La crise de la Covid-19 ne freine pas l’arrivée d’argent dans le secteur des startups en France. Les levées de fonds ont atteint un montant total de 5,4 milliards d’euros. C’est un record jamais atteint jusqu’à présent. C’est ce que montre le baromètre EY du capital risque publié le 11 janvier. Côté bémols, le nombre d’opérations n’atteint que 620 alors que l’on en dénombrait 736 en 2019. On constate de grosses opérations dépassant 50 millions d’euros, mais les startups ont en revanche plus de mal à trouver un financement lorsqu’elles en sont à leurs débuts.
De plus en plus de grosses opérations
« Si le montant des fonds levés est très gros, c’est parce qu’il y a de plus en plus de ‘mega deals’, ce n’était jamais arrivé dans l’écosystème les années précédentes » relève Arthur Porré, d’Avolta Partners, un fond de capital risque. Pour sa part, il a récemment signé la vente de la néo-banque Anytime à l’opérateur télécoms Orange. Il s’est exprimé lors de l’événement innovation Week organisé par le Hub Institute, le 13 janvier.
« Il est de plus en plus dur de trouver des investisseurs lors des premières demandes d’investissement«
Ce qui inquiète ce professionnel c’est la relativement faible valorisation des entreprises lors de leur revente par les fonds de capital risque (VC ou Venture Capitalist). Il relève que les montants ainsi récupérés s’élèvent à 4,3 milliards d’euros en 2020. « C’est inférieur aux investissements. C’est un peu inquiétant qu’il y ait plus d’argent qui entre dans l’écosystème que d’argent qui en sorte. Il y a très peu de gros accords. Nous sommes un des seuls pays en Europe où il n’y a pas eu vraiment d’accords au dessus de 1 milliard d’euros sur des entreprises qui ont été financées par des VCs. C’est un peu inquiétant » déclare-t-il.
Les introductions en bourse ne fonctionnent pas en France
Ce qui l’inquiète encore plus c’est que pour l’instant les introductions en bourse (IPO ou Initial Public Offering) ne fonctionnent pas du tout en France. « Cela fait très longtemps qu’il n’y a pas eu une IPO majeure sur le secteur de la technologie sur des boîtes financées par des VCs. Contrairement aux autres pays européens où des entreprises sont sorties sur IPO sur leur bourse locale. Cela n’existe pas en France » regrette-t-il. Il souhaite également que la circulation des fonds reste sur le marché français afin que l’écosystème se développe et que donc les grosses opérations aient lieu dans l’hexagone et non à l’étranger.
Entre 2019 et 2020, les montants de financement des startups ont augmenté de 7% en France
Dans le détail, en France, ce sont les sociétés de logiciels (1,42 milliard d’euros de levées de fond) et de services internet (1,40 milliard d’euros) qui continuent de concentrer plus de 50 % des fonds levés en valeur en 2020. En 2019, les levées étaient respectivement de 1,54 milliard d’euros pour les logiciels et 1,10 milliard d’euros pour les services internet.
Les sciences de la vie à la traîne
Le secteur des sciences de la vie apparait à la traîne dans l’hexagone même s’il connaît une croissance de 5%, passant à 851 millions d’euros en 2020 contre 811 millions d’euros en 2019. Enfin le secteur de la Fintech vit une croissance très forte de 57%. Les fonds collectés s’élèvent à 622 millions d’euros contre 397 millions d’euros en 2019.
Dans le Top 5 des levées de fonds de l’année 2020 en France, on trouve Voodoo (400 millions d’euros récoltés, montant estimé par EY) qui développe des jeux vidéo sur mobile ; Mirakl (256 millions d’euros) qui développe des places de marché ; Ynsect (190 millions d’euros) qui propose de produire des protéines à partir d’insectes ; Ecovadis (182 millions d’euros) qui sert à l’évaluation des politiques RSE des entreprises et ContentSquare (173 millions d’euros) qui analyse les performances des sites web et e-commerce.
Le gouvernement veut soutenir les startups face à la pandémie
Devant la croissance des levées de fonds, Cédric O se montre satisfait même s’il reconnaît également qu’il n’y a pas assez d’entrées en bourse sur le marché français. Il rappelle le soutien apporté par le gouvernement aux startups et au secteur du numérique depuis la pandémie. « La France a présenté un plan d’urgence de 4 milliards d’euros à destination des startups. En juin dernier, nous l’avons complété avec un plan d’aide de 1,2 milliard et ce sont plus de 7 milliards qui seront investis dans le secteur du numérique via France Relance porté par le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance » conclut Cédric O.