Invivo réinvente la manière dont les agriculteurs, les artisans et les agro-industriels s’approvisionnent

Stéphane Marcel, Chief Digital Officer d’InVivo et CEO de InVivo Digital Factory

Stéphane Marcel est Chief Digital Officer d’InVivo, l’union française de coopératives agricoles qui réunit 192 coopératives. Il est CEO de son entité digitale transverse, InVivo Digital Factory. Il fait le point sur la transition digitale du groupe qui multiplie les initiatives.

Stéphane Marcel interviendra lors du débat « Design d’expérience numérique en B2B : Améliorer expérience client et performance commerciale » de la prochaine conférence Innovation B2B le 12 décembre 2024 à Paris.

Question : pouvez-vous nous présenter le groupe InVivo ?
Stéphane Marcel : nous sommes l’un des premiers groupes agricoles en Europe avec un peu plus de 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont la moitié à l’international. InVivo a quatre grands métiers : l’Agriculture dans toute ses dimensions, qui pèse environ quatre milliards d’euros ; le Négoce international ; le Retail avec des marques comme Jardiland, Gamm Vert ou les Boulangeries Louise ; et l’Agroalimentaire avec une filière Blé et une filière Malt. Notre raison d’être est de favoriser la transition agricole et alimentaire pour un système plus résilient, avec des enjeux autour de la biodiversité et du verdissement pour tendre vers une agriculture neutre en carbone et plus rémunératrice pour les agriculteurs.


« Tous les métiers d’InVivo peuvent faire appel à InVivo Digital Factory pour développer des solutions digitales innovantes au service d’une croissance durable »

Question : pouvez-vous nous brosser le portrait de l’innovation et du digital dans le groupe ?
Stéphane Marcel : nous sommes depuis très longtemps sensibilisés aux enjeux de la transformation digitale. Nous avons une cellule Innovation qui sert de laboratoire R&D. Elle évalue les intérêts économiques et fonctionnels des nouvelles technologies destinées à l’agriculture. Nous avons également un pôle digital avec InVivo Digital Factory. Ce pôle digital est une filiale du groupe que je dirige. Tous les métiers d’InVivo peuvent y faire appel pour développer des produits et des solutions digitales innovantes au service d’une croissance durable.
Notre transformation digitale repose sur trois grands piliers : l’efficience opérationnelle ; l’expérience client, à travers toutes nos plateformes « B to B » et « B to C » ;  et enfin l’émergence de nouveaux modèles économiques. Pour l’efficience opérationnelle, nous avons par exemple développé une intelligence artificielle permettant aux chefs malteurs d’optimiser les recettes de fabrication du malt afin d’en améliorer la qualité, les performances et limiter l’impact environnemental.

Question : comment s’insère InVivo Digital Factory dans cette stratégie ?
Stéphane Marcel : cette Digital Factory a été créée pour exécuter la transformation digitale du groupe et de ses métiers de manière agile et concrète, et pas seulement théorique. 130 personnes y travaillent pour développer des solutions répondant à des cas d’usage précis. Il y a ainsi une plateforme E-Procurement « B to B » qui se décline en 4 marques : aladin.farm, Farmi, Moulins Soufflet pour les artisans boulangers et Soufflet Malt pour les microbrasseries. Et nous avons un socle technologique E-Commerce « B to C » adapté aux enjeux du commerce en ligne de Teract, qui est l’activité Retail d’InVivo, au travers notamment de deux sites web majeurs jardiland.com et gammvert.fr.


« Toute la force et l’efficacité de notre stratégie repose sur le fait de ne pas être dans une logique Projet – avec un début et une fin – mais dans une logique Produit »

Toute la force et l’efficacité de notre stratégie repose sur le fait de ne pas être dans une logique Projet – avec un début et une fin – mais dans une logique Produit et développement de logiciels. Nous avons toutes les expertises couvrant les domaines du Product Management, de l’e-commerce, du Design, de l’intelligence artificielle et plus largement de la data.
Cela nous oblige à nous poser les bonnes questions en matière de budget, de priorisation mais aussi de réplicabilité de nos produits sur d’autres cas d’usages internes.
Il y a quelques années, on parlait de transformation digitale. Aujourd’hui, on parle davantage de données, et comment ces dernières peuvent impacter les développements stratégiques des entreprises. Ma mission en tant que CDO n’est pas de faire de la tech pour la beauté du geste, mais pour générer de la valeur.


Question : comment aladin.farm répond-il aux enjeux spécifiques de la digitalisation dans le secteur agricole ?
Stéphane Marcel : il s’agit d’un pari un peu fou, lancé en 2018 à l’époque où beaucoup de startups se sont lancées dans l’écosystème agricole avec l’enjeu de disrupter tous les corps de métiers. Nous voulions aussi réinventer ou moderniser la façon dont les agriculteurs ont de s’approvisionner.

« aladin.farm  permet à une coopérative agricole d’offrir une expérience digitale de très bon niveau à ses agriculteurs pour l’achat de leurs intrants »

La plateforme aladin.farm  permet à une coopérative agricole d’offrir une expérience digitale de très bon niveau, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à ses agriculteurs adhérents pour l’achat de leurs intrants. En « B to B », cela inclut toutes les logiques de chaînes logistiques et de réglementations très conséquentes dans notre métier, en particulier lorsqu’il s’agit de produits dangereux.
Ce pari fou a bien fonctionné puisque 4 ans après le lancement, seize groupes coopératifs ont choisi aladin.farm. Sachant qu’ils représentent plus de 50 000 agriculteurs, sur un total de 300 000 agriculteurs actifs en France, le résultat est déjà énorme. Le panier moyen fluctue entre 5 000 € et 7 000 €.

Mille vendeurs -les techniciens agricoles- de ces coopératives sont aussi connectés à la plateforme et interagissent avec leurs clients agriculteurs. Les coopératives ont généré plus de 290 millions d’euros de ventes en ligne lors du dernier exercice 2023-24. On peut donc le dire avec fierté, le modèle aladin.farm est unique dans le monde coopératif agricole, c’est la 1ere plateforme e-business du marché en Europe.

Question : quid de l’appli Farmi parmi ces innovations ?
Stéphane Marcel : Farmi est une application mobile révolutionnaire utilisée par notre filiale Soufflet Agriculture. Elle compte 15 000 agriculteurs clients en France, et autant en Europe de l’Est (République Tchèque, Roumanie et Bulgarie).

« Farmi permet à l’agriculteur d’avoir une expérience à 360 degrés dans l’achat, mais aussi dans la vente de sa production »

Farmi permet à l’agriculteur d’avoir une expérience à 360 degrés dans l’achat de tous ses besoins, mais aussi dans la vente de sa production en étant directement connecté avec les marchés boursiers. Par exemple, lors de la dernière collecte, 250 000 tonnes de blé ont été contractualisées sur Farmi, ce qui représente à date 10 % de la récolte globale. Et c’est une part qui croît de 20 à 30 % par an.
Nous sommes en train de transformer un métier fondamentalement physique en y insufflant une part de digital, ce qui permet de faire plein d’autres choses – notamment de mieux anticiper les problématiques de chaîne logistique.

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