Le PMU s’apprête à fonctionner à 100% dans le Cloud public

Stéphane Zantain, directeur des opérations et des systèmes d'information, PMU

Après avoir refondu ses interfaces digitales, ses applications et ses sites web, le PMU affiche une feuille de route informatique de grande ampleur. « Nous avons décidé de refondre le système d’information des points de vente, les bornes de paris et les terminaux des points de vente » déclare Stéphane Zantain, directeur des opérations et des systèmes d’information du PMU. Il a répondu aux questions de La Revue du Digital le 10 juillet.

Le système de calcul des paris sera porté dans le Cloud public

« C’est en cours et bien avancé, avec les premiers terminaux qui sont dans les points de vente. Nous avons décidé aussi de refaire notre système de calcul » ajoute-t-il. Le calcul des paris ne doit ainsi pas rester en Cobol sur des serveurs AIX mais être développé en micro services dans le Cloud public d’Amazon (AWS). Il s’agit d’une énorme transformation du système d’information du PMU qui est en cours. L’usage de serveurs AIX – l’Unix d’IBM – provient du portage de l’ancien grand système d’IBM qui était autrefois utilisé par le PMU jusqu’en 2016.

« Nous sommes en train de tout réécrire dans AWS avec des technologies modernes »

« Nous sommes en train de tout réécrire dans AWS avec des ‘stacks’ et des technologies modernes. Cela se réalise dans une organisation agile à l’échelle qui nous permet de nous rapprocher des métiers et de coordonner les différents projets. Nous avons une assez grosse feuille de route sur 3 ans sur le système d’information du PMU » confirme-t-il. Le système d’information  constitue un tiers des équipes du PMU, et représente de 400 à 450 personnes entre les équipes internes et les externes. Le PMU enregistre 1 milliard de transactions auprès de ses parieurs par an. Cela représente la moitié des retraits par carte bancaire en France.

« Nous sommes en train de tout centraliser sur une architecture Data Lake dans le Cloud d’Amazon. Cela veut dire du stockage d’assez bas niveau dans S3 et nous récupérons notre patrimoine de code, en recréant tous les Data sets dans un seul endroit » décrit-il.  Le PMU fait le ménage et est en train de se débarrasser de ses bases de données historiques de type DB2, Oracle, etc. Dans le même temps, la douzaine d’outils de visualisation de données employés jusqu’alors sont standardisés sur 2 outils de visualisation.

Deux outils retenus pour manipuler les données, Qlik et Dataiku

Il s’agit de Qlik d’une part pour réaliser du reporting et d’autre part de la plateforme Dataiku. Celle-ci sert à la fois à effectuer du Data Mining et de la Data science, puis d’industrialiser et d’automatiser des modèles. « Par exemple, nous sommes en train d’automatiser des modèles autour du risque de départ de nos clients, le ‘churn’. On peut avoir l’impression qu’au PMU, il s’agit toujours des mêmes clients. En fait, pas du tout. Nous avons des entrées et des sorties très régulières comme dans n’importe quelle activité » présente le DSI.

Le PMU développe des modèles afin de détecter les clients qui pourraient quitter les paris

Le PMU essaie de comprendre quand les gens sont en en train de se désintéresser et risquent de partir, et avoir une réponse adaptée, en fonction de qui sont ces clients et de leurs historiques. « C’est important, et il ne fait pas compter les points six mois plus tard quand c’est trop tard. Ce sont les modèles que nous sommes en train de mettre en œuvre basés sur Dataiku. Cela permet d’industrialiser des modèles de façon assez simple » explicite Stéphane Zantain. Le PMU possède une expertise sur la donnée car le calcul de paris est un métier de statisticien. Quant à la personnalisation de la relation client, le PMU fait appel à la société Artefact, spécialiste du domaine.

Technologiquement, le PMU est en train de basculer l’ensemble de ses applicatifs dans le Cloud public AWS avec ce que cela soulève comme questions de sécurité, et de transformation des équipes qui travaillent aujourd’hui sur l’infrastructure informatique. « C’est la révolution » résume le DSI. Le code Cobol existant ne sera pas traduit ni porté dans le Cloud Amazon. Le PMU est en train de repenser son système complètement en micro services. « Notre migration vers le Cloud s’est faite en deux temps. Nous avons migré l’online, c’est à dire toute la partie digitale, web et mobile. Cela nous a permis de progresser » établit Stéphane Zantain.


Réécriture du système de paris et de gestion des clients

C’est ainsi que près de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires  passent par le Cloud public d’Amazon. « Mais le système de paris était resté le même. Là nous sommes en train de réécrire notre système de paris et de gestion des clients et notre système d’information points de vente sur Amazon. Ce système d’information points de vente était un système en client serveur des années 80, écrit en C ou en C++ » présente-t-il.

« Nos équipes se sont formées sur Amazon WS lors de la migration de la partie online »

« Ce système d’information est en train de devenir un objet web avec des problèmes complexes d’informatique embarquée parce que ce sont des automates, mais l’applicatif devient web. C’est de la réécriture.  La migration que nous avons faite au début de la partie online nous sert aujourd’hui parce que les équipes sont devenues fortes » indique-t-il.  

Les équipes informatiques du PMU sont ainsi devenues compétentes sur le sujet d’AWS et les services que l’on peut utiliser. « Cela nous a permis de normer la façon dont on voulait construire l’infrastructure sur le Cloud, de gérer les problèmes de sécurité, la gestion des images système, etc. » liste-t-il. Le PMU utilisait un Data Lake Hadoop avec Cloudera, et il est en train de s’en extraire. Il utilise le stockage standard S3 d’Amazon et son outillage.

La méthode agile à l’échelle employée au PMU

Pour le DSI du PMU, ce qui est clé dans la transformation actuelle de l’entreprise c’est la qualité des équipes. « Je crois qu’en IT la productivité dépend d’une chose, ce sont des équipes heureuses, c’est-à-dire qui sont motivées et qui vont dans une direction. Il est très difficile de mesurer la productivité en informatique mais cela se joue là » déclare-t-il.

Les 400 personnes de la DSI travaillent en méthode agile à l’échelle. « Nous avons fait le choix de piloter nos projets et de ne pas les réaliser au forfait. Tout l’encadrement est chez nous. Nous avons décidé de prendre notre destin en main » présente Stéphane Zantain. « La qualité des équipes, l’envie de faire du code de bonne qualité, cela habite le PMU » souligne-t-il. Il a mis en place les méthodes agiles à l’échelle. Au PMU, cela veut dire 40 daily meetings et des PI (Program Increment) plannings tous les 3 mois.

« Cette transformation agile à l’échelle a dépassé mes attentes. C’est encore mieux que ce je pensais » se réjouit-il. Il cite la qualité de la relation avec le métier, le fait de parler la même langue que lui, d’obliger finalement les développeurs à exprimer les objectifs dans une langue que tout le monde comprend, d’obliger le métier à se plonger dans les problématiques IT et de prioriser aussi parce que les capacités ne sont pas infinies. « Cela a incroyablement marché » souligne-t-il. Le DSI ne croit pas trop à la relation client fournisseur entre l’IT et les métiers. Il préfère que l’on ne parle pas de « client interne » autour de lui, sinon cela veut dire que c’est foutu. « Les clients ce sont les parieurs. En interne, j’ai des collègues. Le marketing a autant envie de la réussite du PMU qu’un gars de l’IT, du commerce ou de la finance » termine-t-il.  






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