Innovations dans l’alimentaire : de la livraison des courses à la fabrication de protéines


L’innovation dans l’alimentation, la Food Tech, explore de nouvelles voies. C’est ce que montre l’étude menée par l’agence DigitalFoodlab qui suit de près le secteur. Les entrepreneurs s’orientent désormais vers l’enjeu de la livraison en moins de 15 minutes des courses du quotidien, à l’instar de la startup Gorillas, alors que jusqu’alors les startups avaient ciblé la livraison de repas de restaurants avec des stars du secteur comme Deliveroo.

Un financement de 2,7 milliards d’euros de la Foodtech en Europe en 2020

L’innovation dans l’alimentation va de la fabrication alternative de protéines jusqu’au développement de « cloud kitchens », c’est-à-dire des cuisines qui sont louées à des restaurants qui ne sont présents que sur internet. L’étude cite ainsi la « cloud kitchen » du britannique Karma Kitchen fondé en 2018. En 2020, Karma Kitchen a levé 290  millions d’euros (252 millions de livres sterling). La startup crée des cuisines qu’elle loue à des restaurants présents uniquement sur internet ou à des restaurants qui utilisent des plateformes de livraison à domicile. Côté financement, le secteur de la Food Tech représente 2,7 milliards d’euros d’investissement en Europe en 2020 selon l’étude menée par DigitalFoodlab. C’est le même niveau qu’en 2019. Le quart de ce montant a été consacré à des startups françaises.

L’usage des insectes afin de créer des protéines a le vent en poupe

L’aspect le plus étonnant concerne la fabrication de protéines. En 2020,  en France, l’écosystème a été marqué par Ynsect et InnovaFeed, deux startups qui emploient des insectes afin de créer des protéines et des aliments. Ynsect a levé 372 millions de dollars en 2020 qui servent à bâtir une usine à insectes dans les Hauts de France. Depuis peu, la startup évolue vers la fabrication de farines et d’aliments pour la consommation humaine que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis à la suite de l’évolution de la réglementation.

Le marché de Ynsect était à l’origine l’alimentation des chiens et des chats de compagnie et l’aquaculture. Dans ce domaine de la fabrication de protéines, c’est la Hollande qui se distingue. L’étude cite The Protein Brewery, qui fabrique des protéines sans animal, MosaMeat et Meatable qui fabriquent de la viande de bœuf en laboratoire à partir de cellules animales, Protix qui utilise les insectes à l’instar de Ynsect ou Solynta qui développe des hybrides de pommes de terre. On note également le suédois Oatly qui a levé 220 millions de dollars en 2020, et qui prépare son introduction en bourse. Fondé en 1994, Oatly développe des laits à partir de végétaux. Au global, les startups travaillant dans la fabrication alternative de protéines pour l’alimentation humaine ont vu leurs investissements multipliés par trois, pointe DigitalFoodlab.


Ynsect utilise les insectes afin de créer des protéines

Sept modèles économiques dans la livraison des courses

La livraison des courses du quotidien draine énormément d’initiatives. L’étude dénombre sept modèles économiques. Les consommateurs peuvent passer d’un type de service à un autre, en fonction de la situation. DigitalFoodlab considère que seuls quelques-uns de ces services ont le potentiel d’avoir un réel impact sur la restructuration de la distribution alimentaire en Europe. On citera le modèle des « dark stores » de Gorillas, ou les nouveaux distributeurs tels que PicNic. PicNic a levé 350 millions d’euros en quatre ans, et développe une infrastructure pour concurrencer les distributeurs historiques. L’entreprise d’origine néerlandaise reprend le principe du « livreur de lait » avec des petits vans électriques de livraison depuis ses entrepôts et après commande sur son site e-commerce. Elle est active en Allemagne, Pays Bas et en France.

Les ‘dark stores’ deviennent une alternative aux commerçants de quartier et à la grande distribution

D’autres acteurs évoluent, à l’instar de Wolt, né en Finlande. L’entreprise a levé 720 millions d’euros et s’est fortement développée dans les pays nordiques et en Europe de l’Est. Initialement axée sur la livraison de restaurants, la startup construit désormais un réseau de « dark stores ». Il y a également Everli, qui a récolté 11 millions d’euros en 2020. Les consommateurs peuvent commander des produits dans les supermarchés voisins où des travailleurs indépendants, des shoppers, iront faire les courses avant de les livrer.

Ces startups vont affronter la concurrence de la grande distribution qui entend rester maître chez elle, à l’instar de Casino qui s’allie à Uber Eats afin d’assurer la livraison des courses en mode express en moins de 30 minutes, tandis que Carrefour s’allie avec Deliveroo à l’échelle européenne ou que Auchan multiplie les Drive piétons afin d’amener l’hyper marché en centre ville et faciliter les livraisons à domicile.



Auchan enchaîne les ouvertures de Drive Piétons en centre ville

L’informatisation du secteur à petite vitesse

En revanche, certains domaines apparaissent à la traîne en termes de financement. C’est le cas de l’informatisation du secteur ou des applications de conseil nutritionnel. L’étude relève toutefois que la startup allemande Choco a levé 60 millions de dollars pour digitaliser la relation entre les restaurants et leurs fournisseurs. L’étude cite également le français Swile (ex Lunchr) qui digitalise les tickets restaurants et qui a levé 70 millions d’euros en 2020.

Côté applications de « coaching » alimentaire, l’étude estime que le consommateur européen montre un intérêt limité à payer pour des conseils nutritionnels générés par des intelligences  artificielles. DigitalFoodlab estime qu’un nouvel écosystème d’appareils intelligents est cependant en train d’émerger, avec des startups telles que Food Marble qui analyse la digestion et Clear Karma qui analyse les menus de restaurants. Il y a enfin Nutrium, un logiciel à destination des diététiciens.

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