La Computer Vision, levier d’action majeur chez Auchan

Test en cours chez Auchan de reconnaissance des produits en rayon sur smartphone

La vision par ordinateur, la Computer Vision, est une arme clé pour un distributeur. Elle est mobilisée dans de nombreux cas d’usage chez Auchan, où elle ouvre de nouvelles perspectives notamment si elle est employée par les clients dans les rayons du distributeur pour du Retail média ou de l’information consommateur.

Auchan mise dans le même temps sur les magasins autonomes, des apps mobiles utilisant la reconnaissance de caractères pour ses employés et la surveillance des rayons par des caméras en conjonction avec des étiquettes électroniques et des outils d’alerte. C’est ce que décrit Samir Amellal, Chief Data Officer et DSI d’Auchan Retail et membre du Comex. Il a pris la parole à l’occasion de l’événement de la Retail Tech organisé le 14 décembre, pour décrypter le e-commerce.


Samir Amellal, DSI et Chief Data Officer, Auchan Retail, 14 décembre



La vision par ordinateur testée dans les deux magasins autonomes

« Nous faisons beaucoup de computer vision » rappelle le DSI. Cette vision par ordinateur a été testée dans le cadre de ses deux magasins autonomes. Le premier test a concerné un petit magasin installé sur le site de l’Edhec, une école de commerce, dans le Nord de la France. « Cela fait beaucoup appel à la Computer Vision, parce que ce sont des magasins dans lesquels les gens peuvent entrer, prendre des produits, s’en aller et on les débite directement » explique-t-il. On entre dans ce point de vente soit avec sa carte bleue soit avec son téléphone et sa carte de fidélité. Auchan teste un second magasin autonome au siège du groupe, un peu plus grand, de 100 m2. C’est Auchan Go Le Lab.

« Les magasins autonomes coûtent relativement chers donc il faut que l’on ait une certaine rotation du stock« 

« Cela permet de tester les aspects business comme les rotations, ce sont des magasins qui coûtent relativement chers donc il faut que l’on ait une certaine rotation du stock pour pouvoir amortir ce type de magasins » pointe Samir Amellal. Auchan teste des configurations d’assortiments. Le distributeur teste des technologies comme des caméras. Il y a 1 caméra tous les 1,6 m2. Cela permet également de tester des modèles, des patterns de comportements atypiques de la part des clients, en particulier pour détecter le risque de vol. « On a en ce moment avec l’inflation beaucoup de démarque. C’est du vol. On peut essayer de tester des choses de cette manière là » relève-t-il. L’usage de la vidéo associée à de l’analyse logicielle se retrouve chez Intermarché.

Au passage, le DSI confirme qu’Auchan croit dans les magasins autonomes qui sont en train d’être testés au contraire de certains. « On sait qu’il y a beaucoup de débats autour de ce type de magasins. Il y en a qui ont investi et qui ensuite sont revenus en arrière. Nous on pense qu’il faut trouver le bon assortiment » dit-il.





Le magasin autonome comme un service complémentaire

Le DSI défend la nécessité de plusieurs formats de magasins. « On pense que cela [le magasin autonome] peut apporter un service complémentaire, c’est à dire faire ses courses de dépannage plus vite, etc. Cela peut être vraiment un service complémentaire en centre ville ou dans des environnements fermés, des aéroports, des hôpitaux ou même dans des centres commerciaux » liste-t-il.

La préparation locale des commandes e-commerce nécessite d’avancer sur la polyvalence des collaborateurs

L’enjeu est de pouvoir approvisionner ces magasins efficacement. « Cela on le fait déjà, on appelle cela l’hyper plateforme. On va faire le picking dans les magasins et approvisionner d’autres magasins qui sont plus près du client. On y travaille » ajoute-t-il, reconnaissant que Auchan n’est pas le plus avancé en termes de proximité avec le client et en évoquant une initiative dans ce domaine. Un sujet est la préparation locale des commandes des clients. « Pouvoir acheminer des produits chez nos clients, cela passe parfois aussi par nos magasins qui ne sont pas dans les centres villes mais aux alentours des centres villes. Donc on y travaille évidemment » dit-il. Cela nécessite d’avancer sur la polyvalence des collaborateurs. 


