Si l’on veut réellement progresser dans l’usage de l’intelligence artificielle, il est temps de passer à la mise en service de produits minimum qui apportent déjà quelque chose au business, des MVP (Minimum Viable Product) et il faut arrêter totalement de réaliser des preuves de concept, les POC (Proof of Concept).
Les POC sont très fatigants et ne servent à rien
C’est le conseil radical de Luc Julia directeur scientifique de Renault, en charge des aspects digitaux chez le constructeur automobile. Il s’est exprimé à l’occasion de l’événement Think Tank for AI, organisé le 14 octobre par Les Echos et Le Parisien. « Les POC ne servent à rien, il faut passer à l’étape suivante qui est les MVP, c’est-à-dire avoir des vrais produits que l’on va utiliser et qui vont nous servir à quelque chose » insiste-t-il. Il estime que l’heure des POC en intelligence artificielle est révolue. « Juste montrer que potentiellement il y a quelque chose que l’on peut faire avec l’intelligence artificielle, ce n’est pas ce qu’il faut faire » poursuit-il.
« On continue à faire beaucoup trop de POC. Et cela ne sert à rien finalement«
Dans cette marche vers un usage plus large de l’IA, l’obstacle qui se rapproche est celui de la consommation électrique, alerte-t-il. « Ces systèmes d’IA consomment beaucoup d’électricité. Doit-on utiliser les IA pour faire tout et n’importe quoi ? » questionne-t-il. « Le système de jeu de Go qui a battu le champion du monde en 2016 c’était 440 KWh. Or c’était seulement pour jouer au Go, c’est quand même assez débile surtout que le joueur de Go en face, consommait seulement 20 Watts » s’énerve-t-il.
Faire des choix entre les applications d’intelligence artificielle que l’on va développer
Face à cette consommation élevée d’électricité, des arbitrages vont devoir avoir lieu. « Si on a un système qui détecte le cancer du sein, et que l’on a des problèmes d’énergie et on sait que cela ne va pas s’arranger dans le futur, l’éthique va intervenir si l’on doit faire des choix et ce sont aussi des choix de société qu’il va falloir faire. Il va le falloir parce que l’IA est très énergivore » prévient-il. Dès lors, il préconise une nouvelle façon de faire de l’intelligence artificielle qui ne repose pas sur le Big Data.
Il y a trop de données. Il va falloir les trier. Allons vers le small data et cessons d’utiliser systématiquement le Cloud
Un autre enjeu, en revanche mieux identifié que celui de la consommation électrique, est celui du biais des données. Comment y remédier ? « Les données sont historiques, par définition l’histoire d’hier, ce n’est pas forcément l’histoire d’aujourd’hui. Il y a donc de bonnes chances que les data d’hier ne puissent pas s’appliquer à la société d’aujourd’hui » constate le responsable. « Les data sont biaisées. On s’en rend compte ou pas. Quand on s’en rend compte, c’est mieux. Mais on va vouloir débiaiser et on va amener notre propre biais » déclare-t-il.
La société doit décider des règles à appliquer aux données
C’est à la société de définir les règles qu’elle veut que l’on applique aux données. « C’est là où l’éthique et la régulation peuvent intervenir, parce que la société va devoir décider comment on va débiaiser. Par exemple, une société de crédit peut décider de donner plus de poids aux femmes qu’aux hommes pour l’obtention de crédit, mais est-ce la bonne décision ? » illustre-t-il.
« Il faut que ce soit les gens qui font de l’IA qui parlent de l’IA et pas les autres, comme Laurent Alexandre »
Luc Julia a marqué les esprits en 2019 avec son livre ‘L’intelligence artificielle’ n’existe pas. « L’intelligence artificielle générale qui fait tout, qui serait meilleure que nous, cela n’existe pas » confirme-t-il. « L’intelligence artificielle c’est une boîte à outils » préfère-t-il. « Ces outils sont à notre disposition pour améliorer les processus, améliorer les résultats des projets. Ces outils sont meilleurs que nous. Ils permettent de faire mieux que ce que l’on ferait » conclut-il.
« Il faut que ce soit les gens qui font de l’IA qui parlent de l’IA et pas les autres. » C’est l’hôpital qui se moquer de la charité. Julia se vend depuis quelques années comme un pape de l’IA, mais honnêtement il y a des tas de gens qui ont bien plus d’expérience et de succès que lui. Son bouquin est un sommet d’egocentrisme avec très peu d’idées. Il faut arrêter de lui donner la parole.