L’audiovisuel français fait front pour défendre ses intérêts face à l’IA et aux acteurs internationaux

Les dix membres fondateurs de LaFA, TF1, France Télévisions, SPI et SACD en tête [photo © LaFA]

Face aux bouleversements du secteur audiovisuel, les leaders français se constituent en filière. Ils créent LaFA (« La Filière Audiovisuelle« ), une organisation qui regroupe les parties prenantes de la création et de la diffusion audiovisuelle en France.

Cette organisation été officialisée le 13 novembre dans les locaux de TF1 en présence des dix membres fondateurs de LaFA. « Les enjeux auxquels nous faisons face sont suffisamment tectoniques pour que l’ensemble des parties prenantes de notre secteur s’unisse dans une logique de filière » annonce Rodolphe Belmer, patron de TF1.


Les membres fondateurs de LaFA sont France Télévisions, M6, TF1, les organisations de gestion collective -l’ADAMI, la SACD, la SACEM et la SCAM- et les syndicats de producteurs -ANIMFRANCE, le SPI et l’USPA (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle). On relève l’absence marquante du groupe Canal+, de BFM et RMC.

Défendre et protéger les intérêts des acteurs de la filière audiovisuelle



Le but global de LaFA est de défendre et de protéger les intérêts des acteurs de la filière audiovisuelle française. Dans le détail, il s’agit d’assurer la solidité de son modèle économique, d’accompagner sa transformation, de garantir la diversité et le renouvellement de la création, et d’assurer le rayonnement de l’exception culturelle française.  


Les parties prenantes veulent assurer la pérennité de la chaîne de valeur créative, incluant les auteurs, producteurs et diffuseurs. LaFA est attaché à la préservation du régime de l’intermittence du spectacle et à l’exception culturelle. « L’union fait la force, évidemment lorsqu’il s’agit non seulement de défendre nos intérêts communs, dont le statut d’intermittent crucial pour nos métiers de producteurs » souligne Iris Bucher, Présidente de l’USPA.

L’Adami (Administration des droits des artistes et musiciens interprètes) souligne agir pour le maintien de l’emploi des artistes-interprètes alors que l’IA crée un risque de substitution de leur travail. De plus, l’enjeu est la rémunération de l’ensemble de la chaine de création alors que les films et les vidéos sont « largement utilisés pour l’entrainement de l’intelligence artificielle ».

Rodolphe Belmer prend la présidence de LaFA pour 2 ans [photo ©TF1 LaFA] 13 novembre 2024

Développer les recettes publicitaires en TNT

Deux domaines préoccupent particulièrement les membres de LaFA. Cela concerne les recettes publicitaires menacées par les acteurs internationaux (Netflix, Amazon) et du digital (Google, Meta, Amazon, etc.) et la course technologique tirée par l’IA.

Ils demandent que l’on favorise le développement des acteurs privés de la TNT diffusée en clair en levant les restrictions réglementaires qui les contraignent sur le terrain de la publicité TV. Ils estiment qu’il y a un affaiblissement du marché et une concurrence exacerbée par les acteurs internationaux.

Ce développement de la TNT diffusée en clair viserait à orienter les ressources publicitaires nationales vers les médias nationaux. Cela garantirait la pérennité de leur soutien indispensable à la création et le pluralisme de l’information.  L’objectif affiché est de maintenir un niveau compétitif de financement de la création qui dépend très largement des diffuseurs.

Une IA générative respectueuse de la propriété intellectuelle

LaFA souhaite d’autre part la promotion de l’intelligence artificielle générative (IAG) éthique, responsable et respectueuse des droits de la propriété intellectuelle. Cela garantirait la transparence de l’utilisation des œuvres par les IAG, l’identification des œuvres créées par les IAG, la possibilité pour les titulaires de droits de pouvoir interdire l’accès à leurs œuvres et le respect du droit d’auteur, tant le droit moral que les droits patrimoniaux.

Dans le même sens, LaFA soutient un cadre de régulation des plateformes numériques en Europe qui permette d’assurer le respect du droit d’auteur, de garantir une équité de traitement avec les chaines de télévision et de consacrer un niveau d’engagement élevé à l’égard de la création.  

Une première étude publiée au printemps 2025

LaFA va s’adresser au régulateur, au législateur, au gouvernement, à la commission européenne, et à tous les acteurs qui s’intéressent aux évolutions de l’audiovisuel français. Au printemps 2025, une première étude sera publiée sur le poids économique de l’audiovisuel français et sur les premières préconisations.

LaFA a un statut d’association loi 1901. Elle compte dix membres fondateurs. Elle est présidée par Rodolphe Belmer pour une durée de 2 ans.  Il est entouré de trois Vice-Présidents. Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions,  est Vice-Présidente « éditeurs ». Nora Melhli, Présidente du collège audiovisuel du SPI est Vice-Présidente « producteurs ». Pascal Rogard, Directeur Général de la SACD   est Vice-Président « auteurs/artistes ».

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