Stanilas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, annonce le lancement officiel le 5 octobre de l’expérimentation de l’intelligence artificielle générative dans les services publics.
Se saisir de l’IA pour ne pas la subir
« L’intelligence artificielle est en train de transformer profondément le travail en France. La fonction publique, premier employeur du pays, doit s’en saisir, pour ne pas le subir » déclare-t-il. Comme annoncé en mai 2023, l’administration française enclenche une expérimentation.
L’expérimentation concerne les Caisses d’Allocations Familiales, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), les préfectures, etc
La Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP) précise pour sa part que neuf administrations participent à l’expérimentation. Il s’agit de la Cnav, Cnaf, Cnam, MSA, la Dila, le Meae (Ministère de l’Europe et des affaires étrangères), le Ministère de la Justice, les préfectures, ANTS (Agence Nationale des Titres sécurisés) avec 1000 agents concernés.
Une solution Anthropic gérée par Allobrain
Le ministre parle d’une technologie du marché qui a été spécialisée avec l’aide d’une société française. Il s’agit de la solution Claude de la société Anthropic, une startup récemment massivement financée par Amazon et dans ce cas, mise en forme par la startup française Allobrain, créée en 2020. Claude est un concurrent de ChatGPT d’OpenAI. Quant à Allobrain, c’est une jeune pousse hexagonale qui est notamment la clé de la transcription en texte des messages vocaux des clients de Picard Surgelés lors de la rénovation du programme de fidélité de l’enseigne. Le but est alors de détecter les signaux faibles de mécontentement des clients.
L’expérimentation sera élargie, d’ici la fin de l’année, aux agents des maisons France services aux guichets
Des agents de France services volontaires sont formés à un outil utilisant l’IA pour répondre au guichet. Il y aura 2750 points de contact de France Services sur tout le territoire d’ici la fin 2023. Cet outil doit permettre aux agents de consacrer plus de temps au contact humain.
Développement d’un modèle d’IA générative souverain
Un travail est en cours pour développer un nouveau modèle d’IA générative souverain en interne, en spécialisant un modèle d’IA générative en Open Source. Stanislas Guérini souligne que l’Etat doit se donner les moyens de maîtriser cette technologie. Il estime que c’est en adaptant des modèles génériques pour les spécificités des agents et des usagers que les meilleurs résultats seront obtenus.
L’IA générative sera basée sur un modèle ouvert et s’appuiera sur une infrastructure française gérée par la Dinum
Son rôle est de coordonner l’équipe du DataLab et d’accompagner les acteurs publics dans l’identification et la priorisation de cas d’usage d’intelligence artificielle pour leur administration. Le DataLab a évalué les grands modèles de langage LLM (Large Language Models) disponibles en Open Source tels que Falcon, XGen et LLaMA de Meta afin de les appliquer les appliquer aux services publics. Le DataLab utilise le modèle LLaMA 2 de Meta sorti mi-juillet 2023.
Une division par 2 des temps de réponse lors des tests en août 2023
Avant de passer au test auprès de mille fonctionnaires à partir du 5 octobre 2023, un test en version bêta avait été réalisé par la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) et la Direction interministérielle du numérique (Dinum) depuis le printemps 2023 auprès de quelques dizaines d’agents sur l’utilisation de l’intelligence artificielle sur le site Services Publics+ pour les aider à répondre aux questions des usagers. Le site Services Publics+ est une plateforme de recueil des témoignages des usagers sur leur expérience avec l’administration.
Les premiers résultats avaient été considérés comme concluants par la DITP. « Un beta testing lancé en août 2023 a permis de diviser par 2 le temps de réponse. L’objectif est de libérer du temps des agents pour accompagner des usagers qui en ont le plus besoin » déclare la DITP, le 5 octobre. Afin d’entraîner l’IA générative employée, celle-ci avait accès à 5000 fiches de la Direction de l’information légale et administrative (Dila) et à 40 000 échanges en ligne entre l’administration et les usagers et 500 fiches du forum Ameli, selon la Banque des Territoires.