Cédric Berger organise le prochain forum des Business Analysts à Paris les 25 et 26 Juin. Le rôle de Business Analyst monte en puissance dans les entreprises. Cédric Berger détaille son rôle dans la création de valeur à partir de l’informatique.
Question : Pourquoi faut-il des Business Analysts?
Cédric Berger : le Business Analyst est là pour arrêter le gaspillage inutile sur des projets qui n’aboutissent pas. Dans les entreprises, il y a un souci majeur, on n’arrête pas de gaspiller de l’argent sur des projets qui n’aboutissent pas, et c’est l’informatique qui gaspille le plus. Le Business Analyst doit se placer en amont de tout cela pour prendre le temps de trouver la solution.
Question : mais n’est-ce pas aussi à l’informaticien de trouver les solutions, ou au DSI ?
Cédric Berger : l’informaticien ne va pas trouver car il n’a qu’une seule vue dans tout cela. Un expert n’arrive pas à voir large. Quant au DSI, il s’occupe de sa technologie. Il faut savoir aussi que dans les entreprises, les informaticiens toute la journée sont occupés à faire des passerelles entre les technologies. et collent des rustines pour réparer ce qui ne marche pas.
Question : comment travaille un Business Analyst ?
Cédric Berger : Il fait une analyse globale des systèmes. L’analyse systémique est une analyse agile. Le Business Analyst est là pour les pré-requis. Par exemple, avant de faire une App mobile, il va déterminer s’il faut une App, si elle est utile. Mais il ne va pas expliquer ce qu’il faut mettre dans l’App. Le Business Analyst ne doit pas empêcher l’innovation, mais il doit empêcher les grands projets inutiles. Et attention si toutes vos équipes informatiques développent des Apps pas chères, elles ne font plus rien d’autre.
Question : sous quels noms apparaît un Business Analyst dans l’entreprise ?
Cédric Berger : le Business Analyst peut être Product Owner dans les projets agiles, et il peut aussi apporter la réflexion initiale en amont au niveau de la direction générale. Dans les directions générales, on trouve beaucoup de politiques qui veulent garder leur place et préserver leur avenir. Le Business Analyst doit agir à ce niveau en apportant des synergies. Le Business Analyst n’est pas le directeur général, il en est le conseiller, comme un conseiller de ministre. Jacques Attali était le Business Analyst de François Mitterrand. Aujourd’hui, les Business Analysts n’apparaissent pas en tant que tels, ce sont des bras droits, des adjoints à la transformation. Ils mettent en place des cellules de changement, de conseil et d’innovation. Ils apportent des synergies à la fois en haut de l’organigramme et en bas. Ce n’est d’ailleurs pas forcément le même Business Analyst qui intervient selon la taille de l’entreprise. Animer une équipe agile et une équipe de direction, ce n’est pas la même chose.
Question : avec le succès des startups, on voit un mode de management où chacun travaille avec les autres de façon transverse, que ses compétences soient le marketing, le commercial, le business ou le développement informatique. Est-ce que c’est ce mode de travail qu’il faut développer ?
Cédric Berger : dans les startups, le Business Analyst c’est l’animateur de ce groupe de marketeurs, d’entrepreneurs, d’informaticiens. D’ailleurs, 40% de la formation d’un Business Analyst est consacrée à la communication, au relationnel. Le rôle du Business Analyst, c’est celui de l’animateur dans un hacakaton. Le Business Analyst se consacre sur la solution plutôt que sur la technologie. Et les solutions doivent intégrer les gens du terrain, pas uniquement les développeurs de code.
Question: que deviennent alors les AMOA (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage)?
Cédric Berger : c’est la fin de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, et de cette spécificité française de la séparation entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre. L’AMOA est remplacé par le Business Analyst. A l’international, vous ne trouverez pas cette dichotomie entre MOA et MOE. Une dichotomie qui renforce cette guerre de tranchées alors qu’il faut trouver les meilleures solutions possibles.
Question : que devient le DSI, est-ce à lui de proposer des idées business ?
Cédric Berger : le DSI c’’est la personne spécialiste dans toutes ces solutions technologiques. Est-ce que vous imaginez le DSI proposer d’aller sur un nouveau marché à son DG et à son équipe marketing ? Il faut un spécialiste par métier, et que chacun aide les autres. Les technologues sont souvent un peu castrateurs pour garder leur pouvoir et leur budget dans l’entreprise. Ce sont les métiers qui ensemble, au travers d’agitateurs, doivent définir les axes stratégiques, ils le font avec avec l’informatique.
Question : Nicolas Sadirac, directeur de l’école 42, parle de la nécessité de disposer de synergiseur, est-ce que le Business Analyst serait un synergiseur?
Cédric Berger : ça me va, mais comment les forme-t-il ? Un synergiseur possible dans l’entreprise, c’est aussi le psychologue d’entreprise. Il peut aider à trouver les meilleures solutions. On l’appelle quand il s’agit de faire utiliser un logiciel qui a coûté des millions et que les gens n’utilisent pas.
Photo, Cédric Berger organisateur du forum des Business Analysts, les 25 et 26 Juin à Paris.
Bonjour,
Je ne suis pas expert du domaine mais je trouve que votre définition d’un Business Analyst n’est pas des plus objectives dans le sens ou vous placez le BA uniquement au niveau de la solution (Activité évaluation et validation de la solution) et non au niveau des exigences du client (Activité d’élicitation).
Cordialement,
Daniel Abbati
Merci pour cet échange, dont je partage les points de vue. Chez ICT-A nous mettons aussi en avant les aspects risques et impacts en amont d’un lancement d’appel d’offres, afin d’intégrer les aspects durables, sur le plan éthique, sociétal et écologique, en sus des aspects purement mercantiles (ROI) et sécuritaires (réversibilité, gouvernance…). Il est important de « découpler » l’analyse des aspects techniques, mais nous gardons tout de même en compte les compétences existantes chez les clients, car la solution informatique doit être « exploitable », par les usagers et les compétences informatiques existantes, internes ou externes.
Dans l’informatique le sport préféré, c’est de réinventer la roue en faisant compliqué, car si ce n’est pas compliqué ce n’est pas valorisant !
Voici encore un bel exemple » Le Business Analyst », qui chasse les gaspillages. Cette démarche existe depuis 60 ans, le système Toyota TPS, communément appelé le LEAN Management.