A l’occasion de la conférence Code, organisée mercredi soir aux Etats Unis, Hillary Clinton est intervenue longuement sur sa défaite face à Donald Trump en novembre dernier. Tout s’est joué sur la Data ! Elle a affirmé que l’équipe Trump a bénéficié de l’action de mille agents russes employés à poster des informations fausses sur les pages Facebook des Américains.
Des Russes pilotés par des Américains
« Les Russes ont mené une large campagne pour influencer les votants, » assure-t-elle, s’appuyant sur une enquête menée par les principales agences gouvernementales américaines.
« Ils l’ont fait via de la publicité, via de faux sites d’information, via un millier d’agents russes, via du Machine Learning, via les algorithmes qu’ils ont développés, et ils ont été guidés par des Américains pour savoir quel contenu poster et quand le poster, » attaque-t-elle, mettant Wikileaks dans le même sac. « Ce qui m’est arrivé est sans précédent, » insiste Hillary Clinton.
Trafic d’enfants
Elle explique que son équipe en charge de l’analyse des données électorales a perdu face aux informations fausses des pro-Trump. Son équipe Data était largement issue de celle des campagnes victorieuses d’Obama en 2008 et 2012 et avait été renforcée par de nouvelles expertises et par une aide venue de la Silicon Valley.
L’ancienne candidate à la présidence des Etats Unis voulait dérouler une stratégie dans la continuité de ce que faisait Obama, une sorte de Obama 3.0, en envoyant de meilleurs messages toujours plus ciblés. Mais en face d’elle, contre elle, ce sont les informations mensongères déversées sur Facebook ou twitter, qui l’ont emporté, tranche-t-elle. « On ne jouait pas dans la même catégorie en face. Quand les gens lisent sur leur page Facebook que je fais du trafic d’enfants, cela a une influence, » rappelle-t-elle.
« Ces informations qui étaient majoritairement fausses postées sur Facebook étaient reliées à ce que nous savons maintenant être ces mille agents russes, qui étaient employés à délivrer ces messages, elles étaient connectées aux bots, » assure-t-elle.
Hillary Clinton cite également le hack de la messagerie du responsable de sa campagne, John Podesta, « c’était anodin, » note-t-elle mais cela a mené à des théories complotistes. Des sites Web comme Inforwars, relais des équipes russes, ont forgé « les mensonges les plus scandaleux, extraterrestres, absurdes que vous puissiez imaginer, » dit-elle.
Facebook façonne l’esprit des gens
« De l’autre côté, on utilisait des contenus qui étaient juste faux, et ils les délivraient d’une manière très personnalisée, » ajoute-t-elle, précisant qu’elle comprend que les gens puissent lire une histoire fausse sur leur page Facebook et ne pas la remettre en question.
Elle pointe la responsabilité de Facebook qui doit faire le ménage dans ses contenus, le réseau social ne devant pas créer une nouvelle réalité, à partir de fausses informations, qui influence les gens, leur manière de voir le monde et de prendre leurs décisions.
Le site The Verge pointe en réponse une étude qui montre que les fausses informations même si elles ont plutôt favorisé Donald Trump n’auraient eu qu’un impact mineur sur les votants.
Hillary Clinton ne porte pas non plus Twitter dans son coeur, évoquant à un moment qu’il y a des faux abonnés au compte twitter de Donald Trump mais que ces millions de followers que ce dernier a su réunir peuvent impressionner les électeurs.
100 millions de dollars dans les données
Autre handicap évoqué par l’ancienne candidate, « quand j’ai reçu l’investiture du Parti Démocrate, je n’ai rien reçu d’eux. Leurs données étaient médiocres, fausses, j’ai du investir de l’argent pour que cela marche, » se plaint-elle. Situation d’autant plus désagréable qu’elle estime que Donald Trump qui n’a pas dépensé un centime a hérité quant à lui d’un solide socle de données du Parti Républicain.
Ce socle opérationnel avait été construit entre 2012 et 2016 grâce à une levée de fonds d’environ 100 millions de dollars. « Ce socle a été testé et vérifié dans tous les sens grâce à des milliers de sondages, et c’est cela dont a hérité Trump, » poursuit Hillary Clinton. Il n’avait alors plus qu’à marier le contenu – faux – et ces données, dont celles de Facebook, conclut Hillary Clinton.