Amundi, gérant d’actifs financiers, veut alléger ses tâches rébarbatives grâce à l’IA générative

Guillaume Lesage, Chief Operating Officer d’Amundi, 22 octobre

L’usage de l’IA générative peut vraiment simplifier la vie des professionnels dans la gestion d’actifs financiers. C’est l’opinion de Guillaume Lesage, Chief Operating Officer d’Amundi, huitième acteur mondial de l’Asset management et qui emploie 5000 personnes.

Répondre aux appels d’offres et vérifier la conformité réglementaire


Des cas d’usage sont mis en œuvre pour répondre aux appels d’offre et vérifier la conformité réglementaire d’un document marketing. Mieux, Amundi intègre l’IA générative de Microsoft dans sa suite logicielle Alto, destinée aux gestionnaires d’actifs, et envisage de commercialiser ses fonctions et ses cas d’usage d’IA générative.

« Aujourd’hui, quand on doit gérer des connaissances dans l’Asset management, on est à l’âge de pierre »

« Le vrai sujet de l’intelligence artificielle dans la gestion d’actifs, c’est la gestion des données non-structurées, c’est-à-dire la base de connaissances » présente-t-il. La situation actuelle n’est pas brillante. « Aujourd’hui, quand on doit gérer des connaissances dans l’Asset management, on est à l’âge de pierre. C’est-à-dire qu’on reçoit un document, on le traduit, on le refait, etc. Et on le fait aujourd’hui à la main » déplore-t-il.

Les progrès potentiels sont énormes. « C’est là-dessus que je vois les plus grandes transformations dans les années qui viennent, c’est-à-dire comment produire des documents marketing rapidement, comment faire de la traduction, mais avec des bons glossaires, comment répondre à des appels d’offres Tout ça, aujourd’hui, on n’est pas bons » dit-il.

Un appel d’offres c’est « pire que l’huile de ricin« 

Les tâches doivent être plus simples à réaliser à l’heure où les réglementations s’accumulent. Des cas d’usage doivent être mis en place pour cela. Amundi annonce avoir fait émerger 88 cas d’usage à ce jour. Plusieurs sont mis en production. « Il y en a un assez classique, sur la réponse aux appels d’offres. Répondre à un appel d’offres, c’est pire que l’huile de ricin » glisse Guillaume Lesage.

« Un outil est en train d’être déployé. Il répond à 85% des questions. Il reste 15% à faire vraiment nous-mêmes »

Répondre à un appel d’offres demande de répondre à 300 questions, des questions qui changent un petit peu à chaque fois, de quoi occuper les équipes d’Amundi alors que finalement, ces appels d’offre demandent la même chose, explique-t-il, par exemple sur la stratégie ESG d’Amundi. « Vous avez des gens qui répondent à 300 questions, dont 30 qui sont vraiment importantes pour répondre à l’institutionnel » poursuit-il. C’est là que l’IA donne un coup de main. « On a mis en place un outil, il est en train d’être déployé, il répond à 85% des questions aujourd’hui. Il reste 15% à faire vraiment nous-mêmes » se félicite-t-il.

Un deuxième cas d’usage concerne la conformité marketing, la « compliance » marketing. « L’outil prend un document marketing sur des fonds et il le compare avec les règles de conformité. Nous avons 20 règles de conformité ou 20 macro règles et les prospectus des fonds » décrit-il. Un prospectus de fond est un document de 250 pages. « Vous êtes censé aller à la main, vous assurer que page 12 du slide, c’est cohérent avec tout le prospectus » explique-t-il. L’outil détecte les incohérences. « L’outil vous dit que la page 12 du slide est incohérente avec la page 149 du prospectus et la raison pour laquelle c’est incohérent » présente-t-il.  

L’IA générative donne trois types de réponse

Il décrit le fonctionnement qui délivre trois types de réponses. « Je l’ai vu tourner, ça marche vraiment. L’IA vous dit: ‘C’est faux’. Des fois, elle dit: ‘Je ne suis pas sûre, mais ça ne me semble pas juste’. Et d’autres fois, elle vous dit: ‘En fait, c’est vrai, mais vous exagérez dans votre document marketing par rapport à ce qui est écrit sur l’ESG. Vous êtes trop positif par rapport à la manière dont vous gérez le fonds’ » détaille le responsable.

« Cela aide à former les jeunes du marketing et ça change le processus parce que c’est l’homme de marketing qui vérifie la conformité »

La personne du marketing va alors intervenir afin de changer son document jusqu’à ce qu’il passe ce contrôle automatisé de conformité. « C’est un cas d’usage juste fabuleux, évidemment en gain de temps, mais aussi en apport de compétences, car cela aide à former les jeunes du marketing et ça change le processus. Parce que c’est l’homme de marketing qui vérifie la conformité » souligne-t-il. « Voilà deux cas d’usage. Nous en avons six qui sont aujourd’hui soit en production, soit en implémentation » résume-t-il.

