Fréquences TNT : verdict fin juillet pour les candidats, C8 et Cnews sous pression

Maxime Saada, Président du directoire du groupe Canal + © Photo LRDD/2024

L’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel français, a clôturé le 17 juillet les auditions des candidats à 15 fréquences hertziennes nationales de la TNT utilisées pour la diffusion de la TV et remises en jeu. L’autorité rendra son verdict fin juillet.

Renouvellement ou pas des fréquences de C8 et Cnews

La question principale est le renouvellement ou pas des fréquences des chaînes C8 et Cnews du groupe Canal +, filiale de Vivendi, groupe du milliardaire Vincent Bolloré. Ces deux chaînes sont la cible de nombreuses critiques et ont été sanctionnées par l’Arcom tout en rencontrant des succès d’audiences.

C8 a été lourdement pénalisé financièrement à plusieurs reprises par l’Arcom à cause de débordements qui ont eu lieu lors des émissions de Cyril Hanouna diffusées en direct. En particulier, l’échange très agressif entre Cyril Hanouna et le député Louis Boyard a coûté une amende hors norme de 3,5 millions d’euros à la chaîne. Quant à Cnews, la chaîne est vivement pointée du doigt par ses détracteurs qui l’accusent de manque de pluralisme politique et de manquements à la vérité de l’information.


Face à ces critiques, et pour obtenir le renouvellement de sa fréquence TNT, C8 propose à l’Arcom à regret d’abandonner le direct et de diffuser les émissions de Cyril Hanouna avec un différé pouvant aller jusqu’à 45 minutes afin de filtrer ce qui passe à l’antenne. Dès lors, cette chaîne se rapprocherait du fonctionnement de sa grande rivale l’émission Quotidien de Yann Barthès sur TMC (groupe TF1) qui est enregistrée avant d’être diffusée entièrement en différé.

Direction du pluralisme chez Cnews

Cnews pour sa part propose de mettre en place une direction du pluralisme.  La chaine va embaucher 4 à 5 personnes spécifiquement, afin de vérifier qu’il y a une pluralité des thématiques, des intervenants, et des opinions à l’antenne. Sur ce sujet, qui est revenu à plusieurs reprises lors de l’audtion, Cnews rappelle qu’il attend les décisions de l’Arcom qui doit définir la méthode de mesure du pluralisme, en glissant que cela doit s’appliquer à toutes les chaînes. Les nouvelles consignes de l’Arcom sur ce sujet sont attendues à la suite de la décision du Conseil d’Etat qui demande d’avoir une vision du pluralisme élargie par rapport à la seule comptabilisation des temps de parole.

Sur 1 h 30 d’audition, les échanges de l’Arcom ont pu être tendus avec les dirigeants de Cnews

On peut noter que sur 1 h 30 d’audition, certains échanges de l’Arcom ont pu être tendus avec les dirigeants de Cnews, un peu traités comme des personnes sans foi ni loi. Les managers de Cnews de leur coté ont pu négliger la souplesse diplomatique pour s’arcbouter abruptement sur leurs choix éditoriaux et leur mental de professionnels des médias, les mains dans le cambouis. On a pu avoir l’impression qu’ils oubliaient les propres enjeux de l’Arcom, sa vision et son vocabulaire policé de régulateur. On était parfois plus dans une négociation musclée que dans la démonstration que l’on va respecter un cahier des charges point par point.

Ceci dit, Cnews défend pied à pied sa création d’un nouveau modèle de chaîne d’information avec des débats qui ont lieu tout au long de la journée plutôt que de répéter toutes les 15 minutes la même information brute immédiate que l’on reçoit tous sur nos smartphones et les réseaux sociaux. Au passage, Cnews précise disposer d’une rédaction de 200 journalistes professionnels parmi près de 300 employés. Les multiples contrôles de ce qui est dit à l’antenne de Cnews ont été décrits de manière assez laborieuse par les responsables de la chaîne lors de l’audition auprès de l’Arcom.

L’Express, Ouest France, Daniel Kretinsky et Le Média

Cnews a de quoi s’inquiéter car les candidats ne manquent pas pour occuper sa fréquence. Quatre acteurs spécialistes de l’information ont le profil pour prendre ce créneau. On trouve ainsi l’hebdomadaire papier et web L’Express d’Alain Weill, qui pour mémoire est à l’origine de BFM TV, et qui veut lancer L’Express TV en l’associant fortement aux médias sociaux. Il y aussi le quotidien de la presse quotidienne régionale Ouest France avec le projet OF TV.

