Que ce soit Carrefour, Bouygues, Accenture ou Leclerc, l’heure est à immerger les dirigeants dans le métavers, pour des sessions de recrutement ou une expérimentation au niveau du codir. L’apparence encore rustique de ces univers virtuels et leurs limitations suscitent cependant de nombreuses critiques de la part des observateurs.
Carrefour recevait des diplômés de Polytechnique et de l’IMT Business School dans son métavers
Le 18 mai dernier, c’est Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, qui accueillait des diplômés de Polytechnique et de l’IMT Business School, car Carrefour veut recruter plus de 3000 Data Scientists et Data Analysts d’ici 2026. « Nous avons besoin de vous. Mon rôle est de vous convaincre de nous rejoindre » a-t-il déclaré, alors que son image filmée était diffusée sur un écran dans le métavers et que son avatar se déplaçait dans l’univers virtuel aux côtés des candidats.
Faire passer un entretien d’embauche face à la mer à Paris : je faisais aujourd’hui mes premiers pas dans le Metavers, sous les traits d’un drôle d’avatar, avec de jeunes candidats data analysts ou data scientists…
— Alexandre Bompard (@bompard) May 18, 2022
Carrefour innove, apprend, surprend ! pic.twitter.com/7ypYEW2vzZ
Les jeunes diplômés ont rencontré les équipes numériques d’Elodie Perthuisot dans le métavers
« C’est le premier événement de recrutement de Carrefour dans le métavers » s’enthousiasme Alexandre Bompard. « C’est très rafraîchissant et dépaysant » poursuit-il. Le PDG aime être là où ça bouge, où ça se transforme, où ça innove. « J’essaie de faire des choses nouvelles en les abordant toujours avec humilité et beaucoup d’envie. C’est ce qui me motive et je suis certain qu’il en est de même pour vous » a-t-il lancé aux diplômés.
Un comité de direction générale dans le métavers chez le groupe Bouygues
Fin avril dernier, c’est Olivier Roussat, DG du groupe Bouygues, qui se réjouissait pour sa part, de tenir son premier comité de direction générale du groupe et des métiers dans le métavers, en étant muni de lunettes de réalité virtuelle et de deux contrôleurs manuels. « Cette première expérience immersive nous permet de prendre un tournant interactif facilitant les échanges, et ouvre de nouvelles perspectives pour notre groupe et ses activités » déclarait-il.
Qu’est que cela apporte au Codir ne serait-ce que par rapport à une visioconférence ou une réunion de type Zoom ?
Un autre estimait qu’il est difficile de comprendre l’usage du métavers pour les plus de 35 ans. « Demandez à vos parents ce qu’ils pensent de votre manière de travailler aujourd’hui entre email, réseaux sociaux, mobile, réunion vidéo, etc. ? » Quant au directeur financier d’une grosse startup, il tranchait : « absolument aucun intérêt à mon avis. » Un autre responsable qui a déjà utilisé ce type de système de réalité virtuelle, y voit des avantages malgré les limites des métavers, en particulier dans ce qui concerne l’accès au langage corporel.
Il manque le langage coporel et l’univers est laid et triste
« J’ai déjà utilisé des systèmes de réalité virtuelle comme Virbela pour deux journées de portes ouvertes de l’école des Arts et Métiers, où nous accueillions les élèves et Alumni, avec chacun son avatar personnalisé. C’était ludique, vivant quoique limitatif » réagissait-il. « Maintenant, faire un Codir ou un Comex dans un métavers, cela me parait certes intéressant mais il y manquera le ‘body language’, les réactions immédiates du visage, les postures corporelles, etc. Je trouve qu’on apprend toujours du comportement physique et émotionnel des personnes avec qui on interagit, et force est de constater que cela passe mal en réalité virtuelle et dans le métavers. ».
« Cet environnement virtuel est encore plus laid et triste qu’une salle de réunion classique«
Les expériences peuvent être axées sur la formation et la montée en compétences, sur le comportement humain et la gestion des risques, la production en milieu industriel, le prototypage, la médecine, etc. Par ailleurs, toujours en avril 2022, ce sont les collaborateurs du Codir de E.Leclerc qui ont tenté l’expérience du métavers « Future of Work » afin de comprendre le fonctionnement et les enjeux de collaboration pour le groupe et ses adhérents magasins. Cette découverte pour la plupart a été réalisée dans les locaux du siège parisien accompagné pas le Président de Meta France. L’expérience était menée avec VR-Académie, spécialisé dans les événements métavers.