Afin de réussir l’introduction d’une d’une innovation comme l’IA générative, Guillaume Lesage préconise l’existence d’une infrastructure de qualité qui soit sécurisée. « Nous sommes dans des métiers à risque. Il faut évidemment travailler sans se demander si on va perdre ses données, etc. » insiste-t-il. Autre enjeu, il faut des cas d’usage, rentrer dans les métiers, qu’ils le vivent  et pas seulement réaliser un déploiement et dire « servez-vous en ». De plus, il faut une bonne gouvernance, l’implication de la Direction générale et des partenaires de bon niveau.  Amundi souligne qu’il travaille ainsi avec Microsoft dont il utilise les plateformes.

L’IA aide à faire son métier et ne vous remplace pas

Enfin, il faut bien intégrer l’humain. « L’IA vient aider à faire son métier. Ça ne vous remplace pas, ce n’est pas de l’automatisation. Là, ça aide » dit-il. De plus, comme il s’agit d’innovation, il faut embarquer les gens. « Il faut vraiment passer par l’homme » affirme-t-il. Pour cela, Amundi a fait une sorte de déploiement par vagues successives. Cela a commencé par la Direction Générale qui a été mise autour de la table, et qui a testé et joué avec l’IA générative. Ensuite, des « early adopters » ont été identifiés, et des use cases ont permis d’avoir des personnes qui utilisent un outil simple comme la traduction.

« Ils ont réalisé un outil de création de mandats. Cela a été fait sans budget, en une dizaine de jours« 

A ce stade, ce sont 800 personnes qui utilisent l’IA générative et il va y avoir un déploiement progressif.  Amundi mise également sur la culture de la créativité afin de favoriser l’émergence des bonnes idées. Il dispose d’un laboratoire d’innovation, l’Open Lab, où tout le monde peut venir et même y télé-travailler. Les personnes peuvent alors discuter avec les ingénieurs du laboratoire. « Ils ont alors réalisé un outil de création de mandats. Cela a été fait sans budget, en une dizaine de jours. Cela, c’est exactement ce que j’attends. C’est fabuleux. Il n’y a pas eu de développement informatique ou très léger. Ils l’ont fait tout seuls parce qu’ils étaient dans le lab » se réjouit-il.

Amundi évoque même la possibilité d’aller plus loin dans son travail avec Microsoft avec la possibilité de commercialiser son outil Alto, qui est une suite logicielle pour le métier de gestionnaire d’actifs financiers en y intégrant l’IA générative de Microsoft et ses cas d’usage. « Nous avons développé notre propre suite logicielle qui s’appelle Alto et on a décidé, il y a quatre ans, de la proposer à d’autres Asset managers, à des banques et des assurances. C’est une suite de cinq outils qui font toute la chaîne de l’épargne. il y a maintenant 65 clients, on est dans une quinzaine de pays. C’est vraiment un acte de développement majeur. Nos métiers sont  des métiers de technologies » présente le responsable.  

Amundi greffe l’IA générative à sa propre suite logicielle Alto destinée aux Asset Managers

Amundi a investi pour sa propre activité dans Alto et le propose à d’autres acteurs du marché. « On propose à d’autres ce qu’on sait faire en disant: on se l’applique à nous-mêmes ». L’IA générative est intégrée dans la suite logicielle. La plateforme Alto Studio inclut un ChatGPT sécurisé avec Azure, qui accède à toutes les données des structurés d’Alto, donc les données du gérant, mais aussi aux données non-structurées, la recherche, les documents marketing, etc.

Amundi voudrait commercialiser sa plateforme Alto Studio avec des cas d’usage de l’IA générative de Microsoft

« Et c’est sur cette plateforme que nous faisons les cas d’usage et que nous développons progressivement des outils » déclare Guillaume Lesage. Le souhait d’Amundi, comme il l’a fait pour tous les autres outils d’Alto, c’est de d’abord le tester pour ses propres activités donc encore jusque 2024, et sur le premier semestre 2025 et ensuite de commercialiser Alto Studio et des cas d’usage, notamment autour de tout ce qui est non structuré, pour répondre à un appel d’offres, pour du CRM ou analyser des documents marketing.

« Ce sont toutes ces choses que les gérants, les sociétés de gestion ont besoin de faire et qu’on fait aujourd’hui semi-manuellement. Je pense qu’au deuxième semestre, nous aurons des outils d’IA qui seront vendus avec Alto et on réfléchit avec, notamment, Microsoft à comment on pourrait aborder ces sujets en commun avec les plateformes de CRM de Microsoft, Microsoft Dynamics, et avec évidemment Copilot » conclut-il.

Amundi a 2 156 milliards d’euros sous gestion pour 100 millions de clients. Son ambition pour 2025 est d’accélérer sa transformation en faveur d’une transition juste. Amundi indexe la rémunération de ses principaux cadres sur des objectifs ESG (Environnement, Social et Gouvernance). Amundi veut renforcer son offre d’épargne au service du développement durable, et atteindre 20 milliards d’euros d’encours dans les fonds dits à impact.

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