Autre cas d’usage, Auchan va essayer de détecter des produits dans les rayons qui sont manquants afin de faire du réapprovisionnement. « Cela vient aussi renforcer nos systèmes de prévision. Quand nos systèmes de prévision nous disent qu’il n’y a plus de stock quelque part, si la caméra vient confirmer, ce sont des systèmes qui s’alimentent entre eux » déclare-t-il.
La reconnaissance d’image est également employée afin d’aider les employés. Par exemple, une application est mise à leur disposition depuis deux semaines, qui grâce à la vision par ordinateur, prend en photo l’étiquette au rayon poissonnerie, qui détecte la zone de pêche et le poisson, grâce à l’OCR (la Reconnaissance de caractères), et vient vérifier que cela existe bien. Et si cela existe, l’application vient implémenter cela dans la base de données, et proposer d’imprimer le ticket directement en magasin.


L’application sur smartphone identifie 21 produits en rayon (vidéo de Auchan)



Le smartphone du client affiche des publicités lors du passage devant un rayon

Il y a également des cas d’usage en Computer Vision en retail media. « Nous développons des algorithmes qui nous permettront – on en teste plusieurs – un jour peut être de passer son téléphone devant le rayon et de vous proposer des publicités sur l’écran » présente-t-il. Auchan teste des algorithmes avec des partenaires. Lors de son intervention, le DSI présente un cas d’usage développé par Auchan et qu’il a filmé lui même. « On a 5 ou 6 dispositifs de Computer Vision qui sont en test » annonce-t-il.

« On essaye d’exécuter ces algorithmes sur la puce du téléphone »

Ce type d’application fait face à de nombreux enjeux. « Nous avons plein d’enjeux. Un magasin c’est une cage de Faraday. On n’a souvent pas beaucoup de réseau [mobile]. On le voit, je capte mal dans le test. On essaye d’exécuter aussi ces algorithmes sur la puce du téléphone. Sur les iPhones cela marche bien, sur d’autres téléphones, cela marche moins bien. On travaille sur ce type de dispositif. Là c’est un POC [Proof of concept ou Preuve de concept]» rappelle-t-il.

A terme, l’application pourrait montrer l’apport nutritif des produits, les produits sans gluten, les promotions. « Pour le Retail media, il y a quelque chose à faire » ajoute-t-il. Côté opérations, le DSI voit aussi du travail qui peut être alimenté par la Computer Vision avec les industriels (les marques), sur la partie des planogrammes, l’excellence opérationnelle quand il y a des ruptures en rayon, que l’on peut détecter. « Tous ces aspects là sont traités à travers ce type de dispositif » commente-t-il.

Association de la Computer Vision et des étiquettes électroniques

Autre enjeu, afin de vérifier si les rayons respectent le plan prévu de merchandising, Auchan associe la Computer Vision et les étiquettes électroniques. Ces étiquettes sont d’ailleurs également employées afin de gérer les ruptures de produits en point de vente qui sont un irritant majeur. « Nous avons distingué pour la première fois la part des ruptures en magasin qui sont liées à des difficultés informatiques ou logistiques » indique le DSI.

Les étiquettes électroniques clignotent lorsqu’un produit est manquant

Les ruptures en rayon sont ainsi dues à 15% à l’informatique, 16 % à la logistique, et tout le reste, ce sont  les gestes métiers qui sont mal exécutés. « Nous avons des dispositifs qui peuvent nous aider à faire en sorte que l’on n’ait pas de ruptures en magasin. On a des étiquettes électroniques » reprend-il. Mais parfois cela induit des comportements qui sont vecteurs d’erreur. Par exemple, les étiquettes électroniques clignotent lorsqu’il y a un produit manquant.

Or des collaborateurs pouvaient créer un stock artificiel parce que cela les gênait de voir les étiquettes clignoter. Cette réaction souligne l’importance de l’accompagnement des employés dans la gestion du changement. Dans cette gestion des ruptures, la Data est également employée. Auchan dispose de reporting ou d’alerting qui préviennent que tel produit qui est censé être vendu plusieurs fois toutes les heures, ne se vend plus alors qu’il est censé être en stock. Auchan s’appuie ainsi sur un panel d’outils.

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