Crédit Mutuel Arkéa veut une stratégie d’IA générative accordée à ses valeurs

Maxime Havez, Chief Data Officer chez Crédit Mutuel Arkea © LRDD

Crédit Mutuel Arkéa est une entreprise à mission. La banque doit dès lors marier aujourd’hui une stratégie innovante en matière d’IA générative à des valeurs telles que la sobriété numérique et l’IA de confiance. Les experts doivent rappeler ces priorités à l’heure où les métiers s’emparent du phénomène de l’IA générative.

Tous les métiers de la banque et de l’assurance

Le groupe Crédit Mutuel Arkéa couvre tous les métiers de la banque et de l’assurance, notamment la banque de détail avec le Crédit Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest et avec une quarantaine de filiales spécialisées. Il fait partie de la Confédération nationale du Crédit Mutuel à l’instar du Crédit Mutuel Alliance fédérale.  

Un Data Office transversal identifie les cas d’usage et accompagne les équipes

Un Data Office opère pour toutes les entités de Crédit Mutuel Arkéa, tant sur l’évolution de la plateforme Data et IA que sur l’accompagnement de ses métiers. Le rôle de ce Data Office est transversal. Il identifie les cas d’usage et accompagne les équipes dans les projets liés à la valorisation des données et d’IA. Depuis 2022, cette organisation s’est dotée d’une « AI Factory » et d’un « Data Labs » pour accélérer sur ces sujets.


Ces derniers mois, Maxime Havez, Chief Data Officer chez Crédit Mutuel Arkea note un véritable changement de paradigme dans la manière dont fonctionne cette organisation. « Ces structures fonctionnaient de manière transverse. Elles allaient à la rencontre des métiers, tenaient des sessions d’acculturation, animaient des ateliers d’idéation afin de faire émerger des cas d’usage à haute valeur ajoutée, réfléchir à la manière dont l’IA pouvait aider les métiers dans leur quotidien » détaille-t-il.

Les collaborateurs se projettent plus facilement sur les apports de l’IA

L’arrivée de ChatGPT change la donne. « Avec ChatGPT et l’émergence de solutions d’IA génératives grand-public, tous les collaborateurs qui les utilisent au quotidien se projettent beaucoup plus facilement sur les apports que peuvent présenter ces outils dans leurs métiers » constate-t-il.

« Les fonctions support, le service relation client, tout le monde est impacté et embarqué dans cette transformation »

Désormais, les employés sont en attente de solutions de la part des « AI Factory » et autres « Data Labs » et demandent à bénéficier des capacités d’IA génératives dans leurs tâches au quotidien. Pour le Chief Data Officer, ce changement a une vertu, rendre le sponsorship des projets d’IA beaucoup plus naturel auprès des métiers. « Les fonctions support, le service relation client, tout le monde est impacté et embarqué dans cette transformation » relève-t-il.

« Lorsqu’on mène des ateliers avec eux, cette acculturation à l’IA générative a permis de donner un coup de boost à ces projets même si au final ce n’est pas l’IA générative qui est la solution la plus adaptée, mais des algorithmes d’IA beaucoup plus classiques » se réjouit-il. Tout l’enjeu de Crédit Mutuel Arkéa est désormais de mettre en phase toutes ces initiatives métiers avec la vision de l’organisation vis-à-vis de la Data et de l’IA.

Une IA maîtrisée, sobre et la plus souveraine possible

En effet, en tant qu’entreprise avec une raison d’être depuis 2019 et entreprise à mission depuis 2022, la banque a positionné la Data et l’IA responsable au cœur de son plan stratégique. « Notre conviction était de développer une IA maîtrisée, sobre et la plus souveraine possible. Cela va avoir un impact dans la façon dont on va la déployer. »

« En 2023, nous avons publié en Open Source un modèle Bloom dont nous avons réalisé le Fine Tuning et spécialisé en français« 

Illustration de cette volonté, Crédit Mutuel Arkéa a obtenu la certification IA de confiance par le Laboratoire nationale métrologie et d’essais (LNE) récemment sur des dispositifs post-IA générative. En parallèle, la banque s’est engagée dans des travaux de R&D pour implémenter ses valeurs dans les algorithmes qu’elle met en œuvre. « En 2023, nous avons publié en Open Source un modèle Bloom dont nous avons réalisé le Fine Tuning et spécialisé en français » rappelle le Chief Data Officer.

Cette démarche a amélioré la connaissance pratique des équipes d’Arkéa sur les LLM et la puissance de calcul nécessaire. « Cela nous a permis de toucher du doigt les enjeux très concrets liés à la sobriété des LLM.  Nous avons clairement pu constater les différences de puissance des GPU nécessaires pour faire de l’inférence de modèles Open Source standard et pour un modèle fine-tuné » dit-il.

L’usage de l’IA passe par les métiers sensibilisés

Maxime Havez fait le constat que l’utilisation de l’IA dans les organisations ne passe plus uniquement par le biais des experts d’une AI Factory, mais aussi par des métiers qui ne sont pas sensibilisés aux clés de lecture qui doivent dicter l’implémentation des IA. « Il n’est pas obligatoire d’être un expert de l’IA pour se soucier des aspects sobriété, propriété intellectuelle du modèle, souveraineté, etc. » pointe-t-il.

« Donner ces clés de lecture aux métiers, c’est aussi être cohérent en termes de stratégie globale »

« Donner ces clés de lecture aux métiers, c’est aussi être cohérent en termes de stratégie globale. En tant qu’entreprise à mission avec des enjeux de sobriété numérique, sur l’IA nous devons suivre ces clés de lecture » insiste-t-il. Le Chief Data Officer ajoute que le dynamisme du marché de l’IA générative et la concurrence accrue entre les GAFAM rend le coût des services de GenAI peu élevé.

« Il est parfois plus coûteux de vouloir déployer soi-même une solution Open Source, voire même un développement interne. Pour autant, en matière de sobriété, quel est l’impact de ces solutions sur le moyen et le long terme ? » interroge-t-il.

Le regard des experts est nécessaire

Les processus de déploiement des IA dans les différents produits du groupe ont été modifiés afin qu’il y ait un regard de ces experts qui sont ceux qui, aujourd’hui, ont la meilleure compréhension des enjeux et le choix sous-jacent des modèles qui seront retenus. « Il faut être cohérent entre le déploiement des IA après des métiers et la stratégie globale du groupe » résume Maxime Havez.

Ce jeune Chief Data Officer se montre un partisan enthousiaste des approches Open Source et apprécie le leadership dans l’IA de Yann Lecun, expert français reconnu du domaine. En termes de déploiement de ses modèles d’IA, Arkéa fait appel au Cloud de Google sécurisé par des certificats numériques délivrés par Thalès.

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