D’ici septembre 2023, les 734 magasins E.Leclerc auront cessé toute distribution de prospectus dans les boites aux lettres françaises. C’est l’annonce faite ce jour. « Je suis fier que les 600 adhérents E.Leclerc aient décidé de s’attaquer à un tabou : le bourrage des prospectus dans les boîtes aux lettres » déclare Michel-Edouard Leclerc, Président du comité stratégique des centres E.Leclerc qui se montre malgré tout un peu inquiet. « Bien sûr, il y a un risque commercial » reconnait-il.
Un arrêt progressif d’ici septembre 2023
L’arrêt sera progressif d’ici septembre 2023, qui est la date butoir pour tous les magasins E.Leclerc. L’arrêt de la distribution des prospectus est une démarche déjà effective dans une centaine de magasins, incluant les pionniers que sont les Centres E.Leclerc de Luçon, Ville-LaGrand, Le Cannet Rocheville, Rambouillet, Trélissac, Libourne, Fécamp, etc.. « Ces 3 dernières années, des magasins E.Leclerc ont expérimenté des manières de faire plus de promos avec moins de papier » rappelle Michel-Edouard Leclerc.
Il y a eu une réduction du nombre de pages imprimées. « Nous avons réduit le nombre de pages des prospectus, ce qui a fait 25% de papier en moins. Nous avons augmenté les visuels des produits par page, cela fait 8% de papier en moins. Et nous nous sommes engagés à utiliser un papier fabriqué avec des chutes de bois et issu de pratiques forestières françaises responsables. Nous avons retravaillé la communication auprès des habitants de nos zones commerciales, clients ou non, en développant le digital, pour les catalogues, les sites e-commerce, le chatbot, les applis et l’information en magasin. Avec succès » déclare le dirigeant.
« Toute la filière attendait que E.Leclerc annonce la grande bascule »
Il rappelle que d’autres distributeurs comme Intermarché, Hyper U, Casino, ont aussi fait des tests et que plusieurs de leurs magasins ont franchi le pas de la suppression du catalogue papier. « C’est quelquefois à grande échelle, comme Carrefour et récemment Cora. Mais toute la filière attendait que Leclerc annonce la ‘grande bascule’. Cela crée pour tous les autres commerçants les conditions d’une concurrence sans distorsion s’ils arrêtent eux-aussi les prospectus » déclare-t-il. À la fin du mois de mars 2023, 250 magasins auront arrêté. D’ici à septembre 2023, l’arrêt sera progressif pour se généraliser à l’ensemble des 734 magasins E.Leclerc.
Jusqu’alors les prospectus papier étaient plébiscités pour doper les ventes. « Ils sont pourtant moins utilisés qu’auparavant par un certain nombre de consommateurs, notamment en raison de l’essor du digital et qui plus est depuis la crise Covid » indique le groupement E.Leclerc. Le poids lourd de la grande distribution observe un changement d’usage illustré par les chiffres liés au dispositif « Stop Pub ».
44% des personnes jettent leurs prospectus sans les regarder
E.Leclerc retient que les chiffres de « Stop Pub » indiquent que 44% des personnes jettent leurs prospectus au moins 1 fois par semaine sans y avoir prêté attention. « Afin d’éviter le gaspillage de prospectus, nous avons donc préféré stopper la distribution intégrale de ces derniers. Ce sont en effet plusieurs dizaines de millions de prospectus qui étaient jusqu’à maintenant produits chaque année » déclarent les centres E.Leclerc.
Les prospectus papier doivent disparaître mais ils deviendront disponibles via internet avec l’application mobile « Mon E.Leclerc », les sites marchands de l’enseigne, les newsletters, etc. Pour accompagner les clients peu familiarisés avec ces supports, les équipes d’accueil d’E.Leclerc en magasins seront mobilisées. Elles indiqueront comment télécharger et utiliser l’application, comment scanner le QR code du catalogue, comment s’inscrire à la newsletter, etc.
Des exemplaires papier disponibles en magasins
La gestion des rayons, mission des chefs de rayons, en plus de la gestion des stocks, reprendront aussi toute leur place pour faire connaître aux clients les bonnes affaires ou les nouveautés. Quant aux clients toujours attachés au papier, ils pourront retrouver quelques exemplaires de leurs prospectus au format « papier » en magasins. « Bien sûr, il y a un risque commercial. Mais cela représente 50 000 tonnes de papier économisées par an. Cela ne peut être que bénéfique en termes d’émission de CO2 et de carbone. Notre rapport de confiance avec nos clients nous permet de prendre ce type de décisions fondatrices et exemplaires » estime Michel-Edouard Leclerc.
« Il y a un vrai risque commercial. Des commentateurs diront qu’avec l’augmentation du prix du papier, on n’a plus le choix. Oui, peut-être, mais quid quand le cours du papier rebaissera ? » analyse Michel-Edouard Leclerc. « Aux yeux d’une partie du public, on associe le prospectus à la promo. Il va falloir convaincre les derniers fans du prospectus papier et garantir à tout le monde la continuité des promos, et investir pour rendre visible les prix et les produits,. Il va falloir sacrément investir ! » annonce-t-il.
Repenser complétement la relation avec les clients
« Arrêter les prospectus, c’est repenser complètement la relation avec les clients. C’est remettre chaque magasin ou même chaque site Internet au coeur d’un dispositif d’informations qu’on a trop délégué au national, à la marque » pointe-t-il. « C’est aussi un enjeu majeur pour notre pérennité. Je ne vise pas que la communication ou la publicité. On parle ici d’engagement écologique, d’économie plus vertueuse, plus soucieuse de l’environnement » conclut-il.