Twitter est très peu répandu chez les patrons d’entreprise. Et quand l’un d’entre eux l’utilise, il fait attention à ce qu’il écrit. C’est ce que reconnaît Thibault Lanxade, PDG d’Aqoba, société de services de paiement par carte, et président du pôle Entrepreneuriat et Croissance au Medef, dont il est également membre du Conseil Exécutif.
Il s’exprimait le 5 Novembre, à l’occasion de l’événement « La parole du dirigeant à l’heure du 2.0 » organisé par le Syntec Numérique à l’université Paris Dauphine. Pour lui, tout tweet n’est pas bon à émettre même s’il est bien écrit pour buzzer. « J’étais énervé par ce qu’avait dit Benoît Hamon [NDLR : ministre délégué à l’économie sociale et solidaire], et j’ai commencé à écrire un tweet » décrit-il. Il s’agissait du texte « « Hamon nous parle de l’entreprise comme une nonne nous parlerait d’éducation sexuelle. »
C’est écrit et peut être réutilisé
Il poursuit : « là, je me suis dit, non je ne vais pas le twitter. On peut dire cela à la TV ou à la radio, mais là c’est écrit et cela reste, et peut être réutilisé ou récupéré par exemple par les anti-mariage pour tous, etc … Certes cela aurait buzzé, mais j’ai préféré ne pas l’envoyer. »
Le PDG reconnaît volontiers que twitter est peu répandu chez les grands patrons. « Nous avons des progrès à faire en matière d’usage des réseaux sociaux. Les patrons du CAC40 ou du SBF 120 ne sont pas sur les réseaux sociaux, sauf de façon Corporate. Ce n’est pas dans leur culture même si nous avons découvert la puissance de twitter lors de l’affaire des pigeons il y a un an,» déclare-t-il.
Thibault Lanxade fait figure d’exception en matière d’usage des réseaux sociaux. « Il y a trois personnes au Medef qui sont présentes sur les réseaux sociaux, Jean Claude Gallo [NDLR : Président du Groupe JCG Médias et Vice-Président de La Tribune], Geoffroy Roux de Bezieux [NDLR : patron de l’opérateur télécoms Virgin Mobile], et moi-même » liste-t-il. Cela a d’ailleurs donné une longueur d’avance à Geoffroy Roux de Bezieux lors de la campagne électorale à la succession de Laurence Parisot à la tête du Medef, pense Thibault Lanxade.
Pierre Gattaz n’anime pas son compte twitter
Il souligne : « Pierre Gattaz [NDLR : président du Medef] est présent sur twitter mais il n’anime pas lui-même son compte. » Thibault Lanxade considère que twitter est un bon amplificateur. Il l’a utilisé dans sa campagne lorsqu’il désirait être élu à la succession de Laurence Parisot. « J’étais le challenger, cela m’a permis de percer » dit-il. Il a également misé sur le buzz grâce à une vidéo où il proposait de faire livrer une paire de skis nautiques à Laurence Parisot, qui possède une maison à Saint Barth.
« C’était plus sympa que de lui envoyer des bâtons de marche pour lui indiquer que c’était l’heure de la retraite » sourit-il. « L’humour avec le 2.0 cela passe pas mal » conseille-t-il. Pour autant, si twitter est un amplificateur, « on a besoin de vidéos, d’images, de textes lourds. Ce sont alors d’autres outils que l’on utilise comme Tumblr ou le site Web. Twitter gère des liens vers ces contenus, cela montre la crédibilité de notre propos » avertit-il.
Les tweets d’Antoine Riboux
Au final, il estime que les grands patrons ont leur place sur les réseaux sociaux. « J’aurais aimé avoir des tweets d’Antoine Riboux ou de Michelin » regrette-t-il. « Ceci, pour avoir des références et la dynamique entrepreneuriale» pointe-t-il. Pour sa part, il est très branché sur twitter. « J’utilise twitter pour lancer des sujets le matin au lever, et je regarde si cela réagit dans la journée » indique-t-il. « On peut faire passer des choses de manière plus décontractée. Mais j’essaie d’éviter le privé et de rester corporate.» Il conclut : « twitter permet d’animer une communauté, je n’ai que 3000 followers, mais cela permet de savoir si on est dans le tempo, si on est dans le juste ou pas. »
Photo, de gauche à droite : Olivier Mathiot, co-fondateur et Directeur Marketing et Communication de PriceMinister, Thibault Lanxade, PDG d’Aqoba, Gilles Babinet, Responsable des enjeux du numérique pour la France auprès de la Commission Européenne, et Laurent Vimont, président de Century 21 France.