L’IA générative n’a plus que 5 ans à vivre. Les grands modèles de langages, les LLMs (Large Language Models) popularisés par OpenAI ne sont pas l’avenir de l’intelligence artificielle, déclare Yann Lecun, Chief AI Scientist chez Meta. Pour cet expert, il manque quatre caractéristiques aux LLMs : comprendre le monde réel, avoir une mémoire persistante, raisonner et planifier.
D’ici 5 ans, les gens qui ont toute leur tête n’utiliseront plus les LLMs. « Ma prédiction est que personne sain d’esprit ne va utiliser les LLM peut être d’ici 5 ans. Ils seront dépassés » affirme le spécialiste. Il a pris la parole le 22 mai à l’occasion du salon Vivatech 2024, à Paris. Yann Lecun est directeur de Fundamental AI Research (FAIR), le centre de recherche européen de Meta basé à Paris et dédié à l’intelligence artificielle. Il est lauréat du prix Turing 2018.
Les LLMs sont un outil très utile
Pour lui, les LLM sont une bretelle de sortie sur l’autoroute qui mène à la véritable intelligence artificielle du niveau de l’être humain. Pour autant, il considère que c’est un outil très utile. La preuve, Meta travaille sur ces outils, dit-il. Il n’est pas nécessaire d’être intelligent pour être utile, insiste-t-il.
« Les outils n’ont pas nécessairement besoin d’être intelligents dans tous les sens pour être utiles »
« Pour les étudiants qui sont intéressés par la recherche en intelligence artificielle pour la prochaine génération de systèmes d’IA, je leur dis de ne pas travailler sur les LLM » déclare-t-il. « Ça ne sert à rien de travailler sur les LLM. C’est dans les mains des divisions produits dans les grandes entreprises. Il n’y a rien que vous puissiez apporter à la table. Vous devriez travailler sur la prochaine génération de systèmes d’IA qui lèvent les limitations des LLMs dont nous avons tous une idée de où elles sont » glisse-t-il avec un sourire.
Les spécialistes LLMs de Meta sont dans l’équipe produits pas dans l’équipe de recherche
Chez Meta, les personnes en charge des LLMs ont été placées dans la division produits et ont quitté l’entité en charge de la recherche sur l’IA, FAIR (The Fundamental AI Research). Au début de 2023, Meta a créé une division produit pour l’IA générative. C’est l’organisation qui a produit les LLMs Llama et Meta AI qui sont les systèmes intelligents et de génération d’images et de vidéos de Meta.
« Soixante à soixante dix personnes de FAIR ont été transférées à ce groupe produits »
Pour lui, c’est une bonne chose que les experts LLM aient été transférés dans l’équipe produits. « Cela a permis à FAIR de se refocaliser sur de la recherche de plus long terme, et ce que sont les systèmes d’IA de prochaine génération » se félicite-t-il. Il dresse alors les quatre limitations des LLMs. « Comment faisons nous pour bâtir un système d’IA qui comprenne le monde réel, qui ait une mémoire persistante, qui peut raisonner et planifier. Ce sont 4 caractéristiques d’un comportement intelligent que les LLMs ne savent basiquement pas faire, ou qui ne peuvent le faire que d’une manière très superficielle et approximative » souligne-t-il.
La recherche fondamentale de Meta se focalise sur l’IA au niveau de l’humain
Pour lui, ce sont les quatre défis de l’IA pour les prochaines années, peut être la prochaine décade. « C’est sur cela que FAIR est maintenant focalisé. Nous avons besoin de la génération suivante. Et vous verrez certaines de ces recherches filtrer dans Llama 4, 5, 6 peut être mais au final traçant une voie vers des systèmes d’IA du niveau de l’intelligence humaine et peut être même d’une intelligence super humaine » annonce-t-il.
Yann Lecun pour sa part travaille sur l’« objective driven AI », l’IA pilotée par objectif. C’est un concept très général. Ce n’est pas une idée nouvelle mais cela peut être la future architecture d’un système d’IA qui peut être capable de raisonner et planifier et qui comprend le monde physique selon lui. « L’intéressant est que ce n’est pas une architecture générative, il n’inclut pas de LLM. Il inclut des modèles du monde et il peut planifier et raisonner » conclut-il.