Les médias sociaux sont là pour longtemps
Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à la perspective que trace Richard Branson, l’emblématique créateur de Virgin : « Adopter les médias sociaux n’est pas juste histoire de s’amuser. C’est un moyen vital de communiquer, de rester éveillé à la réalité du terrain et de faire progresser ses affaires ».
La phrase émane d’un patron célébrissime, mais elle ne concerne pas que les stars des pages saumon des quotidiens économiques ni des sondages médiatiques. Elle s’applique également à toute personne en charge de l’évolution stratégique d’une organisation quelle que soit sa taille, son secteur ou son chiffre d’affaires.
Bien que d’aucuns s’obstinent à repousser l’échéance et à réduire la vague digitale à un truc de geek en baskets et t-shirt funky, les chiffres ont été implacables en 2013 en matière d’usage des réseaux sociaux et plus généralement du Web collaboratif.
Chaque jour apporte son lot de nouveaux convertis et de nouveaux outils court-circuitant les schémas pyramidaux traditionnels. En guise d’illustration, citons Twitter où chaque mois, 231 millions d’utilisateurs sont actifs à raison de 170 minutes mensuelles en moyenne (1). Autre statistique éloquente : 15,8% du temps passé sur Internet (2) est consacré à des activités sur Facebook ! Le phénomène est massif et irrigue le pouls sociétal à tout moment et à tout propos.
Attention, risque de décrochage patent !
Attention, décrochage en perspective !
Fin décembre, Laure Belot, journaliste au Monde, a publié une magistrale enquête sur la déconnexion des élites françaises face au numérique. Nourri par d’abondants et sagaces témoignages, le long article met en évidence le décrochage en train de se produire entre ceux qui ont fait du digital un outil de sociabilisation, d’information, de partage, d’innovation et les élites dirigeantes totalement biberonnées avec leurs paradigmes cartésiens et pyramidaux.
Cofondateur de la plateforme d’économie collaborative OuiShare, Antonin Léonard formule un constat sans appel (3) : « Les citoyens s’emparent d’Internet pour agir différemment et réinventent la société à leur échelle. Sans même le chercher, ils questionnent l’organisation pyramidale gouvernée par les sachants ». Une vision que corrobore pleinement le co-président d’Ipsos, Jean-Marc Lech (4) : « C’est le bas qui pousse. Cette société de liberté déborde toutes les élites, sans aucune culpabilité ».
L’actualité de 2012 et 2013 a d’ailleurs fourni moult exemples de mouvements issus des réseaux numériques et faisant fi des intermédiaires classiques comme les syndicats, les chambres professionnelles, les médias, etc. Qu’il s’agissent des « Pigeons », des « Bonnets Rouges » ou des pétitions en ligne, toutes ces expressions débordent et prennent de court les pouvoirs politiques, économiques et médiatiques engoncés dans leur tour d’ivoire qui ne s’aventure plus guère au-delà du périphérique parisien.
Directrice générale d’Ipsos France, Dominique Levy-Saragossi confirme ce décalage croissant auquel s’exposent les dirigeants dans leur compréhension de la société (5) : « Les consommateurs sont ultra-connectés. Alors qu’en face, ces élites voient le boncoin.fr comme un épiphénomène et sont dubitatives sur l’essor du crowdfunding ».