Les logiciels et l’IA, chouchoutés par les investisseurs en France en 2024

Arthur Mensch, patron de la startup de l'IA générative Mistral.ai

Les sociétés de la French Tech ont réalisé 723 opérations de levées de fonds pour un montant de 7,77 milliards d’euros en 2024, selon le cabinet EY. C’est une baisse de -7% en valeur par rapport à 2023.

Le secteur des logiciels, l’Intelligence Artificielle (IA) en tête occupe largement la première place avec 3 milliards d’euros de financement. A l’échelle européenne, la France occupe toujours la première place côté investissements mais l’écart se réduit avec l’Allemagne qui bénéficie en outre d’une bien meilleure dynamique que l’hexagone (+11% sur les investissements en 2024).


Un contexte politique instable en 2024

Il faut dire que les startups françaises ont du faire face en 2024 à un contexte économique et politique instable. Les levées de fonds ont montré des signes de reprise au premier semestre 2024, mais cela a fait long feu et au deuxième semestre il y a eu un recul de -14 %.

Une poignée de startups captent une forte proportion des investissements. Il s’agit de deux startups de l’intelligence artificielle, Mistral AI (468 millions d’euros) et Poolside (453 millions d’euros). EY classe Poolside dans les startups françaises, d’autres la présentent comme une startup américaine. La startup crée des IA pour le développement de logiciels par les informaticiens. On pourrait d’ailleurs évoquer les mêmes doutes sur la réelle nationalité de Mistral.



On relève également les levées de fonds d’Electra (304 millions d’euros) pour des bornes de recharge rapide des véhicules électriques, HR Path (250 millions d’euros) pour la gestion des Ressources Humaines en entreprise, et HysetCo (200 millions d’euros), spécialisé dans l’hydrogène employé pour la mobilité, une voie critiquée par certains spécialistes comme Jean-Marc Jancovici, qui la considèrent comme peu efficace d’un point de vue énegétique.



Accélération des projets autour de l’IA générative

En 2024, les secteurs qui ont tiré leur épingle du jeu sont les logiciels. Les fonds levés dans le secteur atteignent 3 milliards d’euros, en forte progression (+46 % par rapport à 2023) malgré un nombre d’opérations stable. Principal facteur d’explication : l’accélération des projets autour de l’IA (intelligence artificielle) générative.  

Autre secteur important, les greentech où les fonds levés s’élèvent à 1,9 milliards d’euros, mais c’est une forte baisse en valeur (-29 %), malgré une progression en volume (+32 %). En revanche, les levées de fonds  pour les fintechs  sont en nette croissance, avec 840 millions d’euros (+32 % en valeur), c’est le marqueur d’un retour en force des fintechs.  

Deux secteurs sont en recul. Il s’agit des sciences de la vie (life sciences) avec des levées de fonds de 811 millions d’euros (-17 % en valeur) et les services internet avec des levées de fonds de 535 millions d’euros (-38 % en valeur).  En France, l’île de France capte 67 % des investissements en valeur, la région Auvergne-Rhône-Alpes attire10 % des investissements en valeur et la Nouvelle-Aquitaine représente 6 % des investissements en valeur.

Les Etats-Unis mettent tout leur poids sur l’IA générative
 
On ne peut que noter la différence de puissance entre l’Europe et les Etats-Unis. En particulier en ce qui concerne l’’IA générative. Les États-Unis représentent plus de 38 milliards de dollars levés dans ce domaine (c’est + 52 % par rapport à 2023), or dans le même temps, l’Europe ne représente que 4,1 milliards de dollars pour les startups européennes même si c’est plus du double de 2023. La France dans ce domaine fait jeu égal avec le Royaume-Uni – à 1,6 milliard de dollars –, grâce à des leaders tels que Mistral IA ou Poolside.  


Pour l’année 2025 à venir, l’étude EY souligne la différence d’approche qui risque de pénaliser l’Europe face aux Etats-Unis. Selon EY, en 2025, les États-Unis bénéficieront « probablement » d’un contexte géopolitique favorable aux innovations de rupture telles que l’intelligence artificielle, la blockhain (et les cryptomonnaies), et la spacetech (les technologies de l’Espace). A l’inverse, l’Union européenne a choisi un autre chemin. Elle développe un modèle économique de croissance fondé sur une législation qui régule l’intelligence artificielle et pousse à développer des technologies afin d’accompagner la transition écologique et énergétique du vieux continent.

Au final, l’intelligence artificielle générative a rebattu les cartes, propulsant les logiciels en tête des secteurs, tandis que les GreenTech ont connu un recul en valeur. En Europe, la France reste leader mais voit son avance sur l’Allemagne se réduire. À l’échelle mondiale, les États-Unis consolident leur domination, notamment grâce à l’IA générative, tandis que l’Europe continue de ralentir.

Pour 2025, la compétition internationale s’intensifie avec des visions divergentes entre l’innovation de rupture pour les Etats-Unis et une croissance régulée pour l’Europe. A ce stade, on ne voit pas comment l’Europe pourrait parvenir à créer de la richesse au vu des orientations prises qui consistent principalement à réguler les technologies vendues par les Etats-Unis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *




L'événement digital

Les logiciels et l’IA, chouchoutés par les investisseurs en France en 2024
Arthur Mensch, patron de la startup de l'IA générative Mistral.ai

Les logiciels et l’IA, chouchoutés par les investisseurs en France en 2024

Les sociétés de la French Tech ont réalisé 723 opérations de levées de fonds pour un montant de 7,77 milliards d’euros en 2024, …