Une nouvelle couche logicielle intelligente va équiper nos smartphones. Elle analysera le contexte où l’on se trouve afin de nous proposer les bons choix. C’est ce qu’annonce le PDG de Snips, une startup qui a gagné ses lettres de noblesse avec l’application Tranquilien de la SNCF.
Le téléphone mobile devient encore plus intelligent. Il va apprendre de ses interactions avec nous et vouloir faire notre bien. C’est ce qu’annonce Rand Hindi, PDG de Snips.
Cette startup est connue pour son application mobile innovante développée pour la SNCF afin de prévoir le nombre de places assises dans les trains de banlieue. Il est intervenu lors de la conférence papi connect, le 21 mai, à Paris.
Les Apps stores dépassés
Une couche d’intelligence logicielle apprenante, qui réagit en fonction du contexte de l’utilisateur va proposer des services avant que l’on en ait besoin. Il suffira de se laisser guider plutôt que de penser applications, et d’aller chercher une App dans des Apps Stores de plus en plus touffus.
Mieux, tous les objets communiquant pourront, si l’utilisateur le désire, partager un contexte commun, et interagir pour son bien. La couche d’apprentissage s’exécutera sur le téléphone, sans nécessiter de transfert des données personnelles, ouvrant ainsi la voie à un assistant personnel de nouvelle génération.
L’importance du « contexte »
La startup Snips s’est faite connaitre par son application Tranquilien, développée avec les données de la SNCF suite à un hackaton. Cette application prévoit l’affluence des voyageurs dans chaque train, en fonction des données passées et du contexte.
Chaque utilisateur peut également contribuer de manière volontaire en informant l’application de l’occupation du train qu’il prend. Le plus dur a été de concilier les aspects technologiques, en l’occurrence le Big Data et le Machine Learning, et la conception d’un modèle d’interaction prenant en compte le contexte.
Temps d’attente à la Poste
Autre étude menée par Snips : la prédiction du délai d’attente des bureaux de La Poste. De nouveau, la description du contexte a été primordiale. Les conditions météorologiques jouent un rôle important ainsi que les périodes mensuelles.
Par exemple, le versement des allocations mensuelles par l’état entraîne un afflux de bénéficiaires dans les bureaux de Poste pour récupérer leur argent. Snips a été capable de prévoir avec 90% de précision le temps d’attente, en minutes, que les personnes passeraient à la Poste.
Le contexte
Cette jeune société innove en définissant le contexte. Il s’agit d’affiner un modèle de prédiction en pondérant les éléments à prendre en compte. Par exemple, cela concerne les conditions météorologiques, le positionnement de la gare dans la ville et sa desserte ou les commerces qui l’entourent. Tous ces éléments concourent à définir le contexte.
De même, un concert de Lady Gaga ou un match de football sont des événements perturbateurs à prendre en compte. Au global, Rand Hindi PDG de Snips, définit un contexte comme étant la composition de quatre éléments.
Tout sur l’individu
Il s’agit ainsi du matériel utilisé (smartphone, objet connecté, ordinateur personnel), de l’individu lui-même (ses caractéristiques, ses centres d’intérêts, ses usages, son agenda), de son environnement (sa géo-localisation, le lieu et l’heure, son occupation) et bien entendu de son environnement social.
En utilisant ce contexte et en le croisant avec les contextes précédents et ceux des autres individus, on crée l’assistant personnel parfait qui peut prédire vos intentions. Cet assistant personnel, conscient désormais du contexte d’un individu, n’est pas une application. Il doit être vu comme une couche d’intelligence omni-canal disponible de manière permanente.
Rendez-vous amoureux
Il reste alors à revoir les interactions homme-machine et à définir comment valoriser cette couche logicielle consciente. Ainsi, si vous avez un dîner en amoureux, votre téléphone devrait pouvoir désactiver les notifications et les alertes sur votre montre. Une montre qui enregistre votre rythme cardiaque.
Que l’individu soit en mobilité, ou à la maison, qu’il souhaite partager son contexte sur tous ses terminaux ou pas, c’est à lui de choisir. Snips se donne alors la mission de proposer des services intelligents, que chacun utilisera à sa guise.
Comment s’y retrouver
Cette couche d’intelligence vous aidera à vous y retrouver parmi les dizaines d’applications que vous stockez sur votre smartphone. Elle le fera en les mettant en valeur en fonction de votre contexte. C’est ce que fait déjà de manière basique Aviate créé par Yahoo. Ou elle le fera en vous permettant de rechercher les applications qui vous seraient nécessaires.
Snips a d’ailleurs imaginé une solution innovante de recherche dans les App Stores. Mais le but ultime de Snips est que l’individu n’ait plus conscience des applications qu’il utilise, ni qu’il ait à réaliser d’effort de téléchargement ni à saisir des données qui sont déjà disponibles dans le contexte.
Vos données confidentielles
Cette couche logicielle intelligente et apprenante sera installée sur les terminaux des individus, et utilisera la puissance de calcul pour ne pas avoir à transmettre de données privées. « On peut d’ores et déjà faire s’exécuter des algorithmes de Machine Learning sur un smartphone, » annonce Rand Hindi.
« Et d’ici cinq ans, les entreprises qui continuent de collecter des données privées auront disparu, » pense-t-il. Un récent article du MIT (Massachusetts Institute of Technology) présente d’ailleurs une innovation de Synopsys, qui propose à tous ses clients les plans d’un module de Deep Learning à intégrer dans les processeurs.
Des béta testeurs
En attendant de réaliser sa vision, Snips débute par rendre nos smartphones « context aware ». Après son intervention, nombreux sont ceux qui se sont inscrits pour participer à l’évaluation privée de la nouvelle offre de Snips qui recherche des bêta-testeurs dans quelques grandes villes, dont Paris.
Photo : Rand Hindi, PDG de Snips, le 21 mai à Paris (à droite), avec Louis Dorard, organisateur du salon Papi connect.
William El Kaim
William El Kaim est expert reconnu de la transformation digitale. Consultant indépendant, et auteur pour la Revue du Digital, il a exercé les responsabilités de "Marketing Technology Director" dans le domaine du voyage d'affaires. Il a contribué à l'invention de multiples concepts et produits digitaux, ainsi qu'au déploiement réussi d'un réseau social d'entreprise.