C’est un portrait réaliste que trace le cabinet Bain & Company dans sa nouvelle étude « Luxe et technologie, une nouvelle ère » qui mesure l’adoption des nouvelles technologies dans le secteur du luxe français. Cette étude a été réalisée en sondant les Maisons membres du Comité Colbert, sur leur niveau d’adoption de 16 technologies.
Un niveau d’adoption des technologies relativement faible
Entre mai et juin 2022, 39 Maisons membres du Comité Colbert ont répondu sur les 75 Maisons qui ont été sollicitées. L’étude reproduit également des entretiens avec des dirigeants de Maisons, de consortiums et de partenaires technologiques et diverses recherches documentaires et expériences de Bain & Company. Constat de l’étude, le niveau d’adoption des nouvelles technologies dans le luxe français reste relativement faible.
Le frein principal est que les cas d’usage des nouvelles technologies sont perçus comme ayant peu de pertinence
« L’adoption des nouvelles technologies dans le luxe n’en est qu’à ses débuts » déclare Mathilde Haemmerlé, Associée en charge du pôle Luxe chez Bain & Company Paris. « Celles-ci peuvent jouer un rôle central dans la transformation en profondeur du secteur au service des clients, de l’excellence opérationnelle et du développement durable » poursuit-elle. « Les champs d’application à explorer sont encore nombreux et prometteurs. La mise en commun des forces à l’échelle du secteur sera un puissant accélérateur » conseille-t-elle.
Seulement trois technologies ont un taux d’adoption supérieur à 30%
Seulement trois technologies, le RFID, l’impression3D et l’imagerie 3D ont un taux d’adoption supérieur à 30% des Maisons de luxe sondées. A l’inverse, le luxe devient pionnier sur l’adoption de technologies comme le métavers et les NFT. La moitié des Maisons de luxe testent ces deux technologies ou planifient de le faire d’ici trois ans.
Les Maisons de luxe testent en moyenne 3 technologies et 7 technologies pour les plus avancées
A ce jour, les Maisons investissent essentiellement dans les technologies ciblant l’engagement client de manière concrète et qui enrichissent la relation client, pour qu’elle soit à la fois pratique, sans couture, hyper personnalisée et expérientielle. L’enjeu est que l’expérience soit homogène à travers tous les canaux de distribution. On retrouve à ces étapes les technologies de visualisation avec l’imagerie 3D et la réalité virtuelle ou augmentée, déjà largement adoptées.
Investir dans la digitalisation 3D des produits
L’étude souligne qu’il faudra investir dans la digitalisation 3D des produits afin de mettre en œuvre la réalité augmentée. L’objectif est de personnaliser et d’enrichir les expériences de vente à distance, d’inter-canalité et d’immersion dans l’univers des marques. Le côté pratique doit permettre d’échanger aisément avec le vendeur, d’accéder facilement à sa sélection de produits et de bénéficier d’un essayage virtuel, qu’il s’agisse de mode ou de beauté.
Plus de la moitié des Maisons utilise l’intelligence artificielle pour la gestion prédictive de la demande et certaines pour guider le processus créatif
En matière d’excellence opérationnelle, les enjeux sont la précision, l’anticipation et la robotisation. La préoccupation majeure est que le produit soit disponible à la vente en temps réel, et s’il n’en existe qu’un exemplaire en boutique s’il est réservé ou pas. Côté qualité, l’inspection optique automatisée par exemple, n’est actuellement adoptée que par 16% du secteur, mais elle est testée ou prévoit de l’être dans les trois prochaines années par 33% de l’industrie.
Les expérimentations se multiplient avec de nouveaux matériaux
Enfin, la technologie n’est pas encore perçue comme un catalyseur de réduction de l’empreinte carbone des entreprises du luxe. Cependant, les expérimentations se multiplient à diverses étapes de la chaîne de valeur avec de nouveaux matériaux et des procédés de fabrication éco-responsables. Il y a également un usage de l’intelligence artificielle intégrée dans les prévisions de vente afin de produire au plus juste, la création de jumeaux virtuels des opérations, etc.
Les grands groupes de luxe ont un rôle d’entraînement pour faire avancer l’industrie et former les plus petites Maisons
Le comité Colbert a été créé en 1954. Il rassemble 92 Maisons de luxe françaises, 17 Institutions culturelles et 6 Maisons de luxe européennes. Il représente 14 métiers : Cristal, Cuir & Maroquinerie, Design & Décoration, Edition, Faïence & Porcelaine, Gastronomie, Haute couture & Mode, Joaillerie & Horlogerie, Musique, Orfèvrerie, Palaces, Parfums & Cosmétique, Patrimoine & Musées, Vins & Spiritueux. Le comité Colbert veut promouvoir, développer durablement, transmettre les savoir-faire et la création française pour insuffler du rêve et contribuer au rayonnement international du luxe et de l’art de vivre français.