Est-il vrai qu’il n’y a pas assez de femmes dans les technologies, et en particulier en informatique ? Faut-il remédier à cela et comment s’y prendre ? C’est à ces 3 questions que répond de manière parfois surprenante Isabelle Vitali, la directrice du centre d’innovation digitale de Sanofi qui fait passer son message en souriant et avec beaucoup de bonne humeur. Elle a pris la parole à l’occasion de l’événement sur l’égalité organisé par le magazine Marie-Claire, le 1er octobre.
Des quotas aux postes de management et dans la tech
Pour la responsable il faut fixer des quotas de femmes dans les équipes, à la fois en tech et dans les postes de management. Il faut parler aux femmes du sens de ce qu’elles font et les mettre en responsabilité sur ces enjeux , notamment sur l’éthique. Et former les collaboratrices de Sanofi à la « tech » d’entreprise.
« Nous avons 27% de femmes dans nos équipes informatiques, je trouvais que c’était peu, il paraît que c’est bien«
Faut-il changer cela ? Oui pour la responsable qui pointe que la présence de femmes est un élément d’autant plus important quand on travaille sur les sujets de la santé comme c’est le cas chez Sanofi. « Nous ne pouvons pas imaginer la préparation de la santé du futur, sans l’implication des femmes » martèle-t-elle. Comment changer cette situation ? La réponse est claire pour Isabelle Vitali : il faut des quotas. « La mesure qui me paraît la plus efficace à l’heure de la Data, c’est aussi fixer des quotas. Parce qu’à un moment donné, il faut compter, si on veut progresser, si on veut accélérer, il faut compter » tranche-t-elle. « Nous avons 27% de femmes dans nos équipes IT et on a un objectif d’augmenter, de passer à 50%, la parité en 2025 » annonce-t-elle.
Les femmes doivent être à la tête des décisions dans la tech
Chez Sanofi l’enjeu concerne également la place des femmes dans la hiérarchie du groupe. « Ce que je crois sur les sujets de la technologie, c’est qu’il faut à un moment donné que les femmes soient présentes mais qu’elles soient aussi à la tête des décisions » dit-elle, et qu’elles ne soient pas simplement utilisées comme un « rôle modèle » pour monter sur scène, faire part de leur expérience, et être source d’inspiration sans prendre de décisions, prévient-elle. « Pour ce faire, il faut compter, il faut fixer des quotas. Il faut aussi avoir la transparence de partager ces quotas » ajoute-t-elle. On peut noter que cette transparence sur les quotas n’est pas défendue par tous les responsables RH.
« Il faut mettre en place des plans d’action, suivre ces chiffres, voir leur évolution et mettre en place des ajustements si nécessaires »
Elle indique que l’important c’est que le changement se passe dans l’ensemble de l’organisation et aussi dans la « tech ». « Il ne faut pas que l’on se retrouve avec des pourcentages plus élevés dans des fonctions dites support, où on retrouve c’est vrai plus de femmes, sans que ce soit péjoratif. Il nous faut pousser ces sujets là sur l’ensemble des structures et en particulier le sujet de la tech » reprend-elle.
Donner du sens pour garder les femmes dans les équipes
Une fois ces dispositions prises, la situation n’est pas gagnée pour autant car il faut garder les femmes dans les équipes de la « tech ». « La question qui se pose de garder les femmes dans les équipes, c’est une question que je me pose chaque jour. Je me suis rendue compte qu’il faut donner du sens » explique-t-elle. Quand elle souhaite attirer de jeunes talents, des ingénieurs femmes, ou garder des collaboratrices dans ses équipes, elle constate « presque malheureusement » que si elle parle de codage ou de développement, elle a beaucoup plus de difficultés à les garder, que si elle parle du sens.
« Le sens c’est que nous allons fabriquer la santé de demain, que ce que nous faisons va apporter de la valeur au patient »
Elle considère par ailleurs que Sanofi doit former et éduquer ses collaborateurs. « Nous avons un rôle d’éducation, de continuer à éduquer les collaborateurs et les former à plusieurs niveaux. Il faut former les femmes à l’audace, qu’elles acceptent de se tromper, de prendre des risques, de ne pas chercher à être parfaites » décrit-elle. Elle mentionne le programme Elevate de Sanofi, qui sert à identifier les futures femmes leaders du groupe et à les former. Il y en a 100 qui ont été formées cette année. Cela indépendamment de la « tech », et ensuite il y a la formation à la « tech » elle-même.
Former ses employées à la tech est une responsabilité de Sanofi
« On est parfois surpris dans des équipes de voir à quel point les gens sont habiles avec des outils qu’ils utilisent au quotidien dans leur vie personnelle, et complètement perdus sur les outils techs qu’ils utilisent dans leur vie professionnelle. Comme si c’était complètement scindé. il faut former les gens et les éduquer. Et il faut changer nos façons de former, il faut mettre les gens dans l’expérience, que la personne expérimente ce qu’est la tech, ce qu’elle lui apporte, ce qu’il a à y gagner » pense-t-elle.
« Nous croyons beaucoup à l’éthique by design. C’est une approche éthique forte, où la recherche des biais est faite de façon systématique »
Le centre d’innovation digitale sert à identifier et développer des solutions digitales qui vont s’appuyer sur les nouvelles technologies, la data, l’intelligence artificielle. Il travaille beaucoup sur les sujets de télémédecine et de téléconsultation, pour développer des solutions qui vont apporter de la valeur au patient, en particulier sur les aires thérapeutiques sur lesquelles Sanofi intervient. Il travaille aussi en co-développement avec les startups.
Comment avoir des femmes dans le bâtiment ? « Il faut fixer des quotas dans l’entreprise » répond-on chez XXX
Tiens c’est marrant, aucune femme ne se bat pour ça…
Mais si. Dans le bâtiment aussi. Les ingénieures dans le bâtiment adorent leur métier et le font savoir.