Autre candidat, Le Média est une web télévision d’une qualité technique très professionnelle en ce qui concerne ses formats et ses intervenants, omniprésente sur Youtube, et portant un discours uniquement de gauche et d’extrême gauche. Elle diffuse ses contenus sur internet à haute fréquence. Enfin, il y a CMI France qui est la propriété du boulimique repreneur d’entreprises Daniel Kretinsky, pour RéelsTV. RéelsTV s’appuierait sur les médias très divers de CMI France (Elle, Télé 7 Jours, Franc-Tireur, Ici Paris, France Dimanche, Usbek & Rica) et proposerait des documentaires, de l’actualité quotidienne et des programmes culturels.

Maxime Saada sous pression

Face à l’Arcom, Maxime Saada, Président du directoire du groupe Canal +, filiale à 100% de Vivendi, a joué la carte Canal +, premier financeur du cinéma français, afin de sauver les fréquences de C8 et Cnews, qui font partie du même groupe, indiquant que ses chaînes TNT gratuites et payantes forment un tout d’un point de vue publicitaire et revenus qu’il ne faut pas modifier. L’argument paraît faible.

« Il apparaît impératif pour le groupe Canal+ de s’appuyer sur ses chaînes gratuites »

Le groupe Canal + défend son projet industriel et rappelle qu’il prépare son entrée en bourse. « Face à la concurrence, il apparaît impératif pour le groupe Canal+ de s’appuyer sur ses chaînes gratuites en complément de son activité payante » décrit Maxime Saada. Le dirigeant met en avant la vitalité d’un groupe de média indispensable face à de puissants concurrents qui vont des plateformes comme Netflix au groupe TF1.

Les chaines gratuites sont présentées comme le moteur du groupe Canal +. « Cela permet à notre régie [publicitaire] d’exister sur le marché. Nos chaînes gratuites C8, Cstar et Cnews sont déterminantes pour favoriser le développement de notre régie » insiste-t-il. « Sans la performance des chaînes gratuites qui représentent 60% du chiffre d’affaires de la régie, l’équilibre économique de Canal + brand solutions serait compromis » prévient-il. Au passage, on apprend que Cnews est rentable seulement depuis mars 2024.

Le groupe Canal + exploite 7 des fréquences remises en jeu

Pour rappel, quinze fréquences de la TNT arrivent à échéance en 2025. Elles ont été remises en jeu par l’Arcom. Ces fréquences sont utilisées par 15 chaînes nationales métropolitaines,  généralistes ou thématiques, toutes privées. Cela comprend 10 chaînes gratuites : C8, W9, TMC, TFX, NRJ 12, LCI, BFMTV, CNews, CStar et Gulli. Et il y a cinq chaînes payantes : Canal+, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma, Paris Première et Planète+.

Dans cette compétition sur 15 fréquences TNT, le groupe Canal + détient pas moins de 7 chaînes : C8, Cnews, Cstar, Canal+, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma et Planète+. Il est celui qui a le plus de risques d’y laisser des plumes. Ceci dit, qui peut dire spontanément quel est le positionnement et l’apport de W9, NRJ 12 ou TFX et l’intérêt de les conserver telles quelles ?

Une réaction sur “Fréquences TNT : verdict fin juillet pour les candidats, C8 et Cnews sous pression” :

  1. Roby

    Maintenant c’est la liberté d’expression que l’on met en cause. Si l’arcom juge que cnews est trop orienté droite et extrême droite, elle n’a jamais rien eu à dire aux chaînes qui diffusent et qui ont diffusé durant des décennies QUE ce que les politiciens endormis confortablement dans leurs fauteuils ne voulaient nous faire entendre et penser. Depuis quelques années avec Cnews les Français savent en temps réel ce qu’il se passe dans les coulisses des politiques. L’arcom est un organisme qui doit encore être sous une tutelle du même style que le conseil constitutionnel. Beaucoup n’ont plus leur place à ces postes, surtout avec de grosses casseroles pour au moins l’un d’entre eux, mais… les Français ont la mémoire courte, et le temps est l’arme absolue pour absoudre tous les péchés. Les Français se réveillent, et quels que soient les artifices utilisés pour museler le pitbull, celà ne fera qu’exacerber le peuple, et il ne faudra pas s’étonner de voir monter encore plus le RN avec toux ceux qui en ont assez que l’on insulte leur intelligence.

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