La direction Data et technologies de l’Ina, un état dans l’état

L'Ina assure notamment la préservation du patrimoine audiovisuel

Face au manque de clarté des dépenses technologiques de la direction Data et Technologies de l’Institut National de l’Audiovisuel (Ina), la Cour des Comptes monte au créneau et demande un changement dans la structure de pilotage afin que les projets en cours soient mieux compris par les dirigeants et que les décisions d’investissement soient prises de manière éclairée.

Se préparer à l’intelligence artificielle

La Cour des Comptes souhaite que la direction Data et Technologies ne dispose pas d’un pouvoir absolu au vu des enjeux considérables que représenteront dans l’avenir les technologies du numérique et de l’informatique, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. L’Ina et le Ministère de la culture partagent cette analyse et proposent que ce rôle d’expertise en matière d’investissements stratégiques soit dévolu au comité d’action stratégique en accueillant en son sein 2 experts indépendants choisis à raison de leur compétence dans les domaines concernés.

Les documents établis à l’Ina en matière de technologies numériques manquent de clarté pour des personnes non expertes

La Cour des Comptes demande ce changement car les différents documents établis à l’Ina afin de suivre les investissements et les coûts d’exploitation en matière de système d’information manquent tous de clarté pour des personnes non expertes. En interne, l’Ina assoit sa politique d’investissements sur les outils conçus par la direction Data et Technologies. Les schémas directeurs triennaux (2021-2023 puis 2023-2027) et les bilans dressés chaque année au travers des « portefeuilles de projets stratégiques » se présentent comme des documents pédagogiques qui concernent essentiellement la sécurité des systèmes d’information, dont le coût est important (400 000 € en moyenne sur la période) mais ne représente qu’une infime partie des investissements et des frais d’exploitation.

Les bilans pour leur part sont des documents très précis, mais ils sont aussi très techniques et complexes. Ils sont à usage essentiellement interne à la direction Data-Tech. Ils sont difficilement intelligibles ou parlants pour des non-initiés, poursuit la Cour des Comptes. Quant aux documents financiers, et notamment le rapport de gestion et ses annexes, ils comportent peu d’informations sur la nature des investissements et la façon dont ils se répartissent au sein des différents types de projets. « Cela rend difficile d’en appréhender la réalité au travers d’exemples concrets » pointe la Cour des Comptes.

Les investissements technologiques rarement évoqués durant les Conseils d’administration

De plus, la Cour des Comptes relève que d’après les procès-verbaux les investissements dans les technologies numériques et de l’information sont rarement évoqués. durant le conseil d’administration de l’Ina. La direction Data et Technologies de l’Ina conduit les investissements et les coûts d’exploitation en matière de systèmes d’information. Cette direction compte 310 salariés, soit presque le tiers des effectifs de l’Ina. Elle a absorbé l’ancienne direction des collections pour favoriser l’unification de la gouvernance des systèmes d’information dont la dissémination était source de doublons et d’inefficience.

La direction Data et Technologies a géré 81 millions d’euros de coûts d’exploitation et de maintenance sur 8 ans

La direction Data et Technologies a géré 81 millions d’euros de coûts d’exploitation et de maintenance sur 8 ans. Cela s’ajoute au budget d’investissement de l’Ina. Les dépenses d’exploitation concernent les « études et le développement » (maintenance applicative, hébergement, maîtrise d’œuvre de projets métiers) et les « opérations » qui recouvrent essentiellement l’exploitation des systèmes informatiques et la maintenance opérationnelle, les réseaux et les télécoms, ainsi que les prestations d’interventions techniques, la transformation des systèmes d’information, le stockage des données et la sécurité des systèmes d’information notamment.

Certaines prestations informatiques (conception et maintenance informatique, infogérance) ont connu d’importantes hausses en 2022. Les rapports de gestion donnent plus d’information à leur sujet que sur les dépenses d’investissement. La Cour fait le constat que l’équipement informatique et numérique de l’Ina présente en fonctionnement un coût considérable qui appelle une vigilance particulière. La direction Data et technologies de l’Ina a été créée en 2021 et placée sous la responsabilité du DSI en poste à l’Ina depuis 2012.


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