Attaquants: la discrétion règne
Avec les gardiens, les attaquants possèdent cette caractéristique rare de pouvoir également faire basculer un match par un coup de patte génial, une frappe vicieuse ou un geste acrobatique que seul leur instinct de buteur peut leur inspirer. Parmi les 5 éléments offensifs choisis par Didier Deschamps, c’est aussi un certain atypisme digital qui règne en maître.
Le plus cohérent est sans nul doute le petit dernier appelé en équipe de France, Antoine Griezmann. Le joueur de la Real Sociedad en Espagne est clairement un accro de Twitter. Ouvert depuis novembre 2012, son compte (@AntoGriezmann) mobilise 98 466 aficionados ravis de voir leur idole véritablement converser avec eux.
A tel point que ce dernier a même lancé un hashtag spécifique (#TeamGrizi) où les fans peuvent déposer leurs messages et espérer se voir retweetés par Antoine Griezmann. Détail amusant de ce compte : l’espagnol est la langue la plus souvent usitée du fait que l’attaquant a passé l’essentiel de sa jeune carrière de l’autre côté des Pyrénées.
Le buteur d’Arsenal, Olivier Giroud et celui actuellement en prêt à Newcastle, Loïc Remy, ont également adopté Twitter mais avec des approches particulièrement déroutantes. Concernant Olivier Giroud (@_OlivierGiroud_ ), le compte existe depuis juin 2012 et rassemble plus de 664 000 abonnés.
Un compte protégé pour Olivier Giroud
Néanmoins, avant d’avoir le privilège de rejoindre la cohorte des fans du joueur et pouvoir lire ses tweets, il faut déposer une requête à l’administrateur du compte ! Ce dernier est en effet protégé et rend impossible toute lecture des messages que le joueur a pourtant émis à 466 reprises. Une surprenante conception des réseaux sociaux qu’on retrouve également de manière similaire chez Loïc Rémy.
Un premier compte a été ouvert en juin 2011 sous l’alias @loic_remy avec le lancement du site Web du joueur. Après seulement 8 tweets, il a cessé de vivre mais n’en a pas moins conquis 16 613 abonnés à ce jour ! Un deuxième compte (@OfficialLRemy14) est apparu en septembre 2013 mais a lui aussi rapidement coupé le son et a laissé 1806 fans en plan. Seraient-ce les déboires liés à leur vie privée turbulente dont la presse de caniveau anglaise s’est emparée, qui ont dicté une telle discrétion numérique ? A voir.
Les deux grands noms mondialement connus de l’équipe de France ne sont pas en reste en matière d’étrangeté digitale. Pour Karim Benzema, le goleador du Real Madrid, l’empreinte numérique officielle est uniquement assurée par une page Facebook avec 12 millions de fans (!) et un site Web très gadget et succinct.
Sur Twitter en revanche, pas de trace du buteur hormis quelques comptes fake. Ce profil bas est-il aussi dicté par l’aspect privé plutôt agité de Karim Benzema ? Pourtant, disposer d’un fil officiel permettrait justement au joueur de rectifier en direct et clairement les allégations qui circulent allègrement à son encontre.
Franck Ribery dispose a contrario d’un fil Twitter @RiberyOfficiel depuis janvier 2012 suivi par 34 060 abonnés. Mais là aussi, point de présence active de la part du « Scarface » du football français. Les rares tweets sont essentiellement des formules basiques sans saveur ou des RT sans intérêt. Ce retrait est-il suscité par la constante critique dont Ribéry fait l’objet sur Twitter à cause de sa grammaire quelque peu aléatoire et de ses phrases cultes comme celle lancée dernièrement : « Faut avancer de l’avant ! ».
Sous les crampons, les tweets ?
Ce petit inventaire des 23 sélectionnés pour le Brésil révèle au moins un enseignement.
Les figures les plus commentées et critiquées de l’équipe de France (en l’occurrence Patrice Evra, Mathieu Valbuena, Franck Ribery et Karim Benzema) sont paradoxalement celles qui font preuve d’une discrétion à toute épreuve sur les réseaux sociaux.
Se doter d’un porte-voix comme un compte Twitter aurait pourtant été plutôt indiqué pour faire entendre leur part de vérité. Non retenu chez les Bleus, Samir Nasri n’est au contraire pas avare de ses mots.
Une chose au moins est certaine. Si un bad buzz se produit, il ne sera pas le fruit d’un tweet malencontreux de ces 4 joueurs à la cote de popularité chahutée. Didier Deschamps est en tout cas très conscient que la communication des joueurs est potentiellement plus versatile (3) : « Le moindre truc peut devenir une affaire d’Etat et provoquer des dégâts, surtout lorsque certains propos sont rapportés, déformés et amplifiés. Le moment venu, je saurai donc me couper de l’extérieur. Maintenant, le meilleur remède contre tout ça, je n’en connais qu’un : gagner des matches ». Et les 65 millions de citoyens sélectionneurs seront sûrement les premiers à tweeter leur joie !
Toutes les statistiques citées sur les comptes Twitter des joueurs sont issues de l’outil d’analyse en ligne Twittonomy
Sources
– (1) –Patrick Urbini – « Ces pièges qui guettent Deschamps » – France Football – 13 mai 2014
– (2) – Rémy Lacombe et Patrick Urbini – « Deschamps : c’est l’état d’esprit qui fait gagner » – France Football – 13 mai 2014
– (3) – Ibid.
Autres articles
– Olivier Cimeliere – « Fuck Deschamps ! La copine de Nasri ruine son plan com’ en un tweet » – Le Plus du Nouvel Observateur – 14 mai 2014
– « Football : Jean-Michel Aulas doit-il continuer à être sur Twitter ? » – Le Blog du Communicant – 18 septembre 2013
– « Quelle reconquête d’image possible pour l’équipe de France de football ? » – Le Blog du Communicant – 27 juin 2012
Olivier Cimelière
Littéraire dans l’âme, journaliste de formation et communicant de profession, voilà pour le tableau synoptique express d’Olivier Cimelière. Olivier a 20 ans d’expérience et un parcours plutôt original dans des secteurs d’activité très variés. Expert en stratégie de communication d’entreprise et de réputation des dirigeants, il est directeur d’Heuristik Communications et anime le blog du communicant 2.0. Depuis avril 2014, il est directeur associé de l’agence d’image et opinions Wellcom.