Spartoo est un e-commerçant spécialisé dans la vente de chaussures sur internet. Son site web est accessible dans 13 pays de l’Union européenne. Spartoo est sanctionné d’une amende de 250 000 € par la Cnil pour son mauvais respect du règlement général sur la protection des données (RGPD). L’avis publié par la Cnil permet de mieux identifier les domaines à regarder de près.
Un contrôle coordonné sur 13 pays européens
La Cnil a contrôlé le commerçant en mai 2018, et a constaté des manquements concernant les données des clients, des prospects et des salariés. La Cnil a donc décidé d’engager une procédure de sanction à l’encontre de la société en 2019. Etant donné que les clients et les prospects de Spartoo sont situés dans plusieurs pays européens, la Cnil a coopéré durant la procédure avec les autres autorités européennes concernées afin de décider de la sanction. Spartoo est considéré comme ayant manqué à plusieurs obligations du RGPD.
L’enregistrement permanent et intégral des appels téléphoniques reçus par les salariés du service client est excessif
Deuxième manquement : le non respect de l’obligation de limitation de la durée de conservation des données (article 5-1 e) du RGPD. Lors du contrôle, aucune durée de conservation des données des clients et des prospects n’était mise en place par Spartoo, qui n’effaçait pas régulièrement les données personnelles et ne les archivait pas. Spartoo a prévu, depuis le contrôle de la Cnil de conserver ces données pendant 5 ans. La Cnil retient toutefois comme manquement au RGPD une conservation d’un nombre très important de données d’anciens clients pendant plusieurs années. Ainsi, 3 millions de clients ne s’étaient pas connectés à leur compte depuis plus de 5 ans.
Une durée de conservation ramenée à 2 ans pour les prospects
En ce qui concerne les prospects, Spartoo a mis en place une durée de conservation des données de 5 ans à compter de leur dernière activité, comme par exemple l’ouverture d’une newsletter. Mais Spartoo n’adresse plus de prospection commerciale à ces personnes si elles ne manifestent pas d’intérêt pour ses produits ou services durant 2 ans. Dès lors, la Cnil considère que la conservation des données des prospects n’est pas nécessaire au-delà de ce délai de 2 ans.
L’ouverture d’un email de prospection ne suffit pas à démontrer qu’une personne est intéressée par une offre
Troisième manquement : non respect de l’obligation d’information des personnes (article 13 du RGPD). La Cnil considère que l’information fournie dans la politique de confidentialité des données du site web de Spartoo n’est pas conforme. En effet, Spartoo ne peut pas indiquer que le consentement est la base légale de tous les traitements qu’il met en œuvre alors que plusieurs d’entre eux reposent sur d’autres bases légales, comme le contrat ou les intérêts légitimes poursuivis par la société.
Les salariés insuffisamment informés sur les appels téléphoniques
Concernant les salariés, leur information en ce qui concerne l’enregistrement des appels téléphoniques passés avec les clients est insuffisante, indique la Cnil. La Cnil pointe que les salariés ne sont pas informés de la finalité poursuivie par le traitement, de la base légale du dispositif, des destinataires des données, de la durée de conservation des données et de leurs droits.
Spartoo conservait pendant 6 mois et en clair la numérisation de la carte bancaire du client
Au final, la Cnil insiste sur le fait que Spartoo conservait les données au-delà des durées nécessaires, cela pour plus de 3 millions d’anciens clients et plus de 25 millions de prospects. La Cnil constate que plusieurs des manquements de Spartoo portent, pour l’essentiel, sur des obligations qui existaient déjà avant l’entrée en application du RGPD. Spartoo doit mettre ses traitements en conformité avec le RGPD et en justifier sous un délai de 3 mois à compter de la notification de la délibération, sous astreinte de 250 € par jour de retard.
Une période difficile pour Spartoo
Décidément, la période est difficile pour Spartoo. Le e-commerçant avait acquis la chaîne de magasins André en 2018 afin d’opérer ses ventes e-commerce en mode Click and Collect. Il a du déposer le bilan d’André en mars 2020. L’activité d’André avait été fortement pénalisée par la fermeture de ses magasins durant le confinement déclenché face au Covid-19.
L’enseigne André était placée en redressement judiciaire en avril dernier avant qu’une partie de ses magasins (55 magasins sur 180 en France) et des emplois ne soit reprise par François Feijoo, ancien patron de l’enseigne de 2005 à 2013, via sa société 1Monde9.