Jean-David Chamboredon, président exécutif d’ISAI, se réjouit de la prise de conscience par l’opinion publique de l’importance de l’entreprise. Une prise de conscience qui est dès lors adoptée par les hommes politiques. ISAI a investi dans de célèbres startups telles que Blablacar et dispose de 85 millions d’euros sous gestion.
Les hommes politiques en France ne comprennent pas bien l’entreprise au vu des différentes lois votées sur ces trente dernières années. Pour autant, la situation s’améliore. C’est le constat de Jean-David Chamboredon, président exécutif du fonds d’investissement ISAI. Il a répondu à nos questions à l’occasion de l’événement LeWeb lors duquel il aura été membre du jury des startups.
Méconnaissance complète
Il s’explique : « je prendrai l’exemple de la loi Hamon sur les cessions d’entreprise qui a été votée au printemps dernier. Elle montre une méconnaissance complète de la manière dont fonctionne une cession d’entreprise. » La loi donne un droit d’information préalable aux salariés avant une cession. « La loi est écrite d’une telle façon qu’elle est extrêmement contraignante et quasiment inapplicable » estime-t-il.
Ceci dit, Jean-David Chamboredon estime que sur ces deux dernières années l’opinion publique a compris que les entreprises étaient importantes, et les hommes politiques la suivent. Il en veut pour preuve l’issue du mouvement des pigeons, les assises de l’entrepreneuriat, la nomination récente d’Emmanuel Macron, ou le discours de Manuel Walls, à Jouy-en-Josas devant les entrepreneurs.
Suivre l’opinion publique
« Les hommes politiques, ce qu’ils font c’est suivre l’opinion publique. Donc la bonne nouvelle c’est que l’opinion publique a compris l’importance de l’entreprise » résume-t-il.
Par ailleurs, le fonds d’investissement ISAI a investi dans 14 sociétés, dont la plus connue s’appelle Blablacar. On trouve également Shopmium, stickyads, tinyclues, evaneos, … « Nous investissons à un rythme très sélectif, de 2 à 4 opérations par an » présente Jean-David Chamboredon, qui ajoute « nous avons investi un peu plus de 30 millions d’euros sur 85 millions d’euros sous gestion, nous avons donc encore de quoi voir venir. »
1500 projets par an
ISAI reçoit 1500 projets par an « Sur ces 1500 projets, nous rencontrons 500 équipes, nous travaillons sérieusement sur 50 opportunités, et finalement nous en ferons 3 ou 4 » précise le président exécutif.
Quelles sont les conditions du choix d’un projet ? « Les projets que l’on retient ont une bonne équipe complète, avec plusieurs co-fondateurs, avec des compétences qui vont bien, et envie de bosser avec nous, parce que l’on va être associés pendant 3 à 10 ans » débute Jean-David Chamboredon.
Le timing
Il souligne qu’il faut un business modèle qui peut fonctionner en termes de capital à déployer et de moyens de financer la croissance. Il faut aussi que le timing soit bon. « Le timing peut être un peu négligé par les entrepreneurs mais il a beaucoup d’influence sur la capacité à émerger. Il vaut mieux éviter d’arriver en retard sur un marché avec peu de capitaux, en revanche arriver très tôt avec peu de capitaux cela peut marcher, comme dans le cas de Blablacar » dit-il.
Dernier point, il aura plus tendance à investir dans les domaines où la France a des points forts, c’est-à-dire dans l’économie collaborative, le « C to C », dans les mathématiques, les statistiques et l’informatique, pour le Big Data.