La transformation numérique a besoin du système d’information, c’est l’évidence que soulignent les DSI lors de l’assemblée générale du Cigref, le 17 octobre au Pavillon Gabriel. Mais l’informatique doit s’adapter; Elle ne portera pas seule la transformation numérique. Et le Directeur Général de l’entreprise doit être le premier apôtre du numérique.
Le CDO avant-vente du DSI
« Chaque entreprise adopte l’organisation qui lui convient le mieux, » rappelle Christophe Leray, DOSI du PMU, très philosophe. Son entreprise numérise actuellement ses points de vente et bascule d’une lourde informatique mainframe IBM vers une plateforme plus légère, agile et moins coûteuse sous sa direction. Il tournera le bouton off sur son grand système le 22 novembre prochain. Un long chemin que le DSI de Pôle Emploi vient de démarrer après avoir récemment dépouillé son appel d’offres. La fin se rapproche pour les mainframes IBM.
Côté numérique, « il y a complémentarité entre le DSI et le Chief Digital Officer [CDO], » ajoute-t-il. « j’ai même entendu le CDO d’un grand groupe dire récemment qu’il était l’avant vente de la DSI, » remarque-t-il. Il rappelle les bases du métier : « on ne peut pas faire de business numérique sans un système d’information. C’est différent de juste faire un site Web. »
L’informatique malgré tous ses défauts est indispensable pour le numérique, rappelle également Françoise Mercadal-Delasalles, directrice des ressources et de l’innovation de la Société Générale, membre du comité exécutif de la banque. Elle dirige l’ensemble des systèmes d’information et a signé récemment un contrat Cloud avec Amazon et Microsoft, pour construire une informatique de nouvelle génération. « L’ informatique est le problème dans les grandes entreprises, et aussi la solution, » affirme-t-elle.
L’informatique est lourde et plante
Le DSI doit être dans la boucle, quand bien même il est critiqué sous « le prétexte que son IT est lourde et plante, » le défend-elle. Elle précise cependant que « le DSI ne peut pas porter seul, la transition. »
L’informatique doit se transformer et l’entreprise aussi, se défendent les DSI. « Il faut du Design Thinking et des méthodes agiles, dans toute l’entreprise et pas que dans la DSI, » s’enflamme Bruno Brocheton, DSI d’Eurodisney.
« Pas de transformation digitale sans la direction générale, » affirme également Jean-Christophe Lalanne, DSI d’Air France . Il ajoute en outre qu’il faut remettre en question le rôle de monsieur « non » auquel le DSI est habituellement assimilé.
Le DSI devient le monsieur « c’est possible »
« Il faut en finir avec l’attitude de faire des spécifications, d’annoncer des délais et de dire que l’on va tenir des budgets que l’on sait que l’on va dépasser. Il faut une IT multispeed maintenant, du continuous delivery. C’est une transformation pour nous. Il faut savoir être plus ouvert, savoir dire « oui », dire que c’est possible, » liste-t-il. « Nous sommes au milieu d’une communauté qui se transforme, » résume-t-il.
Dans cette transformation numérique, un enjeu de taille est d’attirer les talents pour qu’ils ne partent pas dans les startups. La solution ? « Il faut des projets ambitieux, pour attirer les talents, » annonce Renaud de Barbuat, DSI de Carrefour.
« Par exemple, sur le Big Data, le terrain de jeux est très large dans les grands groupes. Il faut faire des projets attirants, nous avons ce genre de projets notamment en matière de personnalisation de la relation client, » dit-il.
Il poursuit : « les startups sont agiles mais notre terrain de jeu est plus vaste, chez nous les grands groupes, » avance-t-il. « Il faut apprendre à travailler avec les startups, » complète Philippe Courqueux, DSI du distributeur Cora.
Le développeur au centre
Dans cette évolution vers le numérique, « il faut remettre le développeur informatique au centre, » souhaite pour sa part Pascale Montrocher, DSI de Dassault Aviation. La DSI se montre également enthousiaste envers le Cloud et l’Open Source, tout en prévenant qu’il ne faut pas être naIf.
« Le Cloud est une opportunité mais aussi une nouvelle façon de nous rendre captifs pour certains fournisseurs. Il ne faut pas sombrer dans la naïveté, » prévient-elle. Elle admire en aparté le fait que Thalès soit un très gros contributeur à l’univers de l’Open Source.
Le mot de la fin sera pour Bernard Duverneuil, DSI d’Essilor et nouveau président du Cigref, depuis le 17 octobre, prenant la succession de Pascal Buffard, DSI d’Axa. » Il faut créer une R&D du numérique dans nos entreprises. tout en assurant une transparence des algorithmes, » conclut le DSI d’Essilor.