avec des chauffeurs indépendants et se rémunère par une commission sur le prix de chaque course, complétée, le cas échéant, par le loyer pour la location de la voiture. C’est également le modèle de la société Chauffeur-Privé, à laquelle 400 chauffeurs indépendants sont affiliés. En revanche, une autre société de VTC, Voitures Jaunes, est propriétaire de ses 60 voitures et salarie ses 90 conducteurs.