La technique est aux commandes
La domination explicite traduit une rupture dans notre capacité à absorber les changements. La phase de Jacques Ellül dans son « Système Technicien » était prémonitoire : « Un groupe humain cherche à ‘persévérer dans l’être’, n’adopte les innovations que progressivement et tend à les absorber. Or, nous avons vu que la relation s’est inversée : maintenant c’est la technique qui englobe et détermine les formes culturelles, ‘la civilisation’ ».
La domination c’est explicitement reconnaître que ce que nous voulons entreprendre nous dépasse et que nous n’y arriverons pas sans l’aide des machines. La faute à la vitesse, à l’accélération où l’Espace-temps cher à Kant fait que l’humain ne peut plus être dans la boucle pour prendre une (bonne ou mauvaise) décision.
La machine se substitue à l’homme
Une décision éthique pourra même être déléguée à des robots! C’est, par exemple, le sens des travaux du Professeur Ronald Arkin du Georgia Institute of Technology, » une des personnes impliquées dans les débats autour de la roboéthique dans le monde« .
Cela veut dire quoi? Cela veut dire que la primauté de jugement sera donnée à la machine. Ainsi ne parle-t-on plus de pouvoir de délégation mais de substitution, reconnaissant de facto la marginalisation de l’humain devenu inapte et inadapté ou, pour le moins, tutorisé!
Il y la troisième possibilité, la domination implicite. C’est ce qui peut nous arriver de pire et c’est ce qui est pourtant en marche: le couplage nano-biotechnologies. La domination implicite fait appel à une forme d’hybridation pernicieuse dans le sens où l’individu (mais peut-on encore le nommer ainsi) ne saura plus si sa décision est le fruit de sa pensée première ou celle formulée par les artefacts intégrés à son corps, à son cerveau voire à d’autres organes.