Daniel Ichbiah : Il ne faut pas se leurrer malgré les démentis mous des uns et des autres. Toutes les grosses sociétés américaines du Web sont maquées avec la NSA. Depuis que le Patriot Act a été instauré par George Bush à la suite du 11-Septembre, le mot d’ordre a été « ouvrez nous les portes de vos services en ligne ». A cet égard, je trouve qu’Edward Snowden devrait obtenir le prix Nobel de la Paix pour ce qu’il a eu le courage de révéler au monde entier.
Le cas de Google est encore plus symptomatique car cette société est devenue incontournable. Je ne pense pas que ses fondateurs, Larry Page et Sergey Brin soient des personnes foncièrement mauvaises avec des intentions dangereuses. Le souci est qu’ils mettent en place une infrastructure vertigineuse de collecte de données comme jamais l’humanité n’en a disposé.
Si un jour, celle-ci venait à tomber entre des mains nettement moins vertueuses, le dévoiement ne serait pas très loin. Avec des conséquences dramatiques pour les libertés individuelles. Il serait par exemple facile de déréférencer les médias qui n’adoptent une ligne éditoriale allant dans le sens souhaité.
Ceci étant, certains acteurs ont déjà des pratiques qui ne sont pas loin de la coercition et du contrôle absolu. Amazon n’hésite pas par exemple à recourir à tous les moyens pour faire plier un concurrent qu’il estime gênant. Diapers.com, un site de vente en ligne d’articles de puériculture, en a fait l’amère expérience en 2009.
Des émissaires d’Amazon avaient alors proposé d’acquérir le site pour l’intégrer à leur empire en ligne. Devant le refus catégorique des dirigeants, Amazon a alors mené une guerre radicale des prix allant jusqu’à consentir 30% de rabais sur les produits vedette de Diapers. De guerre lasse, ce dernier se laissa alors racheter par Amazon un an plus tard ! Cette hyper-puissance suscite en tout cas bien des questions éthiques que ces grosses sociétés évacuent prestement.