L’enseignement à distance a le vent en poupe grâce au numérique. Le salon ilearning qui s’est tenu du 24 janvier au 25 janvier à l’espace Champerret à Paris a permis de faire le point sur les nouvelles tendances à l’heure où la formation doit permettre de produire en masse.
Le mobile pour du Fast Learning
Première tendance : l’agilité. Pour répondre à cette attente d’agilité, la formation sur mobile (Mobile Learning) permet de préparer ou de réviser une formation à partir de contenus courts (Fast Learning) et ludiques, quizz, vidéos,…accessibles à tout moment.
Par exemple, le Centre de Formation à la Profession Bancaire (CFPB) a développé un micro module pour lutter contre la fraude, accessible en situation de travail par mobile et intitulé « comment reconnaître une fausse carte d’identité. » Cela illustre que la formation est actuellement lourdement impactée par les obligations réglementaires.
Les salariés du secteur bancaire sont massivement formés sur la fraude et la corruption ce qui permettra à l’établissement bancaire d’être « moins attaquable » en cas de procès. Dans ce secteur, pas question de faire de l’abattage, les banques recherchent la valeur et la capacité de déployer des modules en plusieurs langues rapidement et partout.
Digital et présentiel
Le mobile devient un nouveau levier d’action parmi tous les outils de la formation, entre digital et présentiel. « Le digital sert le présentiel et le présentiel sert le digital. Ils se nourrissent l’un l’autre » rappelle Mathieu Fort de Micropole Institut.
Dans ce cadre, le rôle des responsables formation est d’intégrer le numérique dans la gestion et le contenu de la formation. Le parcours de formation intègre savoirs, situations réelles, partage entre pairs, travail collaboratif, visite d’ateliers, travaux communs et individuels, animation de communautés, vidéos, études de cas….
Autre tendance : les micro formations et le rôle des experts métier de plus en plus sollicités pour créer les bons contenus. Des micro formations se développent préparées avec les experts métier. Cela permet par exemple aux équipes marketing et commerciales de déployer en 1 heure de nouveaux argumentaires accessibles en un clic via une plateforme qui fonctionne comme un site internet ou un réseau social interne. L’efficacité se mesure en comparant le chiffre d’affaires d’un vendeur ayant suivi ou non le module.
La Maif en tête
Cette évolution répond aux besoins des entreprises qui raisonnent de plus en plus en termes d’employabilité. Dès lors, le salarié en situation de travail doit trouver l’information pour être productif à l’instant « t » où qu’il soit.
Le MOOC (Massive Open Online Course) ou COOC (Corporate Open Online Course, réalisé par l’entreprise) permet de construire ou de nourrir le flux de formation à destination d’un public large. Le secteur des MOOC étant désormais très encombré, My Mooc, qui se veut un Trip Advisor des Mooc, a décidé de récompenser le 19 janvier dernier les meilleurs du secteur lors de la première édition des Mooc of the Year.
C’est la MAIF qui a reçu le prix de l’entreprise la plus innovante pour son programme d’acculturation au digital pour tous ses collaborateurs (Mooc LearnAssembly). Le MOOC serait un bon concept à condition d’y intégrer du travail collaboratif, du présentiel qui permet d’animer la communauté et de créer l’émulation, des travaux en commun et des groupes de réflexion et surtout du travail individuel.
Démarche progressive
Autre point, comment réussir une formation ? Le plus difficile pour l’entreprise est de coordonner les attentes de chacun. Cela concerne l’informatique, les experts métiers, les apprenants… et il faut tenir compte du niveau de digitalisation des salariés. Conséquence, il faut « y aller progressivement en lançant une formation pilote. Commencer petit et ne pas tout lancer de front, » conseille Céline Alibert d’Altissima Group.
Des entreprises comme PSA (Peugeot Citroën) ou BNP Paribas sont au début de leur réflexion : comment gérer leur projet big data ? Qui va interpréter toutes ces données ? Par quoi commencer ?
De fait, les sujets de formation concernent de plus en plus la conduite du changement et l’acculturation aux nouvelles technologies. En matière de Big Data en particulier, il faut éviter le piège de passer son temps à réfléchir en se perdant dans la donnée alors qu’il faut restituer une information digeste et utile aux équipes.
Embarquer les jeunes salariés
Le public à former et à informer est très large. Criteo, leader de la publicité en mode retargeting, utilise la plateforme de la jeune société 360 Learning pour son programme d’on-boarding des nouveaux collaborateurs.
La formation devient un flux qu’il faut alimenter. De nouveaux prestataires, tels qu’Inwicast, permettent même de produire des vidéos éphémères en interne. Bouygues Construction s’est équipé d’un studio vidéo. Tous les métiers se sont appropriés cet outil qui bénéficie d’un taux d’occupation de 70%. Les équipes y préparent notamment leur teaser dans le cadre d’appel d’offres. Le prix d’un studio est de 17 500 €.
Le maître mot est ACCOMPAGNEMENT tout au long de l’apprentissage.
Eviter les accidents
Enfin, les Serious Games poursuivent leur croissance malgré leur coût avec un prix de base de 15 000 €, dans les parcours de formation. Cela permet à Botte Fondations, filiale de Vinci, leader mondial du BTP, de former ses salariés. L’efficacité se mesure en nombre d’accidents du travail évités.
Sandrine Baslé
Sandrine Baslé est spécialiste de la relation client, du marketing et de la vente de services. Ancienne d’Ipsos et de l’Institut CSA, elle a conduit de nombreuses missions de conseil dans le cadre de changement de culture d’entreprises. Elle a été avocate puis correspondante à Londres du journal Service News. Elle est également enseignante en marketing, études de marché et communication à l’IIM (Institut d’Internet et du Multimedia) et à TBS (Toulouse Business School) et directrice associée de Qualiview conseil.