Le secteur de la fintech et de l’assurtech en France est en forte croissance. C’est ce que montre le palmarès Fintech 100 établi par Truffle. Cette 2ème édition du palmarès a été présentée par Bernard-Louis Roques, co-fondateur et directeur général de Truffle Capital, le 4 avril.
Des financements fortement réduits et une activité à la hausse
La situation est paradoxale, car d’un côté les financements se sont réduits alors que de l’autre côté, le chiffre d’affaires augmente. « Il y a une raréfaction des capitaux. On est passé à au-delà de 1 milliard d’euros de capitaux levés sur les 100 sociétés du classement en 2022 contre 3 milliards en 2021 » reconnaît Bernard-Louis Roques. « Et d’un autre côté, on voit une hyper croissance, avec 80% de croissance » se réjouit-il. Le secteur fintech pèse 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires. « Il y a 40% de création d’emplois, en passant globalement de 10 000 en 2021 à 14 000 à 2022 » poursuit-il.
« On pense que la croissance va continuer à des niveaux très élevés, 50% probablement sur l’année 2023«
Ce positionnement sur la technologie s’accompagne de l’usage de modèles économiques issus de ceux des sociétés de la technologie selon le DG. « Nous sommes dans un modèle économique de la tech, avec des revenus récurrents pour 61% des sociétés qui ont des revenus récurrents qui constituent la majorité de leurs revenus » explique-t-il. Par ailleurs, pour une fois, la régulation européenne du secteur qu’il s’agisse des sociétés de la finance ou de celles de l’assurance apparaît comme une protection contre la technologie américaine.
Un développement en Europe et nettement moins en Amérique du Nord
Le développement s’effectue en Europe.. « Ces sociétés de la fintech sont très tôt internationales, 57% ont une implantation à l’international, principalement en Europe pour cette question d’agréments [NLDR : agréments réglementaires]. Ces sociétés ne vont pas à la conquête de l’Amérique immédiatement, elles passent d’abord par l’Europe » retient-il. Dans le détail de l’étude Fintech 100, le secteur des Fintech affiche une croissance de son activité de +80% en 2022 avec un effectif total en hausse de +37%. Les levées de fonds du secteur ont pourtant diminué de -63% en 2022 en s’établissant à 1,1 milliard d’euros.
L’étude révèle une concentration des activités sur le service client « B to B to C »
L’enquête estime que l’enjeu pour ces fintechs consiste avant tout à développer une technologie propriétaire pointue, capable de créer de la valeur en érigeant des barrières à l’entrée. Le classement relève que 37% des entreprises du secteur affichent un budget de R&D supérieur au tiers de leur chiffre d’affaires. C’est le double du niveau observé dans le secteur des logiciels également suivi par Truffle.
Le segment du paiement est la première activité du secteur
Le segment des paiements rassemble 23% des fintechs. Il montre de nombreuses innovations et constitue la première activité du secteur. En cause également, une facilité d’intégration des applications qui accélère le processus d’adoption. L’assurtech, deuxième segment de l’enquête, prend également de l’ampleur grâce à un volume d’affaires en constante progression.
En troisième position, on trouve les services financiers aux entreprises et spécifiquement les services aux petites entreprises
Pour accompagner ce développement de l’activité par des recrutements, les fintechs devront néanmoins réussir à proposer des conditions de travail compétitives pour faire face à la concurrence des grands acteurs de la tech. « Depuis 2015, les levées de fonds se sont multipliées pour atteindre, malgré une baisse en 2022, un cumul de près de 6,2 milliards à la fin de 2022 » pointe Maximilien Nayaradou, DG de Finance-Innovation.
Vers des relations apaisées entre fintechs et grandes banques
Enfin, Frédéric Burtz, Chief Technical and Innovation Officer du Groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne) ajoute : « Cette enquête révèle que la moitié des fintechs interrogées ont noué un partenariat avec un groupe bancaire et qu’en même temps, 57% d’entre elles vont consacrer plus de 20% de leur chiffre d’affaires à la R&D. » Pour lui, les fintechs innovent et elles ont besoin des banques.
« La nature des partenariats entre les fintechs et les banques a considérablement évolué ces dernières années. Les banques, acteurs tiers de confiance, offrent un accès aux clients et les fintechs apportent des solutions innovantes » plaide-t-il. Il se montre partisan du soutien de l’Open banking et de la plate-formisation des services, pour offrir des solutions innovantes aux clients.