Le Cloud est un aller presque sans retour, avertit le DSI d’Intermarché


Le Cloud est ambivalent. Ce n’est pas la recette miracle, mais il apporte énormément de bénéfices. C’est un voyage avec peu de possibilités de retour en arrière, prévient Georges Epinette, DOSI du groupement des Mousquetaires, et vice président du Cigref. Enfin, il ne faut pas croire qu’avec le Cloud tout est facile.  

Le Cloud est comme Janus, le dieu grec à une seule tête mais à deux visages opposés.  C’est ce qu’évoque la description qu’en a fait Georges Epinette, DOSI (Directeur de l’Organisation et des Systèmes d’information) du groupement des Mousquetaires et Vice-Président du Cigref (l’Association des directions des systèmes d’information des grandes entreprises françaises), le 9 avril 2014, lors du salon Cloud Computing World, à la Défense.

Gain en time-to-market


Le DOSI prévient de l’« ambivalence du Cloud Computing malgré son apport de bénéfices, reconnu par la presque totalité des DSI du Cigref, notamment en termes de time-to-market ou d’agilité. » 

Le Cloud est cependant un peu comme un voyage sans billet de retour, dont le ROI reste délicat à chiffrer lorsqu’il s’agit de gérer des transitions. Il faut alors de garder la tête froide car il est difficile de résister au Cloud, particulièrement tentateur, et qui d’un point de vue marketing,  « laisse penser que tout est facile. » 


Raison garder

Dans le cas où il s’agit d’assurer la transition depuis un système informatique existant,  « avec les coûts de transition, on a des ROIs [Return On Investment: NDLR] qui ne sont pas obligatoirement significatifs » alerte Georges Epinette. « Il faut alors raison garder, ne pas sacrifier à la mode, et monter un dossier objectif pour indiquer où on met les pieds, et où sont les avantages et les inconvénients » conseille-t-il.

Il poursuit : « lorsque l’on fait l’analyse froide des coûts, on paye le coût de l’agilité au passif et en actif. » La vitesse gagnée a un prix. Pour sa part, il insiste sur le fait que sa propre approche d’un dossier de Cloud Computing est totalement différente de « celle des autres projets IT, ou même des projets numériques, parce que dedans il faut être capable de valoriser le risque, l’incertitude et la transition. » 

Un choix de la direction générale

Cette étude est d’autant plus stratégique, que le Cloud « est une direction vers laquelle on tend avec peu de possibilités de retour arrière, il faut être capable de gérer cette irréversibilité » prévient-il. Conséquence de cet enjeu, le choix du Cloud relève de la direction générale et non des directions métiers, affirme-t-il.

Au niveau des coûts de transition, ils sont intéressants, « quand on part d’une situation ex nihilo ou d’un service dans lequel il n’y a pas d’informatisation. La question alors ne se pose même pas, si il y a une offre qui est disponible, autant y aller parce qu’on est guidé par le time-to-market » déclare-t-il. Le DOSI estime d’ailleurs que le Cloud répond bien au besoin d’agilité des PME.

L’apparente facilité du cloud cache sa complexité

En apparence, le Cloud laisse penser que tout est facile et « qu’il y a une désintermédiation quasiment systématique de la DSI pour travailler directement avec l’offre, je pense surtout au Saas » sourit fataliste Georges Epinette. Or, ce n’est pas du tout le cas,  « on va parler de compétences, et donc cette apparente facilité relève d’une sacrée complexité, »  déclare-t-il.

Au final, Georges Epinette revendique le fait de ne pas avoir une position radicale, ou angélique à l’égard du Cloud. « Le Cloud apporte énormément de bénéfices, mais il faut aussi être capable de pouvoir en dénoncer l’ambivalence, je ne vais pas dire les effets pervers, mais l’ambivalence, comme dans tout concept et dans toute technologie » conclut-il.

Photo, Georges Epinette, DOSI des Mousquetaires, et Vice président du Cigref, le 9 avril.

Morgane Mons

Morgane Mons est journaliste spécialisée dans les nouvelles technologies et la transformation numérique des entreprises. Esprit Geek, passionnée de multimédia, retrouvez ses actualités sur son fil twitter.

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