La société grenobloise Probayes est le bras armé du groupe La Poste dans l’intelligence artificielle. Une arme appelée à grandir rapidement.
Agir dans tous les domaines
« Il s’agit d’une activité multi-secteurs » précise Eric Alix, Chief Data Oficer (directeur des données) du groupe La Poste (depuis 3 ans) et directeur général depuis 2 ans de Probayes. il a pris la parole à l’occasion de l’événement AI Paris, le 11 juin.
100 Data Scientists comme objectif chez Probayes
Probayes est par exemple acteur dans le programme de recherche de Toyota en Europe sur le véhicule autonome. « Nous intervenons souvent comme une composante d’équipe à l’international » précise-t-il. L’entreprise est une filiale à 100% de La Poste, acquise lorsqu’elle avait 13 ans d’existence. La taille critique est nécessaire « afin d’avoir un centre de compétences à l’état de l’art et traiter une diversité de sujets pour avoir ces talents dans toutes les disciplines de l’intelligence artificielle » souligne le DG.
4 millions d’euros de chiffre d’affaires
Probayes réalise seulement 4 millions d’euros de chiffre d’affaires car elle fait beaucoup de recherche et développement, explique Eric Alix. « Nous voulions garder une grosse partie de R&D. Sans R&D on n’arrive pas à tenir l’état de l’art longtemps. Il y a un nombre exponentiel de brevets et de publications sur l’intelligence artificielle. Pour suivre cela sur plusieurs domaines, il faut une taille critique et des gens qui vous amènent cet état de l’art, donc garder de la R&D forte » souligne-t-il. « Il faut de la diversité des cas, il faut en avoir beaucoup, pour garder la promesse d’une publication qui sort aujourd’hui, et dans 6 mois, je sais l’opérationnaliser sur un projet, ça c’est dur à faire » précise-t-il.
La Poste pèse 30% de l’activité de sa filiale spécialisée en intelligence artificielle
« L’intelligence artificielle doit toucher tous les métiers » pense le DG. Cela concerne par exemple la logistique, où les prévisions doivent indiquer où placer les agences à 10 ans, de la simulation et de l’optimisation pour trouver les meilleurs schémas de transport, et des prévisions à court terme pour chaque semaine sur un horizon de trois mois sur comment affecter les ressources en termes de camions et de plateformes notamment en période de noël, etc. Côté banque, il faut mesurer tout ce qui est risque opérationnel, les clients qui sortent et entrent.
Les réseaux profonds de reconnaissance d’image
Il y a également le traitement de documents. Côté courrier, il y a tout ce qui est OCR (Optical Character Recognition), amélioré par la reconnaissance d’image et les réseaux profonds. « Est-ce que l’on peut gagner quelques points de plus de reconnaissance, c’est beaucoup de qualité de service, on est capable de prendre une décision tout de suite sur un pli, au lieu de passer par des centaines de personnes qui regardent les images, on peut agir sur les réexpéditions et c’est des dizaines de millions d’euros d’économies si on arrive à faire cela » s’enthousiasme le responsable.
30 projets en intelligence artificielle à la Poste
Au passage, Watson l’intelligence artificielle d’IBM est vivement écartée. « Ces solutions américaines sont très très chères pour du traitement de l’email » tranche Eric Alix. « Nous on regarde comment on fait une réponse 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, c’est ce que demande le consommateur. C’est trop compliqué de mettre beaucoup de gens pour assurer cette plage horaire. On est beaucoup dans le traitement de premier niveau » précise-t-il. « Il ne faut pas détruire la relation entre les employés et leurs clients » Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, l’objectif est d’augmenter cette relation mais pas de la remplacer. Pas d’automatisation totale de cette relation. Le bot doit donner de l’information au conseiller afin que le client bénéficie d’un service de meilleure qualité et personnalisé.