Les Digital natives sont un mythe. C’est ce que n’hésitent pas à affirmer deux chercheurs, Paul A. Kirschner et Pedro De Bruyckere. L’idée largement répandue que les générations nées avec le digital, les Millenials, se débrouillent mieux avec la technologie, est fausse. C’est ce que montre leur étude. L’objectif initial de l’étude est de voir comment enseigner aux étudiants à l’heure du numérique.
Une chose après l’autre
Autre mythe déconstruit par les auteurs : les jeunes seraient multitâches. Or, les auteurs montrent que les êtres humains ne savent pas réaliser deux tâches à la fois. S’ils en réalisent une, l’autre est mise en attente. Les auteurs parlent plutôt de basculement rapide entre tâches. Et l’usage de ce basculement rapide dans le domaine de l’apprentissage amène de piètres résultats.
Dès lors, les Digital natives ne se différencient pas des autres générations et les êtres humains ne savent pas travailler dans un réel mode multitâches. Ces faits doivent être intégrés pour dispenser un enseignement de qualité. Il faut mettre de côté les différences générationnelles imaginaires et les capacités cognitives inexistantes.
L’étude a été menée afin de vérifier s’il est vrai que les digital natives sont à l’aise avec la technologie juste parce qu’ils n’ont pas connu d’autre monde que celui utilisant le digital. Conclusion : dans la réalité cela n’existe pas. La capacité à travailler en multitâches n’est pas non plus vérifiée. Pour rappel, les digital natives sont nés après 1984.
Aisance apparente vis à vis des technologies
Le terme de Digital Natives a été forgé par Marc Frensky qui observait une aisance des jeunes générations vis à vis des ordinateurs, ce qu’il expliquait parce qu’ils étaient nés entourés par la technologie. Ces utilisateurs étaient également crédités de la capacité à construire leur savoir par eux-mêmes. Le fait que beaucoup de ces digital natives soient fréquemment en train d’aider leurs aînés en matière de technologies venait renforcer ce sentiment qu’ils se débrouillent mieux.
Les auteurs citent alors plusieurs études de 2005, 2007 et 2008 montrant que les jeunes nés après la date magique de 1984 n’en savent pas plus que les autres, et que lorsqu’ils savent utiliser certains outils, cela se limite aux usages de base comme l’email, le text messaging, Facebook et surfer sur internet.
Ces digital natives sont également des consommateurs passifs de l’information. Ils ne se débrouillent pas mieux pour retrouver une information. On est loin d’une différence spectaculaire avec les autres générations.
Engagement avec son environnement
Afin de laisser une chance à ce concept de Digital native, les auteurs se tournent vers les générations nées en 1994 et en 2004. Il apparaît alors que les étudiants se débrouillent très bien avec tout un ensemble d’outils, pour engager avec leur environnement, pour se divertir, mais ils ne s’en servent pas pour apprendre.
En fait, ce sont les personnes de plus de 30 ans, nées avant 1984 qui possèdent les qualités dont on crédite les digital natives. On constate également qu’en dessous de 50 ans, c’est le niveau de rémunération et d’études qui est corrélé au fait d’être à l’aise avec internet et non l’âge. Quant aux enseignants chargé de former des Digital Natives, ils sont souvent plus avancés que leurs étudiants en matière d’usage des technologies que ce soit chez eux ou en classe.