C’est un beau magasin bourré de technologie qu’a ouvert Casino au 4 avenue Franklin D. Roosevelt, au bas des Champs Elysées depuis le 3 octobre.
Un univers esthétique réussi
Le magasin constitue un concept store, un univers esthétique réussi proposant différentes expériences d’achat ou de consommation associées au digital, sur 400 m2 et 3 niveaux. L’aspect du magasin et ses différents espaces ont été particulièrement soignés. Le positionnement du « 4 » se situe nettement au-dessus de celui d’un Monoprix confirme Moez Alexandre Zouari, propriétaire des lieux et franchisé Casino. Il évoque un accroissement de 20% du chiffre d’affaires grâce au digital, à l’effet de curiosité qu’il va susciter. Le magasin attend entre 1400 et 1600 clients par jour.
Le dirigeant a fait l’honneur des lieux à la presse le 4 octobre, en compagnie de Emmanuel Grenier, PDG de CDiscount, Cyril Bourgoin, directeur de la transformation digitale de Casino et Tina Schuler, directrice des supermarchés et hypermarchés Casino et Leader Price.
On peut y déjeuner, en terrasse ou à l’intérieur, effectuer ses courses alimentaires et pour la maison, se reposer ou travailler dans l’espace de co-working jouant également le rôle de showroom pour CDiscount. Le magasin est ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il est toutefois réservé aux porteurs de l’application Casino Max entre 22 heures et 7 heures 30 du matin. Le magasin est alors surveillé uniquement par 2 vigiles.
Casino n’a pas encore poussé jusqu’au bout la fluidification de l’expérience client
Le changement le plus important consiste dans la suppression totale des caissières. Deux dispositifs techniques les remplacent. Soit on scanne soi-même les produits avant de sortir sur un automate dédié à cet effet comme cela se fait déjà dans de nombreuses grandes surfaces, mais les bornes semblent disposées de manière peu pratique pour déposer ses achats. Soit on scanne les codes barres des produits avec son mobile muni de l’application Casino Max au fur et à mesure que l’on remplit son panier. On règle alors dans l’application mobile avec sa carte bancaire qui y est enregistrée. Cela crée un code barre que l’on présente aux bornes de sortie pour montrer que l’on a payé.
Des contrôles de panier effectués selon les cas
Dans les deux cas, des contrôles du panier de courses peuvent être effectués afin de s’assurer que la personne a bien réglé tous ses achats. Jusqu’à 22 heures, c’est une hôtesse qui effectue le contrôle. Entre 22 heures et le matin, c’est un vigile. Un algorithme définit les contrôles en fonction des produits achetés, du profil du client, de ce que remontent les caméras, etc. Ce n’est pas réellement aléatoire, souligne Casino.
Le personnel doit venir épauler les clients désemparés face à l’enregistrement digital de leurs achats
L’avantage client des autres dispositifs digitaux proposés est plus ou moins évident. Un grand écran interactif que l’on peut interroger à la voix sert à retrouver un produit dans le magasin, entre le rez-de-chaussée et le sous sol. Une vue du magasin en 3D s’affiche et indique le chemin à suivre. On peut télécharger la voie à suivre sur son smartphone pour être guidé mais pour l’instant la géolocalisation ne fonctionne pas. Le logiciel 3D d’affichage du magasin, de repérage des produits et le module de guidage sont délivrés par la société Find & Order. La reconnaissance vocale – fournie par Google – fonctionne vraiment bien. La fluidité de l’expérience augure d’un usage fréquent de cet outil.
Cave et rayons numériques
Plus ludique, la cave à vins, animée par un caviste, dispose de deux dispositifs numériques. Un outil permet de consulter les avis clients sur un vin et les recommandations d’usage. On scanne la bouteille de vin qui nous intéresse, via une tablette fournie par le magasin, et les avis des clients s’affichent sur une grande table à proximité, via un projecteur. Ce sont les avis de la communauté de clients gérée par la startup Twil qui sont affichés.
L’autre dispositif, un mur de spiritueux connecté, permet d’effectuer des sélections de whisky via une tablette, les bouteilles étant placées physiquement dans des cases qui s’éclairent ou s’éteignent selon que la bouteille à l’intérieur correspond au choix fait sur la tablette (les whiskys écossais, irlandais, les bouteilles nécessaires pour réaliser un cocktail, etc.)
On peut commander et se faire livrer à domicile depuis de grands écrans
Côté étiquetage, Casino utilise des étiquettes électroniques classiques fournies par SES imagotag ainsi que des bandeaux lumineux innovants permettant d’annoncer des promotions ou d’animer les rayons par des vidéos. Quand l’information est disponible, le nutriscore est affiché. Les échanges d’informations sur les produits entre le magasin et les différentes marques et fournisseurs sont gérés par la plateforme de la startup Alkemics. L’affichage des bandeaux vidéos est réalisé par la société britannique SFD Systems.
Expérience ludique dans le corner CDiscount
Au premier étage, se trouve le corner CDiscount qui permet de découvrir les meubles commercialisés par l’enseigne ainsi que ses produits high tech. Une grande borne permet de découvrir l’ensemble des références du site CDiscount.fr. Côté gadget, un miroir interactif identifie l’âge et le genre de la personne, et lui propose une sélection de produits adaptée vendus sur CDiscount, par exemple des consommables d’imprimantes, dont on scanne le code barre afin de les commander. Le miroir interactif utilise la reconnaissance faciale mais ne réalise pas d’identification faciale.
Des fenêtres en réalité virtuelle
Par ailleurs, la gestion énergétique est assurée par un ensemble de capteurs de température et de détection des ouvertures de portes des armoires réfrigérées. Ces capteurs sont connectés par le réseau radio de Sigfox et supervisés par une plateforme d’IBM Watson IoT. Une poignée de capteurs a été installée pour l’instant. L’optimisation énergétique est réalisée par la société Greenyellow.
Des caméras Panasonic, une centaine au rez-de-chaussée du magasin, servent à alimenter trois applications basées sur la reconnaissance d’images. IBM propose ainsi la détection des ruptures en rayon et prévient le gérant de la nécessité de réapprovisionner. Big Blue travaille également sur l’analyse des flux de personnes en magasin. Quant à la startup XXII, elle est chargée de mettre en place la reconnaissance visuelle afin de réaliser une facturation automatique des clients. C’est de cette application que devrait venir la vraie rupture si XXII parvient à la mettre au point.